


Les maisons de bergers
Les burons ne sont pas les seuls bâtiments sur les estives. Implantées à flanc de montagne, des constructions de petite taille, et dont l’usage n’était pas la fabrication de la fourme Cantal, se repèrent ici et là. Il s’agit d’abris sommaires en dur, construits dans le premier tiers du 20ème siècle pour les bergers en charge de la surveillance du bétail durant l’été.

Sur les estives du versant oriental du Cézallier des maisons, appelées à tort « buron », y compris sur les cartes IGN, permettaient aux bergers, voire un couple, de rester sur place sans avoir besoin de rentrer à la ferme le soir. Ces petites vigies qui ponctuent encore le paysage sur le bord des estives du Cézallier, ne sont pas très éloignées des fermes et des hameaux sur les communes de Vèze, Molèdes, Peyrusse, Feydit/Allanche et Anzat-le-Luguet.
Suite à la transformation de l’économie pastorale traditionnelle au début du XXème siècle, la présence de maisons de bergers faisait suite à la volonté des ayant-droits des sectionnaux d’avoir sur leurs montagnes un lieu de vie pour les gardiens de leurs troupeaux. Ces maisons accompagnaient donc l’évolution de l’utilisation des montagnes à lait aux montagnes à graisse. Les constructeurs devaient obtenir diverses autorisations et respecter des procédures communales et départementales parfois très longues.
La différence avec les burons dédiés à la fabrication traditionnelle du fromage est frappante. C’est d’abord la surface relativement petite. Si l’espace habitable reste étroit, il comprend tout de même un certain confort dû à l’évolution des conditions de vie et d’hygiène du début du 20ème siècle : cheminée fonctionnelle, bonne ventilation intérieure, fenêtres à double battants diffusant une bonne clarté, entrée séparée, pour certains, espace à part avec sa porte extérieure pour le rangement, parfois un étage avec au-dessus un grenier. L’eau à proximité, obligatoire pour le permis de construire...On est loin des burons entièrement dévolus à l’activité fromagère ou le bien-être des hommes n’était pas la priorité.
Ces maisons de bergers sont une dizaine sur le Cézallier oriental et la dernière semble bien être celle qui pointe sur le communal de la Montagne du Bosberty dominant la retenue de la Sianne, terminée seulement en 1931.
Depuis la pose systématique des clôtures en fer barbelé, ces anciens lieux de vie servent aujourd’hui à ramasser les bêtes malades ou à entreposer du petit matériel. La surveillance permanente des bêtes n’étant plus nécessaire.
Maisons de bergers à la Vazèze et au Bosberty (Anzat-le-Luguet)

La maison de berger sur la montagne du Bosberty, bien sectionnal appartenant au village du même nom, est située à l’extrémité de la commune d’Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme). C’est le dernier bâtiment consacré à l’estive sur le bassin versant de la Sianne. Sa construction s’est étalée sur près de huit années (1923-1931) du fait de diverses complications dues à la faillite de l’entrepreneur de maçonnerie.
Tout avait pourtant bien commencé. Les habitants du village du Bosberty s’étaient mis d’accord pour bâtir sur une montagne appartenant à la collectivité (section communale) une petite maison à usage d’Estive pour mieux organiser le pacage de leurs bêtes durant l’été.
Le 1er septembre 1922, toutes les familles et les ayant-droits de la section du Bosberty s’engageaient officiellement à exécuter eux-mêmes ou à leur frais dans la montagne de Bosberty "tous les travaux, fouilles et transports de matériaux pour la construction d’un "buron" sectional, la recherche d’eau et l’installation de bacs abreuvoirs pour l’entretien des bêtes". Cet engagement fut visé par le maire d’Anzat-le-Luguet le 29 novembre 1922.
Les habitants signataires furent : Gabriel Soulalioux, Edoaurd Bresson, Gabriel Palut, Antoine Bresson, François Blanc, Jean Blanc, Alphonse Bresson, Jacques Pallut, Charles Laporte.
Avec l’aide de la municipalité et de l’ingénieur des eaux et forêt, ils obtinrent une belle subvention de l’Etat, somme prise sur les jeux du Pari Mutuel (18 800 francs de l’époque).
Les plans du bâtiment furent dressés par monsieur Quitard, architecte à Thiers. L’humble bâtisse ne prévoyait pas l’activité de fabrication du fromage, mais une simple habitation, bénéficiant tout de même d’un certain confort dû à l’évolution du style de vie dans le premier tiers du 20ème siècle.
Le 15 septembre 1923, monsieur Auguste Mingonnet, entrepreneur à Genelière, commune de Dauzat-sur-Vodable, soumisionne pour réaliser les travaux et obtient le chantier. Peu de temps après, celui-ci tombe malade alors que les travaux ne sont guère avancés. Il reprend épisodiquement le chantier à partir de juillet 1925 durant la bonne saison. En effet, à plus de 1200 mètres d’altitude l’hiver est précoce et long, empêchant toute construction. Mais en 1927, l’entreprise de monsieur Mingonnet fait faillite. Le chantier est arrêté, et les tracasseries administratives empêchent de trouver une solution rapide.
Le 20 octobre 1929 le Conseil Municipal constate que la construction du "buron" est toujours en souffrance. Même constat en 1930, plus de six ans après l’acceptation des travaux.
A la fin de l’année 1930 le Conseil, avec l’accord des habitants du Bosberty, décide de confier la fin du chantier à un menuisier de la commune, Pierre Gay. Le 29 mai 1931, un traité de gré à gré finalise la demande. Les travaux de finitions seront rapides. La maison fut utilisée pour la première fois durant l’été 1931, après huit ans d’attente.
Par la suite sera rajouté sur le côté une petite étable surmontée d’un grenier au toit à une pente.
La petite maison a bénéficié en 2006 d’une nouvelle couverture en bac acier...une vie prolongée pour ce petit bâtiment d’estive.
-------------
Sources : Archives Départementales du Puy-de-Dôme cote 33FI 6/25

L’abri du col de la Croix de Baptiste sur la montagne communale de Vèze n’est pas très éloigné du bourg. Il a connu une présence régulière durant l’été pendant plusieurs décennies, du 15 mai au 9 octobre jusqu’en 1971. Témoignage.
"La saison de l’Estive avait lieu à des dates immuables : du 15 mai au 9 octobre de chaque année. La Montagne communale de Vèze accueillait les vaches de tout âge : les « bourettes » (de plus d’un an), mais surtout les « bîmes » (de plus de deux ans) et quelques vaches adultes taries. Parfois s’y mêlait un taureau. Tous ces animaux étaient des « Salers » même si trois où quatre « Aubrac » se perdaient dans la masse des 200 à 300 bêtes du troupeau. Dans les années quarante, il n’y avait très peu de fils barbelés. Les limites de la Montagne étaient donc signalées par de grosses pierres, « les caïres » posées de loin en loin. Mais ces limites que nous devions respectées étaient toutefois approximatives.
Dès le 14 mai arrivaient à la Montagne d’abord les bêtes du village de Vèze, à pied comme il se doit. Les 15, 16 et 17 mai parvenaient les « étrangères » d’Aurillac, Mauriac, Maurs et même de l’Aveyron. Arrivées en train jusqu’à la gare d’Allanche elles finissaient le trajet à pied au son des clochettes et autres sonnailles.
Chaque propriétaire avait sa marque pour ses bêtes et le bâtier tenait bien à jour un carnet sur lequel il indiquait pour chacun le nom, la marque, le nombre de bêtes avec un descriptif sommaire complété par l’adresse du propriétaire.
Dès 7 heures du matin, les vaches partaient pour les « bordures » de la Montagne. Pour éviter le gaspillage de l’herbe, toute la matinée, le troupeau était ainsi maintenu le long des limites de la Montagne par deux bergers : un côté Montagne et l’autre côté bordures. Le troupeau se disposait alors en un long ruban surveillé sur les longs côtés.
A midi, les bêtes rentraient au parc jusqu’à 15 heures. Ce parc carré de cent claies, dont un côté de claies pleines, les redas, était déplacé tous les deux jours ce qui permettait la fumade. Après 15 heures, le troupeau allait paître presque en liberté surveillé par un seul berger qui évitait la dispersion des bêtes. Le matin et l’après-midi, le berger veillait à faire boire les bêtes dans les grands troncs de sapin creusés, les bachass, déposées près des sources. A la tombée de la nuit le troupeau regagnait le parc.
Le berger devait aussi veiller à l’état de santé des animaux, donner les premiers soins et prévenir les propriétaires s’il n’y avait pas d’amélioration, d’où l’importance des marques.
Le dernier batier à vivre l’Estive au buron de la Montagne de Vèze fut Marius Chazelon. De 1946 à 1971, avec sa femme, ils quittaient chaque année le hameau de Béteil pour exercer un métier qui n’était pas de tout repos. Un métier avec beaucoup de responsabilités et une réelle liberté d’initiative. A la fin de la saison le salaire forfaitaire était versé par la mairie de Vèze, propriétaire de la Montagne".
Marius Chazelon, près de la maison de berger du col de la Croix de Baptiste (Vèze), vers 1948.

Cette petite maison presque carrée (6,50x7,00m) située à l’est du hameau du même nom à 1290m d’altitude, signalée comme buron sur la carte IGN, est en fait une maison de berger servant principalement à la surveillance des troupeaux. On n’y fabriquait pas de fromage. Un bâtiment était déjà signalé à cet endroit sur le cadastre de 1838 qui précisait qu’il appartenait aux habitants de la Vazèze.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien