Le portage
Pour déplacer les charges qu’il ne pouvait soulever ou traîner, l’homme a cherché à les faire rouler, à réduire le poids au levage, à équilibrer les forces pour ses déplacements et pour diminuer l’effort humain.
Ainsi, en inventant des techniques, des outils et des véhicules pour le transport de charges sur de courtes ou de longues distances, il a pu faire rouler plus lourd qu’il ne pouvait porter, transporter des charges supérieures à sa force des bras, multiplier la distance de transport et réduire la fatigue.
Avec l’époque moderne, certains modes de portages ont évolué ou disparu peu à peu et à mesure qu’ont été construites les routes. Certains vont se perfectionner et des appareils nouveaux seront diffusés dans les campagnes et allégeant d’autant la peine des hommes, réduisant les temps de transport.
Le principal outil de portage humain, c’est son propre corps. Et ce sont toutes les parties du corps qui sont mises à contribution pour porter, appuyer, soulever : la main, le bras, la tête, l’épaule, le dos, la hanche.
- la main : premier outil de l’homme. Tous les objets de portage humain demandent l’utilisation des mains. Le contenu de la main est la poignée. C’est par poignées qu’on jette le grain aux volailles. C’est aussi par poignées que le semeur « jette la moisson future aux sillons ».
- le bras : à la campagne, la brassée est le prolongement naturel de la main : brassée de bois pour le feu, brassée de foin pour les chèvres, brassée de paille pour la litière des vaches et des moutons...
- la tête : porter les objets sur la tête est un procédé universel et connu depuis la haute antiquité. En Auvergne on portait parfois l’eau sur sa tête.
- l’épaule : partie du corps qui convient bien au portage. On y place aussi bien le sac de grains ou d’engrais, une pièce de bois, le fagot, une caisse de pommes ou de noix.
Quand la commune ne possédait pas de corbillard, le cercueil du défunt était alors porté à l’épaule, du village à l’église et au cimetière. Plusieurs équipes de porteurs se relayaient au cours du trajet selon la distance.
- le dos : fréquemment utilisé pour le portage. Le fardeau, retenu généralement aux épaules par des courroies, laisse aux bras leur entière liberté de mouvement.
Le paysan-vigneron sur les palhàs portait notamment sur son dos le pulvérisateur.
L’écolier mettait son sac sur son dos pour se rendre en classe, de son village à l’école communale.
- la hanche : appuyé sur la hanche et maintenu par le bras, le procédé était commode pour porter un panier, une citrouille, une bassine de grain ou de pommes de terre...
La plupart des exploitations agricoles possédaient cet appareil sommaire de transport de charge, la civière : l’embarà en prononciation locale, embalàs en langue occitane. La civière était généralement fabriquée par les paysans eux-mêmes avec des matéraiux de peu de valeur.
On employait la civière pour sortir le fumier des étables et à le transporter au tas. On l’utilisait aussi fréquemment sur les terrasses en pierres sèches du fond de vallée, les palhàs, pour monter le fumier, remonter la terre éboulée, mais aussi les pierres.
La civière servait aussi pour un autre usage très fréquent dans les fermes traditionnelles : lorsqu’on tuait le cochon. Quand l’animal avait été tué, grillé, lavé, vidé, on le plaçait dessus pour le porter à la maison où il était dépecé et cuisiné. Dans la région du Cézallier on disait que « c’était la fête à monsieur ».
Le joug était une simple planche de bois avec une échancrure au milieu pour y placer le cou. Aux extrémités on attachait une chaîne reliée à un crochet. Le joug reposait sur la nuque et les épaules du porteur (le plus souvent la femme et les enfants dans les campagnes).
Il était possible de rembourrer la partie qui appuie sur les épaules. Aux crochets, on enfilait l’anse d’un seau d’eau de 25 litres en bois.
Cet objet simple, mais très utile en milieu rural, facilitait le transport de l’eau pour la maison ou les animaux.
L’oiseau est une sorte d’auge formée de deux simples planchettes assemblées en angle droit et munie d’un double manche permettant de porter l’appareil sur les épaules. Il servait au maçon à transporter le mortier sur l’échafaudage.
L’oiseau, posé sur une sorte de trépied à hauteur d’épaule, était chargé de mortier, à l’aide de la pelle.
Le chargement effectué, le maçon allait vider le mortier dans l’auge près du mur en réfection.
L’oiseau a été replacé par des systèmes plus efficaces et moins fatiguant : le treuil, la corde et la poulie.
Leudza (prononciation locale), lega (occitan). Le traîneau à céréales tiré par une paire de boeufs, utilisé dans les champs après la moisson, servait à regrouper une quantité de gerbes nécessaires à la confection d’un pignon (gerbes regroupées en rond et en hauteur). Le contenu du traîneau était déchargé par glissement.
Lou dra di fi (prononciation locale). Le ballot, transporté à dos d’homme contenait la quantité de foin nécessaire à une paire de boeufs partant pour une journée de labour.
