Les meules des moulins
Pas de moulins sans meules. C’est à la meule que le moulin doit son nom.Les meules de pierre ont été jusqu’à leur remplacement par les cylindres métalliques à la fin du XIXème siècle la seule façon de travailler le grain.
De la qualité et du bon état de la pierre meulière dépendait la qualité de la mouture des céréales.
Dans tous les anciens moulins les meules avaient leur importance. Elles étaient un élément essentiel de la fabrique.
Aujourd’hui, les meules disséminées dans toute la vallée, portent encore le témoignage de leur rôle dans les anciens moulins.
Dans les moulins traditionnels, les meules en pierre étaient un élément essentiel de l’activité meunière. Il y avait toujours deux meules l’une sur l’autre. Celle du dessous "la grisante ou la dormante" restait immobile solidement encastrée dans un cadre de bois.
Celle du dessus, "la tournante" était supportée uniquement par un pivot emmanché dans l’oeillard et qui la faisait tourner sans jamais frotter la meule du dessous.
Afin d’assurer une mouture correcte, les deux meules devaient être posée parfaitement à l’horizontale. Du bon écartement dépendait la bon fonctionnement. Il devait être réglé avec précision suivant qu’il fallait moudre du blé, du seigle ou de l’orge. Le grain pris entre les deux meules était chassé progressivement vers la périphérie par la force centrifuge, aidé par des rainures obliques régulièrement entretenues.
Beaucoup de meules traînent encore près des anciens moulins de la vallée de la Sianne.
Quand une meule était usée elle devenait lisse et perdait de son efficacité. Le meunier devait alors piquer la pierre pour refaire le rugueux de la surface, le mordant, et redessiner les sillons. Cette opération de maintenance s’appelait "le rhabillage". Le meunier utilisait un outil spécifique, la mailloche, afin de rétablir la régularité et les stries de la meule.
Au bout de quelques semaines d’utilisation le meunier devait donc piquer la pierre pour refaire les sillons de la pierre gisante et de la tournante. "On disait qu’elles commençaient à être lasse". Cette opération de maintenance était longue et minutieuse. Une meule mal repiquée pouvait provoquer un incendie et la perte du moulin.
Le rhabilleur était souvent le meunier lui-même. Ce travail long et fatigant se pratiquait à genoux, sur un vieux sac. Le meunier piquait chaque meule millimètre par millimètre avec la mailloche composée d’un manche avec une tête à deux pointes carrées en acier.
Piquer la meule ne s’improvisait pas. La technique demandait une habileté acquise au fil des années, avec le travail et l’expérience.
Les meules usagées des anciens moulins traditionnels de la vallée de la Sianne se retrouvent aujourd’hui dispersées dans les villages. Les habitants leur ont donné de nouveaux usages. On les retrouve chez des particuliers transformées en table de jardin, encastrées dans un mur, servant de couverture à une terrasse, faisant office de toiture pour un puits... Cette deuxième vie des pierres meulières offre parfois bien des surprises.
Par superstition ou par commodité, des anciennes meules ont été réutilisées comme socle de croix. Dans certaines régions françaises, notamment en Auvergne, on croyait autrefois que les meules étaient dotées de pouvoirs magiques parce qu’elles faisaient du bruit. Les chercheurs s’interrogent si c’est pour cette raison que certaines meules anciennes ont été christiannisées en maints endroits, servant de support à une croix. Plusieurs exemples dans la vallée de la Sianne.
La croix de pierre au hameau de Lussaud (Laurie), a comme socle une ancienne meule à chanvre.
La simple croix de bois dite "du mauvais pas", près du hameau de La Croze (Auriac-l’Eglise) est emmanchée dans l’oeillard d’une meule néolithique, comme la croix en fer forgé au hameau de Chazelle (Auriac-l’Eglise).
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