Tsartuïra (prononciation locale). Le tombereau est une petite charrette construite en bois, équipée de deux roues en bois ferrée avec une caisse fermée et évasée vers le haut, d’une contenance pouvant atteindre un mètre cube.
L’arrière est fermé d’une trappe mobile. Le tombereau est articulé sur les brancards et a l’avantage de basculer en arrière sans qu’il soit nécessaire de dételer l’animal. Le chargement est mis à terre, directement sans fatigue, simplement en dégageant le levier qui fixe la caisse aux brancards.
Véhicule de faible encombrement, il est tiré par un cheval ou par des boeufs. Ce moyen de transport permet de circuler dans des endroits peu accessibles.
En Auvergne, il sert couramment à transporter le fumier, le terreau, le sable, les cailloux, les pommes de terre, les pommes à cidre...
La voiteura (prononciation locale).Tirée par un cheval,cette voiture à double suspension, comportait deux places principales. Deux autres voyageurs pouvaient prendre place à l’arrière. Elle était principalement utilisée pour aller au marché , à la messe le dimanche et pour aller rendre visite à la famille. Elle comprenait un éclairage sommaire avec deux lanternes et un frein manuel à manivelle.
La voiteura (prononciation locale). Cette voiture à cheval de quatre places transportait la famille Ribeyre de Charmensac au marché de Massiac, à la foire d’Allanche, à la messe le dimanche....La carriole bien stable sur ses quatre roues dispose d’une banquette arrière repliable ce qui libérait de l’espace si besoin de transporter des marchandises.
Le char à foin tel que nous le connaissons en Auvergne est un véhicule en bois sans suspension, tracté par des animaux de trait pour les travaux des champs et le transport notamment du foin. Le corps du char se compose de deux fortes poutres de bois parallèles solidement réunies par des traverses reliées à des brancards.
Dans le char à boeufs, les brancards sont remplacés par une seule pièce de bois centrale qui fait toute la longueur : le timon. C’est ce qui était le plus fréquent dans notre région de montagne.
Les deux hautes roues du char lui donnaient moins d’adhérence au sol ce qui permettait de mieux utiliser la force de traction de l’attelage.
A la descente, le centre de gravité du chargement se déplace vers l’avant et le dos de l’animal avait une forte charge à soutenir. A la montée, c’est le contraire, le poids se porte à l’arrière. C’est pourquoi, le char à deux roues était surtout utilisé en terrain plat.
Véhicule assez courant dans nos campagnes, le chariot à échelles ou char à ridelles servait à transporter le fourrage. Il est étroit dans sa partie inférieure et évasé vers le haut. Ainsi, lorsqu’il est lourdement chargé de balles de foin la charge est pressée vers le bas et vers le milieu assurant un bon transport équilibré.
Le char possède quatre roues. Les roues avant sont généralement d’un diamètre inférieur à celui des roues arrières. Quoique moins hautes que celles de la charrette à deux roues, ces roues sont cependant construites selon les mêmes principes.
Les deux essieux portent la longe, pièce principale qui supportent les deux échelles latérales au moyen de quatre pièces de bois. Aux extrémités, les échelles sont maintenues entre elles par une poutre fixée de chaque côté par une clavette.
La longe est une forte poutre de bois qui réunit l’essieu avant à l’essieu arrière. Elle peut être percée de quelques trous permettant d’avancer ou de reculer l’essieu arrière pour allonger ou raccourcir le chariot selon les besoins.
L’essieu arrière était fixé à la longe sur laquelle reposait le fond du chariot. L’essieu avant n’était attaché à la longe que par un pivot autour duquel il pouvait tourner.
Le char à bestiaux était utilisé dans nos campagnes bien avant la bétaillère pour transporter aux marchés de Massiac et d’Allanche les veaux et les cochons élevés à la ferme. C’était un véhicule très costaud tiré par un cheval.
La caisse à petits animaux d’élevage servait au transport vers la foire ou le marché des veaux, mais aussi des cochons. Elle était chargée sur une carriole.
On l’utilisait aussi pour peser les animaux sur la bascule de Massiac et d’Allanche.
La plupart des matériels de portage utilisés dans la vie agricole possèdent des roues. La roue est constituée du moyeu, des rayons, de la jante et du bandage de fer. Son utilisation en Europe date d’au moins 5000 ans.
- Le moyeu est une pièce de bois tournée dont le palier à l’intérieur et les trous d’entrée des rayons à l’extérieur sont fraisés. A partir du 19ème siècle, les moyeux ont été le plus souvent renforcés au centre par une bague en métal. Les moyeux sont protégés des fissurations par des frettes d’épaulement.
- Les rayons coniques sont fixés sur le moyeu à l’aide de tenons.
- Les jantes sont fixées aux extrémités coniques du rayon, le plus souvent en six segments.
- Un bandage en fer étiré au feu est « tendu » sur la roue en bois. En se rétractant au refroidissement, il maintien toute la roue en bois sous tension.
- Le déport de la jante d’environ une largeur de rayon « l’écuanteur » rend les roues résistantes aux chocs latéraux, bien utile sur les chemins.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien