Les mines
La richesse du sous-sol de la vallée de la Sianne a suscité de nombreuses recherches minières d’Antimoine et d’argent au 19ème et au 20ème siècle dont on trouve encore de nombreuses traces de mines exploitées et de galeries de recherches.
Ces petites mines locales ont permis un bref développement économique de la région. De nombreux journaliers et paysans ont travaillé régulièrement ou occasionnellement dans l’une des mines à la grande époque de l’antimoine dans les pays de Blesle et de Massiac.
Pendant plus de 60 ans, des paysans devenus mineurs ont creusé le sous-sol de la vallée de la Sianne pour extraire de l’antimoine et autres minerais argentifères et aurifères. Des industriels de la métallurgie minière ont exploité des concessions ou des recherches ont été autorisées par le Service des Mines. Les anciennes mines de la vallée de la Sianne font désormais partie intégrante du patrimoine archéologique.
A la fin du 19ème siècle et dans le premier quart du XXème, les activités extractives et métallurgiques dans la vallée de la Sianne jusqu’au bord des estives ont provoqué le creusement de kilomètres de galeries et de nombreux puits. Ces travaux ont laissé des cavités et des haldes impressionnantes. Des ateliers ont été montés sur place pour le traitement des minerais (lavage, concassage, broyage...) et leur métallurgie (four de grillage, fonte, affinage..). Des usines-fonderies se sont implantées non loin de là au Babory de Blesle. Alors que l’activité minière a disparu depuis 70 ans dans ce territoire d’Auvergne, les réseaux souterrains et les bâtiments qui ont résisté au temps sont aujourd’hui les témoins des recherches acharnées de l’Antimoine et le démarrage d’exploitations qui ont marqué les paysages. Dans un contexte géologique pourtant favorable l’activité minière aurait pu assurer un développement territorial et économique de cette petite vallée isolée de Haute-Auvergne. Mais la production insuffisante, les résultats financiers précaires et les méthodes d’extraction encore trop artisanales ont empêché le développement escompté. La crise économique et les guerres en Europe ont achevé le rêve industriel.
Une exploitation minière massive mais brève
Cette histoire minière de courte durée a néanmoins transformé le visage du pays et participé à l’épopée de l’Antimoine du district Brioude-Massiac, qui fut parmi les plus dynamique de France.
Cet héritage culturel et social est à découvrir. Il s’est en effet dilué au fil des décennies. A l’abandon des exploitations, la nature a repris ses droits. Le temps a fait son oeuvre, effacé presque tous les repères matériels et accentué le processus d’oubli dans la mémoire collective du territoire. Nos fiches descriptives abondamment documentées et illustrées de documents d’archives visent a restituées cette période de l’histoire locale, celle qui a concerné un bon nombre de familles du pays qui ont eu des aïeuls paysans-mineurs.
------------------------
Les recherches effectuées par l’Association Cézallier vallée de la Sianne ont fait l’objet d’une restitution inédite à travers une exposition en 2006. Elle est toujours disponible.
Stockage du minerai d’Antimoine (Usine-fonderie, Blesle)
Une dizaine de sites ont été reconnus dans la vallée de la Sianne entre 1850 et 1920. Des travaux de recherches y furent effectués souvent par des particuliers propriétaires des terrains dans l’espoir de découvrir des filons. Ces travaux témoignent de la fièvre de l’antimoine dans cette partie reculée du Cézallier et de ses abords..
COMMUNE D’AURIAC-L’EGLISE
- Hameau du Bouchet : Une petite galerie de recherche est à la hauteur de l’embranchement de la route allant au hameau du Bouchet. La galerie est située entre la route d’Auriac-l’Eglise au hameau de Serre et le ruisseau de l’église. Brève recherche, car les minéraux étaient en fait très rares (Mispickel, Pyrite, Stibine).
- Lieu-dit Chadeire : De très vagues recherches pour l’antimoine ont été effectuées aux environs de 1907. La petite galerie se situe en bordure de la départementale du fond de vallée, à mi-chemin entre les hameaux de Chazelles et de Terret.
- Hameau de Riol : Au dessus de la route et à 200 mètres avant les premières maisons d’Auriac-l’Eglise, une galerie témoigne d’une très brèves recherche pour l’antimoine en 1907 (quelques traces de stibine seulement). Au dessus du hameau de Riol, au milieu des anciennes Palhàs, les entrées de plusieurs galeries de recherches sont aujourd’hui éboulées.
- Hameau de la Rochette : Une petite galerie est située en bordure du chemin (l’ancienne route Auriac-Massiac ) où de très petits travaux de recherche ont été effectués en 1914-1915, avec une tentative de reprise sans résultat en 1930 (traces de stibine).
COMMUNE DE LAURIE
- Lieu-dit de Soupirargues : A mi-chemin entre les hameaux d’Anliac et de Lussaud, au fond du vallon, des petits travaux de recherche ont eu lieu le long du chemin qui borde le ruisseau de Lussaud (blende et pyrites très abondantes).
COMMUNE DE VEZE
- Pont de Vèze : Dans le grand virage en épingle à cheveu, près du seul pont où la départementale franchit la Sianne, un chemin forestier longe des effleurements. Sur la rive gauche sous le confluent du ruisseau de la Gazèze, des travaux de recherche ont été effectués pour le compte du prospecteur Chassagne et les frères Lumière, les inventeur du cinématographe. La concession a été vite abandonnée en raison de la rareté du minerai. Deux galeries sont à proximité immédiate de la Sianne (chalcopyrite, mispickel).
- Tranchée de Moudet : En descendant du hameau de Moudet sur le chemin vers la Sianne, une brève recherche insignifiante a eu lieu à la fin du 19ème siècle (Mispikel très abondant).
- Affleurement de Chanusclade : Recherche qui s’est révélée sans grand intérêt à la fin du 19ème siècle (Mispikel). L’affleurement identifié se situe à 500 mètres sous la ferme de Chanusclade au bord du plateau qui domine le ravin de la Gazèze.
- L’indice de Fondeviale : -En dessous du Chailoru, la pointe basaltique en forme de volcan, des recherches ont révélé du Mispikel très abondant et du pyrite. Sans suite.
QUATRE SITES D’EXPLOITATION SUITE AUX RECHERCHES DANS LA VALLEE DE LA SIANNE
Trois sites dans la vallée de la Sianne ont fait de l’objet de travaux miniers importants : Conche (commune de Feydit-Chanet, aujourd’hui rattachée à Allanche), Fournial et le Bostberty (commune de Molèdes) et Terret (commune de Blesle).
COMMUNE DE FEYDIT-CHANET
- Conche-Bas : sur la rive droite de la Sianne, le site d’exploitation d’antimoine (stibine massive) est situé à la base de la zone boisée. Les travaux miniers ont débuté vers 1893 pour se terminer en 1918 pour une production estimée à 800 tonnes. Entrée de la galerie principale et halde encore visibles aujourd’hui.
COMMUNE DE MOLEDES
- Fournial : des travaux miniers ont eu lieu de 1912 à 1939 (Blende et pyrite abondants et galène très abondante). Entrées de galeries maçonnées et haldes encore bien visibles sur ce site assurément le plus important de la vallée de la Sianne
- Le Bosberty : Située à l’extrémité de la commune de Molèdes cette mine dont il ne reste que l’imposante cheminée et les déblais a eu une courte activité. Elle fut travaillée vers 1840 pour un filon à mipickel. Dans mémoire collective des gens du pays l’arsenic contenu dans le lavage du minerai rejeté dans le ruisseau aurait contaminé les champs et fait perdre du bétail.
COMMUNE DE BLESLE
- Terret : le site a bénéficié de recherches de minerais bien avant 1880. L’exploitation de la concession a duré une vingtaine d’années (1881-1907) pour une production d’environ 800 tonnes. Galeries éboulés, puits et nombreux restes des installations sont encore visibles.
VALLEE DE L’ALAGNON-MASSIAC
A ces quatre sites on peut ajouter la plus importante mine du secteur, Ouche, (1810-1967) dont les galeries et les imposantes installations étaient situées côté vallée de l’Allagnon. Les galeries se prolongeaient jusqu’au hameau de Chazelles dans la vallée de la Sianne (commune d’Auriac-l’Eglise).
---------------
Sources : Inventaire minéralogique de la France, Cantal 15 (BRGM, 1971)
Les moyens d’investigation au 19ème siècle étaient assez sommaires. La plupart des travaux de recherche représentaient des sondages courts, peu coûteux et mobiles, peu profonds. Ces petites galeries attaquées à la main et à la dynamite ont été très nombreuses dans la vallée de la Sianne.
Dans le but de découvrir du minerai, il fallait commencer par une recherche systématique de filons et mesurer la capacité des gisements. La reconnaissance des gisements dans la vallée de la Sianne a eu lieu en fonction de différents facteurs : l’importance du gisement estimé, la distance par rapport à une laverie existante ou à créer, la régularité de la minéralisation, les teneurs et qualité du minerai, l’allongement du filon exploitable, les réserves et les possibilités pour l’avenir.
La recherche de minerai était donc un problème difficile et aléatoire car les chercheurs la plupart amateurs étaient en face d’une minéralisation dispersée irrégulièrement dans des filons aveugles, de capacité modeste, basée au début sur un choix a priori.
A la fin du 19ème siècle, grande époque de l’Antimoine, beaucoup d’habitants des différentes communes de la vallée furent pris par la fièvre de la mine et devinrent des prospecteurs acharnés. On sait même que certains paysans sortaient spécialement après un orage pour mieux sentir le minerai d’Antimoine. Aussi, à cette époque, les moindres affleurements, même ceux situés dans des endroits isolés ou d’accès difficiles (et il y en a beaucoup dans la vallée de la Sianne), furent très vite reconnus.
Une fois l’indice découvert, les paysans-prospecteurs, soit seuls pendant les périodes hivernales creuses pour les cultures, soit avec l’aide d’un chef mineur, entreprenaient des grattages superficiels ou de petits travaux miniers de reconnaissance peu profonds sur des terrains qui leur appartenaient. La loi minière française n’interdisait pas de faire des recherches, pourvu que ce ne soit pas à l’intérieur d’un périmètre concédé. Le peu de minerai extrait était vendu à un fondeur.
Cette politique libérale du Service des Mines avait pour but à court terme d’encourager les recherches, mais a eu pour conséquence de faire disparaître bon nombre d’indices affleurants estime-t-on aujourd’hui.
Mais ces recherches d’amateurs ne pouvaient déboucher sur des exploitations sérieuses. Ces chercheurs de fortune abandonnaient très rapidement leurs travaux dès qu’ils avaient écrémé la zone minéralisée reconnue en surface. L’Antimoine, en effet, a la particularité d’être répartie de façon capricieuse, irrégulière et surtout discontinue. Il était donc impossible à ces ouvriers, dépourvus à la fois de connaissances théoriques, pratiques et de moyens financiers, de poursuivre plus avant. On considère aujourd’hui devant les vestiges de ces petits travaux qu’ils ont pour la plupart été effectués de façon maladroite mais que l’abandon rapide des travaux ne signifiait pas forcement l’épuisement des possibilités des filons.
Quand des travaux ont pris de l’ampleur, notamment sur certains sites de la vallée de la Sianne, une concession était accordée. Les premiers exploitants n’avaient le plus souvent que des connaissances minières rudimentaires, tout au plus un solide sens du filon, mais qui ne suffisait pas forcément à résoudre les problèmes. Ce manque de technicité aura été souvent la cause d’échecs.
A ces carences humaines s’ajoutaient des carences matérielles sur le plan technique et financier. Les méthodes de recherches étaient réduites à des tranchées ou à des galeries dont le percement s’effectuait à la massette. L’exhaure était aussi un gros problème en l’absence de pompe.
Le transport du minerai s’effectuait dans des conditions précaires, sur des chariots attelés à des boeufs, par des chemins difficiles jusqu’à la fonderie parfois trop éloignée du gisement. Pour pallier cet inconvénient, le minerai était enrichi sur place ce qui explique les chiffres élevés de teneurs relevés dans différents rapports spécialisés dans la première moitié du xxème siècle. Le tout-venant déjà sélectionné à l’abattage était scheidé à la main sur le carreau de l’exploitation et parfois le refus du scheidage était grillé d’une façon élémentaire dans des pots d’argile cuite pour concentrer l’antimoine contenu.
La modicité des moyens financiers engagés a toujours été un frein à l’expansion des gisements et, parfois même, une cause d’échec. A de très rares exceptions près, l’exploitation de l’Antimoine a généralement revêtu,sur le plan économique et technique, un caractère artisanal. Mais pour mieux comprendre les travaux de cette époque, il faut surtout penser que les facteurs temps, rendement, rentabilité...n’intervenaient pas de la même façon qu’aujourd’hui. C’était l’activité artisanale type qui fonctionnait avec un effectif limité d’ouvriers.
La marche des travaux avait en général un caractère sporadique comme le montre les sites de la vallée de la Sianne. Des arrêts plus ou moins fréquents étaient occasionnés par les venues d’eau, le manque de capitaux, le manque de personnel en période de récolte, la baisse du prix d’achat en fonderie.
Les efforts de mise en valeur des gisements étaient affaiblis car isolés, dispersés, concurrentiels... dans un secteur où les filons étaient de capacité modeste.
Sur les 200 filons reconnus dans le district Brioude-Massiac, seulement une trentaine ont été exploités en une centaine d’années (1830-1930) pour une production d’environ 39.000 tonnes d’Antimoine.
-----------------------
Sources : Thèse de doctorat Jean-Jacques Perichaud, BRGM (1970),« Les gisements métalliques du District d’antimoine de Brioude-Massiac ».
Pour les non spécialistes de l’activité minière, voici quelques notions de vocabulaire employées dans les mines d’hier et d’aujourd’hui. En effet, les minéralogistes comme les documents officiels ont les mêmes expressions.
Les gisements des substances minérales que l’on peut exploiter, soit à la surface de la terre, soit dans son sein, peuvent être classés, d’après leur formation géologique et leur disposition géométrique, en couches, filons et amas.
Une masse minérale est théoriquement comprise entre deux surfaces parallèles ou sensiblement telles, appelées épontes. L’éponte inférieure, c’est-à-dire la roche sur laquelle repose la couche, est le mur, celle qui la surmonte est le toit.
La distance entre le mur et le toit constitue la puissance de la couche.
Dans un filon, l’éponte géométriquement supérieure constitue le toit, celle inférieure est le mur ; contrairement à ce qui a lieu dans une couche, le toit et le mur d’un filon sont contemporains. Les épontes du filon ne sont pas toujours bien nettes, car les liquides ou les gaz qui ont produit le filon ont souvent altéré ces épontes. Elles sont parfois occupées par des matières argileuses provenant de leur frottement : les épontes du filon sont alors désignées sous le nom de salbandes.
LA DIRECTION ET L’INCLINAISON
L’allure de la couche est caractérisée par deux éléments, la direction et l’inclinaison, que nous allons définir en supposant la couche plane.
La direction est la ligne d’intersection de la couche avec un plan horizontal. Le même mot sert aussi à mesurer l’angle de cette droite avec la méridienne ; cette mesure se fait avec la boussole.
La direction se compte quelquefois du nord au sud par l’est, et alors elle est mesurée par un nombre compris entre 0 et 180°. Souvent aussi, elle est comptée du nord à l’est ou du nord à l’ouest, et elle est mesurée par un nombre compris entre 0 et 90°, avec la mention du sens où on la compte, par exemple : N 25° E, N 42° W.
L’inclinaison est la ligne de plus grande pente de la couche ou l’angle que cette droite fait avec sa projection horizontale et qui mesure l’angle dièdre du plan du gîte avec celui de l’horizon ; cet angle qui se mesure au moyen du clinomètre s’appelle aussi plongement ou pendage.
Certaines couches ont subi des renversements de plus de 90°, leur toit géologique est devenu le mur géométrique, et inversement.
Une galerie horizontale divise une couche en deux parties : l’amont pendage et l’aval-pendage.
LE FILON
Le mineur qui suit un filon et arrive à un endroit où il se divise, doit suivre de préférence la branche dont la direction s’éloigne le moins de celle moyenne du filon, surtout quand cette branche est située au mur. Lorsqu’on voit le filon s’éparpiller, c’est souvent l’indice qu’on est près de sa fin.
Les filons peuvent s’arrêter à une faille, si celle-ci est antérieure, ou être rejetés par elle quand elle est postérieure. En cas de remplissage utile de la faille, celle-ci devient un filon croiseur. Lorsque deux filons viennent à se croiser, une plus grande richesse se manifeste à leur intersection, ce qui peut s’expliquer aisément ; en effet, cette région a été plus disloquée et, par suite, elle a été plus facilement traversée par les liquides ou les gaz et enrichie de dépôts plus nombreux.
Certains filons se sont rouverts à diverses périodes, ce qui complique leur étude. Un filon peut passer à l’intérieur d’un autre filon. Les filons sont souvent accompagnés de filons parallèles et de filons perpendiculaires contemporains.
Quant à la composition du filon, elle varie en direction et surtout en profondeur. L’affaiblissement de la minéralisation en profondeur peut être extrêmement rapide.
Stot : partie de minerai que l’on laisse en place au cours d’une exploitation par galeries (par exemple entre deux niveaux) pour des raisons de sécurité. On peut éventuellement les reprendre en fin d’exploitation.
TRAVAUX DE RECHERCHE
Trois cas généraux peuvent se présenter au début d’une exploration.
Travers bancs : Si le gisement est dans le flanc d’un coteau et sensiblement parallèle à la vallée, on l’attaque par une galerie placée aussi bas que possible, mais néanmoins au dessus des plus hautes eaux connues ; on marche normalement à la recherche du gîte en profondeur, en montant en pente très douce pour assurer l’écoulement des eaux et faciliter la sortie des wagonnets.
Cette galerie, dite à travers bancs, permet de bien mesurer la largeur du gîte et de découvrir ceux qui lui sont parallèles.
Allongement ou direction : Le gîte, tout en étant à flanc de coteau, peut être transversal à la vallée ; dans ce cas, on l’attaque en galerie, le plus bas possible, et on marche en suivant le gisement en direction, en tenant de préférence cette galerie, dite d’allongement ou de direction, au mur qui restera plus stable que le toit lors de l’exécution des travaux. Cette galerie a l’avantage de bien explorer le gîte.
Puits incliné : Si au contraire, la disposition du gisement est telle qu’on ne puisse pas trouver, dans le voisinage, de points assez bas pour l’attaquer horizontalement, on peut employer deux moyens : l’un consiste à exécuter une fendue ou descenderie, c’est-à-dire une galerie inclinée qui devient un puits incliné, quand le pendage est absolument raide ; l’autre consiste à foncer un puits vertical qui recoupera le gîte et ceux qui lui seraient parallèles.
L’EXPLORATION DU GITE
Un fois le gîte rejoint, on l’explore par des :
galeries d’allongement situées à divers niveaux
montages les reliant entre eux et facilitant l’aérage
travers-bancs recherchant des gîtes parallèles
En suivant la couche ou le filon par une galerie de direction, on peut tomber dans une faille.
Les recherches par puits verticaux à faible section constituent les sondages.
----------------------------------
Sources : d’après A. Badoureau et P. Grangier, Les mines, Paris, 1892.
Le site minier du Bosberty dont la concession d’exploitation fut accordée en 1837 est situé aux extrémités des communes d’Anzat-le- Luguet (Puy-de-Dôme) pour le lieu d’extraction dont il ne subsiste aujourd’hui plus aucune trace, et de Molèdes (Cantal) pour la petite usine de traitement du minerai. Un site minier désormais caché par une abondante végétation.
Pour les spécialistes de l’archéologie minière, le filon présent sur le site du Bosberty contient particulièrement du Mispickel, probablement mis en place à la fin de l’ère primaire (520-225 millions d’années). On note également la présence d’un minéral assez rare le Tungtène.
Oierre Désiré Baudin, ingénieur des mines de renom, précise dans un rapport publié en 1844 que le gîte du Bosberty possède un filon principal, mais qu’il y aurait eu dans le secteur trois petits filons annexes ayant fait l’objet de grattages, mais sans poursuite d’exploitation minière et une douzaine de filons reconnus. Le filon principal serait le même que celui que l’on trouve sur la concession de Vèze plus au sud, située à trois kilomètres de là.
Les vestiges de la mine sont difficiles à trouver si l’on ne connaît pas bien le pays. Le site est désormais caché par la végétation, ce qui n’était pas le cas au premier tiers 19ème siècle lors de la fièvre minière qui s’est emparée de la région.
Les premiers travaux de recherches au Bosberty remonteraient au début des années 1830 selon les archives du BRGM (1). Une première ordonnance royale institue l’exploitation de la concession le 15 mars 1837 pour une superficie d’environ 51 hectares à Pierre Boudon, déjà propriétaire de la mine d’Antimoine « La Forge » située sur la commune d’Anzat-le-Luguet. Celui-ci cèdera ses droits au fondateur de la Société minière de Bosberty, Henry-Jules Borie, ingénieur civil des mines demeurant au Puy-en-Velay. La constitution de cette société s’est faite le 14 février 1838.
Dans son étude sur la composante métallo-minière du Bosberty, paru en 2005 dans l’Almanach de Brioude, Guy Pegère (1) apporte de précieux renseignements sur le filon du Bosberty qui fut exploité à flanc d’une ravine par quatre galeries étagées à différents niveaux. Le développement des trois galeries inférieures représenterait 260 mètres au total.
« A l’époque de la mine du Bosberty, rien ne pouvait laisser vraiment présager une exploitation prolongée. La seule façon de savoir si le sol renfermait bien les richesses qu’on comptait découvrir était d’aller en explorer les profondeurs explique le chercheur. La progression s’effectuait alors « à vue », c’est-à-dire à partir de galeries ouvertes en traçage du filon. On était dans l’impossibilité de reconnaître les structures minéralisées, leurs extensions en profondeurs ainsi que de comprendre la morphologie du gîte, autrement qu’en effectuant des travaux miniers... ». Les entrées de galeries sont désormais éboulées, on ne peut plus vérifier la qualité du filon ni avoir des informations sur les travaux d’exploitation.
---------------------------------------
1) BRGM, Archives du site régional de Clermont-Ferrand
2) Une insolite composante métallo-minière à la grandeur de la Révolution industrielle à Bosberty dans le Pays de Blesle. Almanach de Brioude, 2005. Guy Pegère, ancien membre de l’Association pour le Contact et l’Information en Archéologie Industrielle
Le site minier de 51 hectares du Bosberty était composé de deux lieux distincts : le site d’extraction proprement dit situé dans un vallon à 300 mètres au sud-ouest du hameau du Bosberty non loin des Brèches de Giniol, et l’atelier de traitement du minerai construit dans le ravin du ruisseau du Barthonnet. Une exploitation minière qui n’eu qu’un intérêt local dans un site sauvage difficilement accessible, loin des axes de communication et à près de 1200m d’altitude.
Du site d’extraction du minerai il ne subsiste qu’une petite halde de couleur jaunâtre et dénudée, conséquence plus de 150 ans après son dépôt de la corrosivité des sels arsénicaux.
A quelques dizaines de mètres au-dessus du monticule de déchets miniers se trouve le puits de la mine qui donnait accès à la galerie principale et au filon Graveyrou.
La concession d’origine qui date de 1837 aurait pu recevoir en 1842 un avis favorable d’extension si entre-temps la Société Borie et Compagnie, pétitionnaire n’était entrée en liquidation. Ces difficultés de gestion des concessionnaires se retrouvent dans toutes les mines du secteur. Après la frénésie pour les ressources minières, nombreuses sociétés minières ne furent que des miroirs aux alouettes. Il y eu beaucoup de banqueroutes. La mine du Bosberty connaîtra ce destin.
Le gisement n’était pourtant pas si mauvais. Le gîte minéral était formé de Mispickel à gangue quarteuze contenu dans un filon nord-sud de 25 à 30 centimètres d’épaisseur, enclavé dans le gneis. Quatre galeries réparties sur une hauteur totale d’une soixantaine de mètres y furent creusées. Les rapports des ingénieurs des mines de 1896 précisent que dans la galerie principale le filon s’est montré très riche. Un des obstacles à l’exploitation régulière de la concession fut en fait son exiguité car « l’irrégularité des gisements métallifères en Auvergne est telle qu’une entreprise ne peut vivre qu’à condition de faire des recherches constantes de divers côtés, sur divers filons...
Et concernant l’Arsenic la mine pouvait « être parfaitement viable si les droits de douane sur l’acide arsénieux allemand étaient maintenus... » Mais finalement ce sont les difficultés de transport dans une région à 1200 mètres d’altitude et à 15 kilomètres de la voie ferrée à Blesle et les avis négatifs d’extension de la concession qui ne dépassait pas 51 hectares qui mettront fin à l’activité du site en 1851.
L’autre difficulté de taille faut que dans cette région d’altitude, très froide et enneigée, période de l’année où les conditions d’existence étaient si rudes les travaux de la mine et le fonctionnement de l’usine furent certainement quasiment impossible.
Rachetée en 1898 aux Domaines par Monsieur Lassalle industriel de Montluçon celui-ci repris les travaux qui occupèrent en 1902 18 ouvriers. En 1914 monsieur Lassalle meurt insolvable. Ses héritiers renonceront à la concession. Il faudra attendre 1960 pour que la concession du Bosberty soit définitivement annulée.
Aujourd’hui sont encore visibles la halde et l’entrée du puits principal autour duquel subsistent des éléments métalliques dont la lourde embase de fonte de l’ancien treuil.
L’atelier de traitement du minerai
En 1838 a été construit l’atelier de traitement dans le ravin sur la rive droite du ruisseau du Barthonnet, commune de Molèdes. L’objectif de départ était de faire le maximum de travaux sur place avant l’expédition. Complètement arrêtés entre 1841 et 1845 le traitement du minerai reprendra mais transféré à Brassac-les-Mines.L’usine devint un simple atelier de bocardage.
L’étude des ruines laisse deviner le complexe d’exploitation construit en pierre et qui se composait d’un seul bâtiment d’une soixantaine de mètres carrés sur une dizaine de mètres de hauteur authentifié par une ancienne carte postale.. Le tout adossé à l’imposante cheminée. La fondation d’anciens bâtiments indiquent par ailleurs la présence de constructions annexes pour la direction et les ouvriers.
L’impressionnante cheminée
La cheminée reste l’élément le plus spectaculaire des lieux. On est surpris de découvrir en ce lieu insolite et d’accès difficile cette monumentale et impressionnant construction de 33 mètres de haut, le seul vestige désormais visible de l’atelier de traitement du minerai. Cette cheminée à pans carrés et pyramidale est très bien construite. Sa base est soigneusement composée de grosses pierres, des moellons extraites de roches gneissiques prélevées dans le secteur, équarris en gros appareil, puis soigneusement ajustés sans joint de maçonnerie. Cette vertigineuse construction comporte à mi-hauteur un linteau de maçonnerie qui renforce sa stabilité dans sa verticalité. 150 ans après sa construction malgré son fléchissement amorcé dans sa partie supérieure elle garde toute sa solidité et étonne encore en surplombant de plusieurs mètres la cime des arbres.
La fonderie
Isolée dans la montagne du Cézallier la concession impliquait une installation sur place pour le concassage du minerai et sa transformation.
L’atelier de traitement du minerai arsenical a été implanté à 200 mètres du site d’extraction, sur un replat longeant le ruisseau du Barthonnet, à l’endroit même où fonctionnait antérieurement le petit moulin à seigle ’le Moulin Venot ».
Une conduite forcée, peut-être celle de l’ancien moulin, amenait l’eau à la fonderie et permettait d’actionner une roue à palette pour le fonctionnement de la machine à écraser le minerai avant sa fonte (le bocard), et le soufflet des fours pour la fusion.
Cette fonderie totalement disparue comportait selon les archives deux fours pour le grillage et deux pour la purification qui provoquait la distillation de l’acide Arsénieux et sa transformation à l’état solide. C’est en tout cas ce que présentait le livret publicitaire remis aux actionnaires de la mine en 1838.
---------------------------
Sources :
- BRGM, Archives du site régional de Clermont-Ferrand
- Une insolite composante métallo-minière à la grandeur de la Révolution industrielle à Bosberty dans le Pays de Blesle. Almanach de Brioude, 2005. Guy Pegère, ancien membre de l’Association pour le Contact et l’Information en Archéologie Industrielle
Des premiers travaux de recherches en 1834 à l’annulation de la concession en 1960, le site minier d’arsenic argentifère et aurifère du Bosberty connaîtra bien des difficultés malgré ses importants filons et ses propriétaires aventureux. Une histoire de plus de 125 ans au cœur du massif du Cézallier.
1834 : premiers travaux de recherches suite à la découverte de filons arsenifères dans le secteur du hameau du Bosberty aux limites des départements du Puy-de-Dôme et du Cantal.
Durant trois ans, trois mille quintaux de minerais d’Arsenic seront extrait démontrant une certaine rentabilité du gisement du Bosberty.
1837 : le 15 mars, Ordonnance Royale instituant la concession du Bosberty pour trois années des quatre filons constatés d’arsenic argentifère et aurifère.
Le filon principal et trois filons annexes dits de Graveyroux, de l’usine et de Vins-Haut. L’ordonnance fixe la superficie à 51 hectares, accordée à monsieur Pierre Boudon déjà concessionnaire de la mine d’Antimoine de « La Forge » d’une importante étendue de 641 hectares sur la commune d’Anzat-le-Luguet et de Lubihac de 810 hectares en Haute-Loire.
1838 : le 14 février Pierre Boudon cède ses droits d’exploitation à la Société des Mines du Bosberty constituée par monsieur Henri-Jules Borie, ingénieur civil des Mines qui inventera par la suite les toits terrasses des immeubles. Le siège de la Société est 12 place de la Bourse à Paris. Monsieur Borie établit en même temps une usine à Brassac (Haute-Loire) pour le blanchissage de l’Arsenic.
1839 : construction d’un atelier de traitement du minerai et d’une cheminée de 33 mètres de hauteur dans le vallon du ruisseau du Barthonnet sur la rive droite cadastrée sur Molèdes.
1840 : La Société des Mines du Bosberty entre en liquidation. Les créanciers pillent les bâtiments de l’usine de traitement du minerai.
1841-1845 : plus aucune activité n’a lieu sur la concession
1842 : le concessionnaire constate l’insuffisance du minerai qui ne permet pas la rentabilité des travaux.
1844 : le Service des Mines après enquête fait état de douze filons reconnus dans le secteur du Bosberty.
1845 : monsieur Ernest Brière entrepreneur de Neuilly reprend la concession minière et fait exécuter quelques travaux de recherches. Il reprend également l’usine métallurgique de Brassac et la mine d’Espeluche.Les travaux ne dureront que quelques mois.
1851 : la concession est de nouveau ni explorée ni inexploitée.
1895 : les héritiers de monsieur Brière sont déchus de leur concession pour inexploitation continue de la mine du Bosberty.
1896 : le 30 juin, adjudication infructueuse de la concession du Bosberty à la Préfecture du Puy-de-Dôme malgré une importante publicité dans les journaux régionaux du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme.
1898 : le 30 juillet monsieur Théodore Lassalle, industriel à Montluçon rachète pour deux cents francs aux Domaines la concession.
1900 : monsieur Théodore Lassalle demande une extension de la concession après avoir été mis en demeure par le Service des Mines de reprendre les travaux de dépilages au Bosberty.
1901 : le 31 mai, un arrêté préfectoral met en demeure le propriétaire de la mine de remettre en activité l’exploitation du site. Le 9 juin, monsieur Lassalle annonce qu’il a repris les travaux.
Un décret du 19 décembre institue au profit d’Auguste Lumière et Max de Lagrevol, la concession voisine de Mispickel de Vèze située sur le prolongement méridional du filon du Bosberty et par le fait même rejette la demande d’extension de la concession du Bosberty faite par monsieur Lassalle malgré la note favorable de l’ingénieur des mines au projet d’extension de 405 hectares.
1902 : travaux de dépilages entrepris par la Société Générale d’extraction de l’or pour laquelle monsieur Lassalle a amodié moyennant une redevance périodique. Les travaux consistent en une galerie d’avancement de 70mètres de longueur et d’un puits en fonçage profond de 12 mètres. Les travaux occupent alors 18 ouvriers mineurs attestés par une visite sur place d’un contrôleur du Service des Mines. Le dépilage donnera 100 tonnes de minerais à 4% de teneur.
Une note du ministère indique le 31 mars qu’il n’y a plus lieu de poursuivre une procédure de déchéance.
1914 : monsieur Lassalle meurt insolvable. Ses héritiers renoncent à la concession. Le tribunal de 1ère Instance de Montluçon déclare la concession vacante et nomme un curateur pour administrer la mine et assurer sa conservation.
1929 : le 19 janvier, arrêté ministériel de déchéance. Le 21 octobre, mise en adjudication publique à la Préfecture du Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrand. Sans acquéreur.
1930 : la concession minière du Bosberty tombe dans l’oubli.
1960 : le 12 janvier la concession du Bosberty est définitivement annulée. Fin d’une épopée locale. Selon la loi minière en principe le site redevient libre à la recherche. Depuis, le site attire régulièrement des amateurs de minéraux.
-----------------
Sources : Archives du BRGM, Clermont-Ferrand
Sur la rive droite de la Sianne, le site d’exploitation de la mine d’antimoine (stibine massive) était implanté à la base d’une zone boisée. Les travaux de recherches ont démarré en 1887. Débuté vers 1893 l’exploitation de la concession a pris fin définitivement en 1919 pour une production estimée à 800 tonnes. Galerie, carreau de la mine et halde sont encore visibles aujourd’hui.
Carreau de la mine. Seule photo connue du site minier (vers 1910)
Le sol de la mine d’antimoine de Conche en plein coeur de la vallée de la Sianne était formé de gneiss partiellement recouvert de basalte, et profondément raviné du nord-ouest au sud-est par la rivière. Le filon de sulfure d’antimoine avait été reconnu sous le nom du « Père Lachaise » entre la petite chapelle romane de Chanet et le hameau de Conche-bas par les travaux de recherches de monsieur Emmanuel Chatillon en 1887. Ce filon déclaré important, enclavé dans le gneiss contenait un remplissage de quartz et sulfure d’antimoine intimement mélangés, fournissant un minerai de basse et moyenne teneur estimé en 1891 être capable de donner 6 à 20% de métal.
Des bandes verticales stériles de roche divisaient parfois le filon en plusieurs veines au milieu desquelles se rencontraient d’assez nombreuses géodes incrustées de sulfure d’antimoine cristallisée en aiguille. L’épaisseur des parties minéralisées était en moyenne de quarante centimètres mais qui par endroits était quatre fois supérieure. Bref un assez bon filon laissant présager une belle exploitation pour le propriétaire des usines d’antimoine de Blesle.
Les travaux avaient été ouverts à flanc de côte sur le versant sud-ouest de la vallée de la Sianne. Ils constituaient au début en quatre galeries de 65 à 425 mètres de longueur.
L’exploitation de la concession de Conche s’est située à une période technique charnière. Dans le rapport de l’ingénieur des mines en 1891, celui-ci déclarait que le « gîte de Conche entrait dans la catégorie des mines à grosse production mais à faible teneur de minerai exploitable ».
Un bornage particulièrement minutieux
Le 20 avril 1893 lorsque le décret institue officiellement la concession minière d’antimoine de Conches à monsieur Emmanuel Chatillon un arrêté du Sous-Préfet de Murat daté du 11 août 1893 précise alors que le concessionnaire doit dans un délais de trois mois procéder au bornage de la concession et indique précisément certaines modalités d’exécution.
Ainsi, une borne devra être plantée à chacun des sommets du périmètre ainsi qu’au point H situé à l’angle sud-ouest de la chapelle de Chanet. Les bornes seront en pierre dure et auront un minimum une section de quatre décimètres carrés et une hauteur de 0,80 mètres dont la moitié sera enterrée. Elles porteront en lettre les noms de la concession ou la lettre initiale de ce nom. Les bornes seront plantées en présence de l’ingénieur des mines après vérification de leur emplacement. Les maires de Chanet et de Molèdes en seront informés.
------------------------------------
Sources : Archives BRGM, Clermont-Ferrand
Le site minier de Conche fut l’un des plus actifs de la vallée de la Sianne malgré son implantation à 19 kilomètres de la gare de Blesle et ses accès difficiles par le fond de vallée. On doit les premières recherches à l’industriel Emmanuel Chatillon en 1887. La concession connaîtra des périodes d’inactivité. L’acte de renonciation interviendra en 1926.
3 Novembre 1887 : monsieur Emmanuel Chatillon, industriel à Brioude effectue des recherches minières et explore des terrains dans la vallée de la Sianne. Il obtient l’autorisation de faire les fouilles à Conche grâce à une convention avec les habitants du hameau de Combalut (commune d’Allanche) à qui appartiennent les terrains communaux. Ce permis est confirmé par la préfecture du Cantal.
26 avril 1889 : à l’occasion d’une demande d’un permis de vente, Monsieur Debicheret, ingénieur des mines, visite les travaux d’exploration du gîte ninier de Conche.
28 novembre 1889 : visite du site par l’Ingénieur en chef des Mines. Il constate que les travaux sont ouverts à flanc de coteau sur le versant ouest de la vallée de la Sianne dans un bois communal qui dépend du territoire de la commune de Chanet.
26 novembre 1890 : monsieur Emmanuel Chatillon sollicite une concession de mine d’antimoine, de pyrites de fer arsénicales et cuivriques et autres minerais connexes sur le territoire des communes de Vèze et Chanet. La concession embrasse une étendue superficielle de 51 hectares.
31 janvier 1891 : l’avis administratif de la préfecture du Cantal porte la demande de concession à la connaissance du public.
18 mars 1891 : le Conseil Municipal de la commune de Chanet s’oppose à la demande de concession prétextant que monsieur Emmanuel Chatillon aurait sans autorisation et sans versement d’aucune indemnité, extrait du minerai d’antimoine de plusieurs propriétés publiques ou privées de la commune. Le Conseil craignant par ailleurs que la fumée se dégageant d’une usine de traitement serait nuisible aux propriétaires du voisinage.
25 mars 1891 : monsieur Jacques Monnier, propriétaire au hameau de Conche-haut, déclare avoir cédé à monsieur Brugeyroux de Marmessac un droit de rechercher et d’exploiter les minerais contenus dans ses propriétés, lesquelles sont englobées dans la demande de concession de monsieur Chatillon.
25 avril 1891 : monsieur Annet Brandon, propriétaire au hameau de Fournial déclare qu’il a découvert et signalé en préfecture en 1888 plusieurs mines de pyrites de fer d’argentifère et autres minerais dans ses propriétés. Il demande que le périmètre des gisements visés par monsieur Chatillon soit réduit du côté Est de manière à ne pas englober ses propriétés.
20 décembre 1891 : l’ingénieur des mines, monsieur Debicheret, dans son rapport ne voit aucun obstacle a notifier à monsieur Emmanuel Chatillon le droit d’exploitation et propose que la concession lui soit accordée sous le nom de Mine de Conche. Les diverses oppositions n’ayant donné aucune suite.
20 avril 1893 : institution par Décret de la concession de Conche portant sur les communes de Chanet et Molèdes au profit de monsieur Emmanuel Chatillon. Sa superficie est de 300 hectares.
26 décembre 1893 : visite des travaux souterrains du contrôleur des mines qui rapporte que le site comprend quatre galeries d’exploitation débouchant à flan de coteau :
- la galerie N°1 a une longueur de 110 mètres. Il s’agit d’un chantier qui dépile les affleurements. Deux ouvriers sont occupés à ce chantier. Ils produisent de 6 à 7 tonnes de minerai par mois.
- la galerie N°2 située à 15 mètres en contrebas et dont les dépilages sont terminés est d’environ 100 mètres.
- la galerie N°3 est en direction et a une longueur de 200 mètres. On y accédait par une galerie en travers-blancs de 70mètres.
- la galerie N°4 est la plus longue avec 216 mètres au coeur d’un filon d’antimoine. Deux chantiers d’abattages existent dans la partie minéralisée du filon. On y travaille en deux postes. L’un occupe huit ouvriers et l’autre quatre. Ces deux chantiers fournissent en moyenne 23 tonnes de minerai par mois.
L’ingénieur des mines a été très attentif aux conditions d’aération des différentes galeries. Il explique dans son rapport que l’entrée de l’air se fait par le travers-blancs jusqu’au fond de la taille. Le chantier est aéré par diffusion et retourne par une conduite en bois dans une cheminée. En bas de la cheminée fonctionne un feu à coke (50kg par jour) pour faciliter l’aérage de l’ensemble de la mine.
Le creusement de la quatrième galerie à eu pour conséquence de mettre à sec une fontaine située sur le chemin de Conche à l’église de Chanet. Un captage de l’eau ferrugineuse a été mis en place pour l’amenée par un tuyau à une nouvelle fontaine située à l’entrée de la galerie. (source qui existe toujours).
L’ingénieur rapporte que les exploitants se donnent trois ou quatre ans pour terminer les dépilages. Pendant de temps ils se proposent de faire d’autres recherches.
La production moyenne du site de Conche est de 30 tonnes par mois de minerai, d’une teneur de 12 à 15%, traitées sur place par sublimation.
1893 : grande époque de la mine qui emploie au total 20 ouvriers : 16 mineurs, 2 rouleurs, 1 trieur et 1 menuisier. Le salaire d’un mineur est de 9,70 francs par jour, 2,50 pour les rouleurs et le trieur.
1895 : les travaux miniers à Conche sont abandonnés
Novembre 1901 : les travaux miniers reprennent sur le site de Conche.
1903 : le site de Conche n’est plus exploité. Deux ouvriers seulement assurent l’entretien des installations. Situation qui perdura jusqu’en 1921.
11 avril 1905 : Monsieur Emmanuel Chatillon cède la mine de Conche à la Minière e fonderie d’antimonio dont le siège est à Gène (Italie).
1906-1913 : le gîte de Conche a produit 756 tonnes de minerai à 13% en teneur de SB.
Mai 1909 : reprise de l’exploitation de la mine de Conche dans une partie non explorée jusque là. Mais l’extraction est insignifiante. La mine emploie seulement un maître mineur et huit ouvriers, dont deux manoeuvres
1909-1915 : la mine de Conche est inexploitée
14 août 1910 : la société est autorisée par Décret à réunir les concessions de La Licoulne, Cistrières, Lubilhac (Haute-Loire), Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme), Ouche et Conche (Cantal) Luri-Castello (Corse).
1915-1918 : durant la première guerre mondiale le gîte de Conche produit 22 tonnes de minerai à 18% en teneur de SB, ce qui est supérieur au deux autres mines en activité Lubilhac et Ouche.
1919 : la mine de Conche a cessé définitivement toute activité.
Juin 1922 : un Décret autorise la cession de la mine de Conche à la Société anonyme française Mines et fonderies d’antimoine.
12 juin 1924 : le Conseil d’Administration de la Société et Fonderie d’Antimoine (Massiac) propriétaire de la mine de Conche décide de renoncer à la concession.
20 mars 1925 : la Société des Mines et Fonderies d’Antimoine (SAMFA) demande officiellement la renonciation de la concession pour les raisons suivantes : la mine de Conche est située à grande distance de l’usine de traitement (Blesle à 19 kilomètres), la minéralisation est peu puissante, continuer l’exploitation exige de créer des maisons pour les ouvriers. En clair la Société estime que la concession de Conche n’est plus rentable économiquement.
18 mai 1926 : l’ingénieur en chef des mines de l’arrondissement de Clermont-Ferrand, malgré l’avis de l’ingénieur Brizard, est d’avis que la renonciation à la concession de Conche doit être refusée estimant que l’inexploitabilité du gisement en l’état actuel de la métallurgie de l’antimoine n’est pas prouvée.
6 décembre 1926 : acte officiel de renonciation. La concession minière de Conche n’existe plus.
La mine de plomb argentifère de Fournial est située sur la commune de Molèdes. Le filon appelé « Le filon de Colombine » qui aurait été repéré en 1880 par le meunier du moulin de Fournial affleure le flan nord de la vallée de la Sianne. Depuis cette découverte le filon a fait l’objet de nombreux travaux de recherches et d’une période d’exploitation d’une vingtaine d’années. Il s’agissait d’un filon de quartz minéralisé en sulfures de plomb, de zinc et d’argent.
Comme la plupart des filons du secteur la puissance utilisable était faible, de l’ordre de 20 centimètres. D’après les renseignements datant de l’époque des travaux à Fournial, les teneurs en plomb et en zinc étaient très faibles, de l’ordre de 5%, la teneur en arsenic étant par contre très élevée. Quant au minerai argentifère celui-ci renfermait 500g d’argent à la tonne et certaines zones allant jusqu’à 800g la tonne.
Le filon puis la concession de Fournial ont été exploités à partir de 1911 pour des travaux de recherches puis d’extraction des minerais par plusieurs société successivement, preuve de la difficulté rencontrée par les investisseurs pour rentabiliser le gîte pourtant reconnu comme important : la Société Anonyme de Recherche et d’Exploitation Aurifère, AREA (1912-1922), la Société Auxiliaire de l’Entreprise (1927), la Compagnie des Mines et Métallurgiques du Centre (1929).
Les premières installations de l’exploitation du minerai à Fournial ont été décrite par monsieur Bonneval Contrôleur des mines en 1918 : « Près des galeries écrit-il dans son rapport, il a été établi une petite usine de traitement qui comprend un four à réverbère pour le grillage du minerai, un cubilot qui donne du plomb et des scories de zinc traitées ensuite au water jacket. Les fumées du cubilot et du water jacket passent dans une chambre de condensation où elles sont recueillies au moyen de sac. Il existe en outre un moteur à gaz pauvre, une dynamo pour le courant continu, un ventilateur soufflant pour le cubilot et le water jacket, un ventilateur aspirant pour la cheminée d’appel, un concasseur, un broyeur et un moulin à boulet... ». Toutes ces machines attestent du bon équipement dès l’origine de l’exploitation minière de Fournial.
En raison du manque de technique de séparation des différents éléments du minerai le transport du minerai tout-venant était un vrai problème et fort coûteux. Alors que les procédés anciens basés sur la gravité permettaient à grand-peine à récupérer dans les concentrés 60 à 70% des métaux contenus dans un minerai, le flottage bien exécuté récupérait 95% de ces éléments. Ce procédé a radicalement transformé les conditions économiques de l’exploitation minière notamment pour des minerais pauvres d’Auvergne.
Un atelier de flottation avait donc été installé vers 1927, cette technique nouvelle permettant d’assurer sur place le traitement mécanique des minerais en vue de leur enrichissement. Cette production avait aussi l’avantage de diminuer le transport de tonnages de concentrés de galène et de blende argentifère.
Les conditions de travail étaient difficiles. Le roulage dans les galeries s’effectuait par berlines isolées et poussées à la main. Plusieurs accidents ont eu lieu notamment en 1930 qui amèneront le Service de Mines à prendre de nouvelles mesures pour mieux sauvegarder la sécurité et l’hygiène des ouvriers.
Années de prospérité
C’est en 1931 que la concession minière de Fournial a connu ses années de prospérité. Une nouvelle usine-laverie avec son atelier de flottation est construite par des sous-traitants allemands en escalier sur le versant Est de la vallée de la Sianne un peu à l’écart de l’ancienne usine située dans le ravin de la Colombine. L’effectif atteint 180 ouvriers mineurs, des gars du pays, mais aussi des Polonais. Pour héberger ses ouvriers l’entreprise aménage des logements et un dortoir dans les maisons du hameau de Fournial-bas. L’ancien moulin sert de cantine. Cette année là, la production atteint le chiffre record de 2200 tonnes de minerais traités. Pour faire fonctionner l’usine est lancée la construction par quatre ouvriers d’une ligne électrique de 7 kilomètres pour relier à Molompize la ligne Massiac-Saint-Flour. Mais cette embellie sera de courte durée. Pour finir, l’usine sera entièrement démontée pour être réinstallée à la mine de la Loubatière dans l’Aude.
Les haldes toujours visibles sur place sont abondantes alors qu’une partie a déjà été emportée par la Sianne au fil du temps. Il subsiste néanmoins une plate-forme qui s’étire jusqu’en contrebas du mur de l’ancienne usine-laverie d’environ 200m de long sur 30 m de large et 3m de hauteur. Ces haldes sont très riches en minerais (galène, blende, pyrite, sulfosels d’argent... ce qui peut encore occasionnellement polluer la rivière toute proche. Ces résidus de lavage étaient acheminés par un plan incliné sur le côté de la laverie moderne.
La plus ancienne halde du site se situe dans le ravin du Mouguvay, près des ruines de la première usine, une halde ocre au niveau de la galerie Tesseidre longue de 100 mètres par 20m de large pour une hauteur de 4 mètres. Elle est encore riche en minerai pyriteux.
De l’époque héroïque de Fournial il nous reste quelques rares photographies réalisées par un amateur éclairé du hameau la Besseyre de Molèdes avec son gros appareil à soufflet sur trépied qui montrent les installations de la première usine dans le ravin de la Colombine. Nous sont ainsi parvenues de précieuses photos de paysans-mineurs devant la forge où l’on refaisait en permanence les pioches et piolets, les outils pour casser la roche.
Ces images restituent la composition des équipes d’hommes, des paysans du pays, casquette sur la tête, sabots aux pieds, lampes à carbure à la ceinture qui duraient un poste de huit heures. Ces documents d’archives montrent également l’importance des traditions minières notamment lorsque le 28 juillet 1928 l’administration des mines de Fournial fait ériger et bénir une statue de Notre-Dame des Miracles à l’entrée de la mine en présence du Conseil d’Administration.
--------------------------------------
Water jacket : four à cuve, refroidi par une circulation d’eau dans une double paroi, utilisé notamment dans la métallurgie du cuivre et du nickel. Le water-jacket répondait parfaitement aux équipements de traitement des minerais sur le gisement même et il a été adopté d’une façon générale en quelques années par toutes les mines de France.
Four à réverbère : système où la chaleur est réfléchie (réverbérée) par la voûte du four. Dans ce type de four, le combustible est brûlé dans une chambre différente de celle des matières traitées. Ainsi, on limite les interactions indésirables entre la combustion et les matières à traiter.
Sources : J.J Perrichaud bulletin de la Société Française de Minéralogie, 1966
Archives du BRGM, Clermont-Ferrand et archives privées.
Le site minier de plomb argentifère de Fournial aura été la plus importante exploitation métallurgique de la vallée de la Sianne. Reconnue riche en minerais la concession passera en plusieurs mains jusqu’à son démantellement en 1939. Longues galeries, usine-laverie en étage imposante, production conséquente, emploi de beaucoup d’ouvriers mineurs…la mine de Fournial restera une aventure industrielle unique dans cette vallée de la Haute-Auvergne.
Paysans-mineurs devant l’entrée d’une galerie dans le ravin du Mouguvay, Fournial vers 1920. (Photo collection ACVS)
26 novembre 1880 : Monsieur Brandon, meunier au hameau de Fournial-bas déclare à la préfecture avoir découvert plusieurs filons d’antimoine dans sa propriété de Mougavay sur la commune de Molèdes et demande l’autorisation de faire des recherches.
25 octobre 1911 : monsieur Gaston Vaussard sollicite un permis de recherches pour du minerai de Mispickel et de minerais connexes sur la commune de Molèdes et s’inquiète que d’autres explorateurs viennent faire des demandes identiques à la sienne sur ses terrains.
Avril 1912 : la Société anonyme de Recherches et d’Exploitations Aurifères (AREA) effectue à Fournial des travaux de recherches sur un filon de blende et de galène. L’analyse portant sur du minerai tout venant révèle 15% de plomb et deux kilogrammes d’argent à la tonne.
27 novembre 1912 : Alfred Hache, Président d’AREA demande une concession pour le site minier de Fournial.
4 juillet 1914 : la Société AREA adresse une demande de permis de disposer des produits de ses recherches sur le gîte de Fournial. Le travail de la mine a été suspendu à la mobilisation générale. Durant toute la première guerre mondiale les installations minières ne seront pas entretenues.
20 mai 1915 : AREA fait part au directeur des Mines de Clermont-Ferrand de son impatience et souhaite connaître l’état d’instruction de sa demande de concession à Fournial. L’administration lui indique qu’en raison des évènements liés à la guerre toutes les demandes à statuer sont en sursis.
1918-1920 : Après la guerre l’activité de la mine reste très faible.
15 février 1919 : AREA demande le renouvellement du permis de vente du minerai de Fournial.
1920 : reprise de l’instruction de la demande d’AREA sous le régime de la nouvelle loi minière de septembre 1919/
1er juillet 1921 : la Société AREA demande un sursis d’instruction de son dossier pour un an afin de faire la preuve de ses capacités financières actuellement insuffisantes pour justifier l’octroi d’une concession minière à Fournial.
27 avril 1922 : la Société AREA retire sa demande de concession. Elle est acceptée par décision ministérielle le 8 mai 1922.
3 février 1927 : le liquidateur de la Société AREA accepte une demande de monsieur Poorter qui se déclare ingénieur conseil et administrateur unique de la Société Auxiliaire de l’Entreprise et qui souhaite reprendre les travaux de recherches à Fournial. Les accords passés avec la Société AREA et les propriétaires des sols sont substitués à monsieur Poorter.
1er juin 1927 : début de nouveaux travaux de recherches à Fournial qui consistent en premier lieu au déblaiement et à la remise en état des galeries creusées durant la période de la guerre par la Société AREA, et en partie éboulées.
27 octobre 1927 : un arrêté préfectoral accorde une autorisation de disposer du produit des recherches, valable jusqu’au 16 novembre 1927, à la Société Auxiliaire de l’Entreprise. L’autorisation ne concerne pas les travaux d’exploitation qui sont toujours bloqués.
Mars 1928 : la Société Auxiliatrice de l’Entreprise fait apport de ses droits et de ses recherches à la Société des Mines d’Argent de la Colombine.
1928 : la concession de la mine de Fournial est étendue à 1180 hectares.
7 février 1929 : la mine de Fournial emploie 25 ouvriers dans les galeries et 10 au jour. Depuis la reprise des travaux 280m de galeries ont été creusées ou relevées. Une ligne électrique de 7 kilomètres a été installée pour amener l’énergie nécessaire aux travaux.
1929 : un rapport de l’Inspecteur des mines précise que le stock tout venant est de 50 tonnes (concentré de plomb à 38% à 42%) et contenant jusqu’à 17 kilos d’argent à la tonne de minerai. Il indique que 59 tonnes de plomb ont été vendues sur l’ensemble de l’année.
19 novembre 1929 : les actionnaires décident de changer le nom de la Société exploitant le gîte de Fournial en Compagnie des Mines et Métallurgiques du Centre.
7 et 11 mars 1930 : deux accidents à la mine Le premier est provoqué par la chute d’un gros morceau de bois. Un ouvrier est amputé de la jambe droite. Le second est dû à l’explosion d’un culot repris au marteau perforateur. Un ouvrier perd la vue. Le Service des Mines arrête de nouvelles mesures pour mieux sauvegarder la sécurité et l’hygiène des ouvriers à Fournial.
31 mai 1930 : la Compagnie des Mines et Métallurgique du Centre obtient le permis d’exploitation du gîte de Fournial. Le Conseil Municipal de Molèdes autorise la Société à rechercher et d’extraire des minerais sur les terrains communaux moyennant une redevance quelque soit le résultat des travaux.
Le site emploie 30 ouvriers au fond et 7 au jour. Il atteindra 53 ouvriers en octobre.
1931 : le site de Fournial est au plus haut de son activité.
-Construction d’une nouvelle usine en étage qui remplace celle du ravin de la Colombine.
- L’effectif atteint 180 ouvriers dont de nombreux Polonais.
-L’entreprise aménage des logements et des dortoirs dans les maisons du hameau de Fournial-bas en contrebas de la mine.
- Le 9 septembre le Service des Mines autorise le dépilage des galeries Robert et Centrale 1 dans le but de permettre la production du tonnage nécessaire aux essais de la nouvelle usine de flottation.
- Le 18 octobre les essais de l’usine de flottation démarrent. Les bâtiments en étage comprennent des appareils de concassage pouvant passer 100 de minerai par jour et l’atelier de flottation peut traiter 100 tonnes par jour.
- La production totale de l’année 1931 est de 2200 tonnes.
1932 : construction d’un autre ateleir de flottation. L’effectif de la mine est redescendu à 130 ouvriers.
1933 : la Compagnie des Mines et Métallurgiques du Centre se propose de reprendre de nouveaux travaux de recherches autour de Fournial.
1939 : l’usine moderne à étage est entièrement démontée pour être réinstallée sur le site de la mine de zinc et de plomb de la Loubatière dans l’Aude.
Une enquête met en évidence l’importance des travaux miniers effectués sur le site de Fournial au début du XXème siècle. Le rapport signale l’existence visible de six ouvrages débouchant encore au jour, 80 ans après la fermeture du site : cinq galeries et une cheminée d’aération. Une carte nous permet de visualiser la répartition des galeries sur l’ensemble du site. Une mine d’information sur l’exploitation de la mine argentifère de Fournial
L’inventaire a été effectué en 2002 sur les anciens sites miniers du District de Massiac afin de mieux connaître les vestiges des anciens ouvrages et leurs risques éventuels. En effet, à des époques différentes, les exploitants des concessions minières ont pu creuser des ouvrages souterrains sans pour autant reporter leur emplacement sur des cartes, ou du fait que des plans ont pu être perdus. Les vestiges du site de Fournial importants.
Sources/BRGM/Géodéris
Ouvrage 1 Galerie centrale
C’est la galerie la plus visible et la mieux conservée située immédiatement en contrebas de la route départementale. Elle forme une voûte ronde en brique et parements en pierres cimentées. Elle donne accès à un réseau de plusieurs centaines de mètres de galeries et descenderies. La galerie est innondée en permanence sur 20 centimètres de hauteur. L’exhaure est de couleur rouille. L’eau est ferrugineuse avec un débit de 4 à 5 litres seconde.
Les haldes sont abondantes mais une partie a déjà été amplement emportée par la Sianne. Il en subsiste une plate-forme qui s’étire depuis l’entrée de la galerie jusqu’en contrebas de l’ancienne laverie. Elle fait environ 200 mètres sur 30 de surface sur une hauteur de trois mètres, au bord même de la Sianne.
Au niveau de la laverie, cette halde est recouverte de graviers et de boues provenant du concassage et du lavage gravimétrique du minerai.
Ouvrage 2 la poudrière
Elle est située sur la rive gauche du ruisseau de Mouguvay qui passe devant l’ancien bureau de la mine aujourd’hui transformé en maison d’habitation.
Cette entrée est située sur une halde importante, l’entrée est béante et donne accès à un travers-banc de 10 mètres qui débouche dans un traçage. Selon les plans de 1933, il s’agirait de deux courtes recoupes à droite et à gauche du travers-banc, l’ensemble formant un T.
Ouvrage 3 La galerie Tesseidre
Vue de l’entrée de la galerie Tesseidre avec le remblai de terre et de déblai poussé devant.
Une tranchée de 10 mètres de long donne accès à un front de taille en roche saine de 4 mètres de haut à la base duquel démarre un travers-banc déservant plusieurs centaines de mètres de traçages et descenderies.
Ouvrage 4 La galerie Marguerite
Située au fond du vallon de Mouguvay ce travers-banc donnait accès à un réseau de 150 mètres de traçages. Il ne subsiste de l’ancienne entrée, masquée totalement, qu’une tranchée d’accès de cinq mètres de long dont le fond est obstrué par un effondrement de terre végétale.
Ouvrage 5 cheminée de jour
La cheminée qui remontait au jour venait d’après les anciens plans d’un sous-niveau de dépilage intermédiaire entre la galerie Tesseidre et la surface. Sa dimension observable encore aujourd’hui à une section de 1,5m par 2m mais elle se rétrécit à un mètre de diamètre en aval. Elle est à-demi obstruée à huit mètres de profondeur par des troncs de hêtres jetés dedans en guise de protection.
Ouvrage 6 Galerie Robert ou Cinsous
Il s’agissait d’un traçage de 335 mètres de long. Son entrée en berge gauche du ruisseau de Mouguvay est aujourd’hui totalement masquée par des coulées de terre végétale, de boue. De cette galerie sort néanmoins une exhaure de couleur ocre d’un débit d’environ cinq litre seconde, une eau dangereuse pour la consommation humaine et l’irrigation.
Ouvrage 7 La galerie Henri
Il s’agit d’un traçage de 393 mètres de longueur, dont l’entrée est aujourd’hui totalement effondrée et masquée dans les terrains ébouleux de la berge droite du ruisseau du Mouguvay. On ne devine plus son existence que par la présence d’un lambeau de halde ocre, très riche en minerai pyriteux.
Ouvrage 8 La galerie Amédée
Il s’agit d’un traçage de 153 de long dont l’entrée subsiste encore. Elle est toutefois presque entièrement masquée par des coulées de terre végétale et de roche altérée.
Ouvrage 9 La galerie Molèdes
Cette ancienne galerie en position de traçage de six mètres de longueur n’est plus visible aujourd’hui.
Ouvrage 10 La galerie du Communal
C’est la seule galerie située en bas du versant de la rive droite de la Sianne. On y accédait à partir du pont du moulin de Fournial. Il s’agissait de deux petites attaques de galeries implantées dans une cassure. La principale galerie était longue d’environ 80 mètres. D’après les anciens plans elle se trouvait à 35 mètres au-dessus de la rivière. La galerie qui reste aujourd’hui visible est bouchée par un effondrement du toit à deux mètre de l’entrée.
Ouvrage 11 Anciens ateliers et bureaux.
L’ancien bureau au bord de la piste a été réaménagé
Des anciens ateliers de stockage ou de concassage il ne subsiste que les ruines de deux murs.
La halde du niveau Tesseidre en rive droit du ruisseau est longue de 100 mètres pour une largueur de 2omètres et haute de 4 mètres.
Sur cet emplacement se situait la première usine de traitement du minerai installée disent les archives dans le ravin de la Colombine. Il n’en subsiste rien. L’ensemble des installations a été transféré en 1931 dans la nouvelle laverie.
Ouvrage 12 la laverie moderne
Le mur de pierre qui longe la départementale est le vestige visible le plus important du site minier de Fournial, autant dire peu de chose.
-----------------------------
Etude réalisée par la Société Géoderis à la demande de la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) de la Région Auvergne. Rapport BRGM/RP652699-FR, consultable au Service ressources minérales du BRGM, 3 avenue Claude-Guillemin, 45060 Orléans. Accès réservé.
1931, La mine de Fournial est à l’apogée de son activité. L’effectif de l’exploitation atteint 180 ouvriers, dont beaucoup d’étrangers, notamment des Polonais. Une imposante laverie moderne de minerais installée par des sous-traitants allemands remplace l’ensemble des anciennes installations du ravin de la Colombine.
Complexe minier impressionnant au coeur de la vallée de la Sianne
La nouvelle usine s’étalait toute en hauteur sur quatre étages dans la pente, en escalier. On y traitait le minerai et lavait les poussières. L’eau arrivait par une conduite aérienne depuis le haut de l’usine. Sur un côté, un plan incliné permettait l’acheminement des résidus du lavage jusqu’à la grande halde de l’autre côte de la route et formant un replat devant les entrées voûtées des principales galeries du site d’extraction.
En 1939 la laverie sera entièrement démontée pour être réinstallée sur le site de la mine de zinc et de plomb de la Loubatière dans l’Aude.
On peut encore remarquer en parcourant le site, qui reste dangereux sur le versant de la montagne, des cuves, des bassins en ciment, des rigoles ou l’on procédait au lavement du minerai, des bâtis à machines. Dans la pente de la côte, ce qui correspondait aux différents étages de l’ancienne usine existent toujours les socles en béton qui portaient les concasseurs. Le mur de base qui constituait le flanc aval de l’ancienne laverie, bâti directement le long de la départementale est le seul vestige visible des constructions érigées en 1931. Le mur de pierre de taille à une longueur de 35 mètres et une hauteur de cinq mètres.
On imagine difficilement aujourd’hui l’intense activité qui régnait dans cette laverie ultra moderne avant la seconde guerre mondiale.
L’usine en cours de démontage en 1939
En 1965, le BRGM a effectué une visite sur le site minier de Fournial dans le cadre de l’inventaire des minéraux des gîtes français. Les études minéralogiques et métallographiques effectuées par les ingénieurs ont mis en évidence la présence à Fournial de nombreux minéraux dont certains sont des raretés minéralogiques.
Lors de l’inventaire, parmi les espèces minéralogiques répertoriées à Fournial certaines sont des raretés minéralogiques qui n’ont été déterminées que dans quelques rares gisements mondiaux. Ce fut par exemple la première fois qu’était signalé en France de la canfieldite et de l’argyrodite, minéraux connus seulement en Bolivie et à Freiberg dans la Saxe.
Selon l’étude de 1965 la pyrargyrite est nettement le plus abondant des minéraux d’argent découverts à Fournial et elle est parfois visible à l’oeil nu. L’examen à la loupe à permis d’en observer dans presque tous les échantillons riches en galène... » . Par ailleurs, les prélèvements plus systématiques, effectués sur les anciennes haldes de la mine, ont permis aux chercheurs de mettre en évidence une minéralisation stano-argentifère exceptionnelle.
Ces recherches attestent que le site de Fournial avait un vrai intérêt économique.
Lors de l’inventaire, parmi les espèces minéralogiques répertoriées à Fournial certaines sont des raretés minéralogiques qui n’ont été déterminées que dans quelques rares gisements mondiaux. Ce fut par exemple la première fois qu’était signalé en France de la canfieldite et de l’argyrodite, minéraux connus seulement en Bolivie et à Freiberg dans la Saxe.
Selon l’étude de 1965 la pyrargyrite est nettement le plus abondant des minéraux d’argent découverts à Fournial et elle est parfois visible à l’oeil nu. L’examen à la loupe à permis d’en observer dans presque tous les échantillons riches en galène... » . Par ailleurs, les prélèvements plus systématiques, effectués sur les anciennes haldes de la mine, ont permis aux chercheurs de mettre en évidence une minéralisation stano-argentifère exceptionnelle.
Ces recherches attestent que le site de Fournial avait un vrai intérêt économique.
Sur la rive gauche de la Sianne, sous le confluent du ruisseau de la Gazèze, des travaux de recherche ont été effectués pour le compte du prospecteur Chassagne et les frères Lumière, les inventeurs du cinématographe.La concession a été vite abandonnée en raison de la rareté du minerai. Deux galeries sont à proximité immédiate de la Sianne.
Auguste Lumière, l’inventeur du cinéma, concessionnaire de la mine du Pont de Vèze. L’information fait toujours sensation lorsqu’on évoque le petit site minier du Pont de Vèze, situé tout au fond des gorges isolées de la vallée de la Sianne.
Pourquoi le célèbre inventeur du cinématographe souhait-il exploiter un site minier dans cette région ? Auguste Lumière, industriel à Vèze ? Cette révélation a en effet de quoi surprendre. Pourquoi donc le filon de Mispickel et de fer aurifère et argentifère pouvait-il bien être utile au développement de ses inventions ?
En fait, Auguste Lumière avait énormément besoin de sels d’argent utilisés comme support photographique. Il produisait chaque année plusieurs centaines de milliers de plaques sèches. Il espérait que sa concession de Vèze lui fournirait ces substances essentielles pour ses activités en plein essor. Mais il renonça rapidement à l’exploitation du gîte de Vèze fort décevant.
La mine des frères Lumière désormais sous la végétation au fond des gorges de la Sianne
La concession de Vèze couvrait une superficie de 382 hectares octroyée par décret du 19 décembre 1901 au bénéfice de Louis Lumière et Max Lagrévol, pour une exploitation d’or, d’argent et de substances connexes. L’affaire passa ensuite dans les mains de la Société Minière et Métallurgique d’Auzon. Les frères Lumière reconnaitront n’avoir jamais entrepris d’exploitation rationnelle du gîte. La concession a été renoncée le 10 décembre 1919.
- 2 août 1898 et 4 novembre 1898 : les premières recherches de Mispickel dans le secteur du pont de Vèze font l ’objet de deux déclarations au Service des Mines.
- 7 décembre 1899 : le Service des mines vient vérifier sur le site de Vèze la réalité des travaux de recherches.
- 29 mars 1900 : monsieur Théodore Lassalle, directeur de mines à Montluçon, déclare des recherches de Mspickel sur la commune de Vèze.
- 30 octobre 1900 : monsieur Jean-Baptiste Bonnet, cultivateur à Fondevialle sur la commune de Molèdes, fait des déclarations de recherches sur la commune de Vèze, mais sans demander de constat officiel.
- 14 mai 1900 : messieurs Auguste Lumière et Max de Lagrevol introduisent une demande de concession.
- 6 août 1900 : monsieur Lassalle fait opposition à la demande d’Auguste Lumière et présente lui-même une demande partiellement concurrente en extension de sa concession de la mine du Bosberty sur le même filon.
- 5 novembre 1900 : Durant la période d’instruction de la demande de concession, Auguste Lumière et Max Lagrévol sollicitent une autorisation officielle de vente des produits des recherches minières.
- 11 février 1901 : Une décision ministérielle autorise la vente des produits miniers.
- 10 avril 1901 : le rapport de l’Ingénieur des Mines, monsieur Solente, constate que les travaux sur le gîte de Vèze consistent essentiellement en quatre galeries.
- 19 décembre 1901 : décret octroyant à Auguste Lumière la concession minière de Vèze représentant une étendue superficielle de 382 hectares et rejette par le fait la demande concurrente de monsieur Lassalle.
- 30 juin 1901 : les travaux miniers dans le périmètre concédé cessent.
- 24 février 1902 : les propriétaires de la concession remettent un rapport à l’administration des Mines réalisé par un ingénieur conseil qui décrit les dispositions à prendre pour assurer la mise en valeur du gîte de Vèze. Les galeries d’études ont représenté au total plus de 350 mètres.
- Septembre 1905 : la mine est amodiée à la Compagnie minière et métallurgique d’Auzon qui effectue un certain nombre de travaux miniers avec environ 20 ouvriers.. Une reprise éphémère durant six mois pour une production de 300 tonnes de minerais à 15% au maximum et arrêté à cause des difficultés de transport.
- 1907 : Aucun nouveau travail important ne se poursuit sur le gîte de Vèze. L’on se borne à l’entretien des travaux existants.
- 1914 : les concessionnaires n’assurent pendant la première guerre aucune activité sur le site de Vèze.
- 22 mai 1918 : un rapport de monsieur Gautier, contrôleur des mines, après une visite des vestiges des travaux existant encore sur la concession de Vèze indique l’état d’avancement des détériorations des galeries, des dangers d’éboulement et des risques potentiels des galeries accessibles par la population du secteur et des dangers que cela représente.
- 20 juin 1918 : Auguste Lumière et Max de Lagrevol font une demande de renonciation à la concession à la préfecture du Cantal. Ils indiquent qu’ils n’ont jamais entrepris une exploitation rationnelle de la concession. La demande est rejetée.
- 18 février 1919 : l’ingénieur en chef des mines constate que la concession de Vèze à été en fait inexploitée depuis son institution et que tous les travaux miniers ont eu lieu avant l’acceptation de la concession. Il mets en cause la négligence coupable des concessionnaires et propose à l’administration des mines de poursuivre la déchéance de ces concessionnaires si, après une mise en demeure ils s’obstinent à rester inactifs.
- 10 décembre 1919 : Renoncement officiel de la concession.
Photos : archives BRGM Clermont-Ferrand
Au site minier ayant appartenu aux frères Lumière de sérieuses recherches avaient été faites et les produits envisagés de l’exploitation avaient attiré les célèbres inventeurs du cinéma. La dernière étude sur le terrain fait toujours apparaître sur le site cinq galeries débouchant au jour, sites d’hibernation des chauves-souris.
Les anciennes galeries du gîte minier du Pont de Vèze furent ouvertes sur le filon principal dit "filon de Vèze ou de Chassagne". Il y avait aussi dans cette concession accordée aux frères Lumière d’autres minéralisations de même type connues sous le nom de filon de Moudet, filonnets de Vèze et filonnets du Pont de Vèze, mais elles n’ont jamais fait l’objet d’ouvrages miniers autres que des fouilles superficielles.
Dans la partie Est de la concession, le filon dit de Fontdevialle a fait l’objet seulement d’une reconnaissance par une galerie de traçage.
L’étude menée en 2004 pour le compte du BRGM à identifiée cinq galeries débouchant au jour sur l’ensemble de la concession dans le secteur du Pont de Vèze, le seul endroit de la vallée où la départementale passe au-dessus de la Sianne. Les haldes du site sont d’un volume très faible et relativement peu riches en éléments minéralisés. Les amateurs de minéraux ne retrouveront rien d’intéressant pour leurs collections.
A la fin du 20ème siècle, il était encore possible d’accéder au site à partir du pont. On remontait la rivière par un sentier muletier et l’on franchissait par une passerelle rudimentaire de rondins juste en face de la galerie de base de la mine des frères Lumière. Cette passerelle a été emportée par la grande tempête de 2000 qui a abattu de nombreux arbres aux alentours rendant le secteur toujours inaccessible.
- Galerie de Chassagne (principale)
Cette ancienne galerie de 120 mètres de long est implantée à deux mètres au-dessus du niveau de la Sianne. L’entrée béante se voit de loin. La galerie est inondée à l’entrée par 20 centimètres d’eau et de boue. Il en sort en permanence une exhaure de couleur orangé d’un débit d’environ un litre seconde. Cette eau qui se jette dans la Sianne est probablement hautement polluante, étant riche en arsenic. (Site d’hibernation des chauves-souris)
- Galerie deChassagne (B)
Ancienne galerie d’environ 80m de long en traçage dans le filon. Eboulis en cours. (Site d’hibernation des chauves-souris)
- Galerie de Chassagne (C)
Cette ancienne galerie de très faible longueur (huit mètres) et ouverte au jour laisse apparaître la roche et le minutieux travail des mineurs. Très basse et très dangereuse.
- Galerie de Gazèze (A)
Cette ancienne galerie implantée en berge gauche du ruisseau de Gazèze suivait un filon de traçage sur 90 mètres. Elle ne se signale plus aujourd’hui que par une petite halde indurée, riche en fragment ocre de minerai arsénieux et pyriteux. (Site d’hibernation des chauves-souris)
- Galerie de la Gazèze (B)
Cette galerie s’ouvre en rive droite du ruisseau de Gazèze. Il s’agissait ici d’un travers-banc de 12 mètres de long donnant accès au bout de trois mètres à un traçage se développant sur 22 mètres à gauche (sud) et 35 mètres à droite (nord).
-------------------------
Sources : Etude réalisée par la Société Géoderis à la demande de la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) de la Région Auvergne. Rapport BRGM/RP652699-FR, consultable au Service ressources minérales du BRGM, 3 avenue Claude-Guillemin, 45060 Orléans. Accès réservé.
Les premières recherches sur le site de Terret situé sur la commune de Blesle aux extrêmes limites des départements de la Haute-Loire et du Cantal, ont été effectuées bien avant 1880. Cependant les travaux importants se situent dans la période de 1881-1907. Des travaux effectués sur le filon d’antimoine il ne reste plus que les ruines des bâtiments et un important tas de déblais où s’imposent encore aujourd’hui les vieux fours de grillage et de concentration du minerai.
L’usine à régule qui a fonctionné jusqu’en 1907
La minéralisation du gîte de Terret s’est en fait exclusivement limitée à de la stibine. On estime que le site minier de Terret considéré comme un filon secondaire a produit 250 tonnes de minerais durant son activité.
Sur les recherches faites à Terret, le Service des Mines a fait trois études très détaillés, les 9 juillet 1900, le 25 mai 1905 et le 30 avril 1906. On apprend ainsi que les rapports entre les trois propriétaires, monsieur Truchot, industriel à Langeac, Jean Chassagne, maître mineur à Chazelles hameau de la commune d’Auriac-l’Eglise, et Marcel Pays de Blesle d’une part, et la grande compagnie la Société Franco-Italienne (SAMFA) ayant une emprise importante dans le district, furent compliqués. Toujours est-il que le Service des Mines n’accorda jamais la concession pour le gîte de Terret, bien que la visite sur les travaux de recherches par l’ingénieur des Mines le 1er juillet 1907 devait servir de point de départ à la demande officielle de concession. Après cette visite il estima même que l’ensemble des travaux de Terret et sur Auriac-l’Eglise un peu plus loin dans la vallée pouvant former la même concession étaient considérables. La demande des pétitionnaires pouvait donc être accueillie favorablement. Ce ne fut pas le cas. .
En effet, 29 mai 1907, monsieur Truchot, industriel à Langeac, avait demandé l’autorisation au Préfet du Cantal de disposer du minerai d’antimoine provenant de ses recherches sur le territoire de la commune d’Auriac et sollicité auprès du Préfet de la Haute-Loire un permis de vente pour des travaux nouveaux exécutés à Terret. Un premier permis de vente de minerais avait été accordé par arrêté préfectoral le 29 mai 1906.
Les recherches entreprises occupaient en 1906 quelques 10 ouvriers non compris ceux construisant cette même année les fours pour le traitement du minerai provenant exclusivement des travaux de Terret.
Un site pourtant assez riche
Les diverses observations du site de Terret indiquéees dans les divers rapports de l’époque révèlent l’ampleur des travaux entrepris à Terret pour la recherche de l’antimoine. On apprend ainsi, qu’un puits de 22 mètres de profondeur situé sur le bord du chemin de Blesle à Auriac-l’Eglise a été remis en état permettant du fond de ce puits le creusement dans le filon d’une galerie de 120 mètres de longueur dans une partie minéralisée d’épaisseur moyenne. A partir de cette galerie, deux autres colonnes d’une vingtaine de mètres ont été creusées mais la traversée s’est avérée stérile. Une petite usine à régule fonctionna plusieurs années.
Au niveau du chemin, dans la galerie principale, un puits intérieur a été approfondi afin d’aérer les travaux du fond. D’anciens travaux de la fin du 19ème siècle, situés au-dessus de la galerie principale ne furent pas repris car ils représentaient un coût trop important. On préféra donc percer une galerie de roulage à gauche de la galerie principale.
En 1907, l’ingénieur des mines estimait à environ 40 tonnes de minerais à 25% de teneur sur les travaux de Terret.
--------------
Sources : archives BRGM, Clermont-Ferrand
On ne peut pas ignorer la mine d’Ouche qui a employé bien des hommes de la vallée de la Sianne. La concession d’Ouche était très étendue et englobait plus de 338 hectares jusqu’aux hameaux de Chazelle et Chantejail sur le bassin versant de la Sianne d’une part et jusqu’aux hameaux de Bussac et Chabannes (Massiac).
DATES CLES DE LA CONCESSION D’OUCHE
1760 environ : La comtesse de Brion fait exploiter artisanalement une mine à Ouche (Source : Dictionnaire statistique du Cantal, édition 1868)
1786 : Deux personnes, les sieurs Thomas et Tixier - sollicitent une demande d’exploitation de l’antimoine à Ouche.
1810 : Les gîtes d’Ouche font l’objet d’une demande de concession par messieur Jean d’Auzt-Berthier et Etienne Paulhac.
1826 : Après un rapport d’un ingénieur des mines, monsieur Baudin, une concession minière est accordée sur une surface de 170 hectares.
1838-1851 : Exploitation d’un filon recoupé par un travers-blanc et construction proche du site d’un four à liquidation.
1869-1872 : Reprise des travaux miniers et fonctionnement attesté de fours à liquidation près du hameau d’Ouche, sur le bord de l’Alagnon
1881 : Madame veuve Ravoux et les héritiers Brugeyroux louent la mine pour dix ans au Comptoir des mines d’Antimoine d’Auvergne, connue sous le nom de Société anglaise.
1882 : Un rapport de monsieur de Béchevel indique que la mine d’Ouche emploie 67 ouvriers.
1888-1895 : Monsieur Emmanuel Chatillon loue la mine pour dix ans et engage une exploitation rationnelle du gîte.
1895 : Monsieur Giraud, fondeur à Brioude devient propriétaire de la mine et poursuit activement son exploitation.
1897 : Il y a 27 ouvriers sur le site d’Ouche.
1905 : Monsieur Chatillon et son associé monsieur Semonsu, ingénieur, cèdent la mine à la société italienne « Minière et fonderie d’antimonio » qui développe l’industrie de l’antimoine dans le district de Massiac-Brioude. Elle construit l’importante usine près de la gare de Massiac.
1908 : Il y a 60 ouvriers à Ouche. L’usine de grillage est remise en état.
1909 : La demande d’extension de la concession déposée en 1907 est accordée pour 388 hectares.
1910 : La production d’antimoine à 8% est de 150 à 200 tonnes par mois.
1912 : L’usine hydro-électrique de Massiac fournit le courant à la mine d’Ouche.
1914 : Toute activité cesse à Ouche
1915 : Timide reprise de l’activité
1916-1920 : La production du site est en baisse constante. Le minerai provient essentiellement de grattages et de récupération dans les anciens travaux.
1921 : Le docteur Benedetto de Benedetti cede tous les biens de la Minière et fonderie d’antimonio à la Société anonyme française Mines et fonderies d’antimoine (MFA) dont le siège est à Massiac dans le quartier de la Ribeyre.
1925-1931 : La mine connaît une exploitation moyenne en chute constante.
1935 : LA Société Franco-Italienne dépose une demande de renonciation pour toutes ses concessions, dont Ouche.
1936 : La demande de renonciation est acceptée le 12 janvier.
1937-1945 : La mine d’Ouche est abandonnée.
1945 : La société des Mines de Dèze reprend en main la destinée de la mine.
1946-1948 : La société des Mines de Dèze construit une laverie par flottation. Des prisonniers allemands sont employés à la mine.
1948-1953 : Période d’activité maximum avec 150 ouvriers (plus une centaine de prisonniers Allemands).
1953 : La chute des cours de l’antimoine. La société dépose le bilan le 25 juin et ferme la mine avec de nombreuses dettes.
1955 : Grâce à un prêt du Fond national de production, la mine est rouverte.
1956 : Malgré un permis d’exploitation accordé pour trois ans, tout travail cesse à la mine en novembre.
1957 : Dépôt de bilan le 15 mai.
1958 : Essai de reprise, mais la demande de renouvellement du permis d’exploitation est rejetée. Toute activité cesse.
1961-1967 : Reprise des travaux sur une partie de la concession par la société Matra (environ 40 à 60 ouvriers).
1967 : La société Matra qui espérait alimenter la laverie d’Ouche avec le minerai d’autres gîtes du secteur connait un échec. Tout travail cesse définitivement le 14 juillet. La mine est abandonnée et noyée.
1968 : C’est le début de la lente dégradation des installations sous la pression des attaques du temps et des pilleurs. Aucune perspective de reprise ni de projet de sauvegarde du patrimoine industriel et minier ne sont envisagés. La mine d’Ouche ne fait plus désormais partie que de la mémoire. On estime à 8.500 tonnes la production totale d’Antimoine à Ouche.
------------------------
Sources : Archives Jacques Geffroy, (Ingénieur géologue, CEA)
Jean-Jacques Perrichaud Thèse de doctorat, 1971,
OSTI Massiac,
En 1850 commençait en Auvergne la grande époque de l’antimoine. Des petits exploitants aux grandes compagnies minières, le secteur compris entre Brioude, Blesle et Massiac connaîtra à partir de 1870 une véritable fièvre de la mine.
La véritable histoire de l’antimoine commença timidement au XVIIème siècle et s’est poursuivit modestement jusqu’au milieu du XIXème. L’usage en était alors limité aux fards, à la poterie, à l’imprimerie et à la confection de fausse monnaie. Vers 1640 des exploitations sont signalées non loin de la vallée de la Sianne à la Fage et dans le ravin du Dahu , située sur les communes de Lubilhac et Massiac, elles se poursuivront timidement jusqu’en 1789. C’est vers 1726 que commencèrent les premières fouilles sur le grand filon de La Bessade qui ne se présentait alors que comme une maigre formation renfermant surtout des oxydes et il faudra encore attendre 160 ans avant que ne commence sa véritable mise en valeur qui durera près de cinquante années.
Au début du XIXème siècle, l’impulsion est donnée par le premier grand chercheur de filons Jean Berthier. En effet, dès 1830, il est le seul propriétaire des trois premières concessions pour antimoine du district : la concession de la Licoulne située sur les communes d’Ally, de Villeneuve d’Allier, de Mercoeur (Haute-Loire) et de la Chapelle-Laurent (Cantal), la concession d’Ouche sur les communes de Massiac, Blesle et Auriac) et celles d’Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme) et de Leyvaux (Cantal) non loin de Laurie et Molèdes.
Mais c’est en 1850 que commence chez nous la grande époque de l’antimoine. Notre région connaîtra à partir de 1870 une véritable fièvre de la mine.
Les grands maîtres de la situation à l’époque étaient aussi les propriétaires de fonderies qui, en fonction de leur prix de revient et de leurs ambitions décidaient du prix d’achat du minerai sur place sans prendre les risques d’une exploitation toujours aléatoire ni les charges souvent lourdes du transport.
Emmanuel Chatillon restera l’un de ces hommes qui ont marqué l’exploitation de l’antimoine dans la région, notamment à Blesle.
Ce fut ensuite, à partir du début du XXème siècle la période des grandes compagnies : Société Anonyme des Mines et Fonderies d’Antimoine et la Société Brioude-Auvergne qui se partagèrent les plus importants gisements. Elles ne survivront pas à la crise économique de 1930.
Carte extraite du Bulletin du BRGM 1971
Tout un quartier de la ville de Massiac était dévolu à l’antimoine au début du XXème siècle. Des usines qui ont marqué la vie économique et sociale de la cité. Constituée en date du 30 janvier 1921 pour une durée de cinquante ans, la Société des Mines et des Fonderies d’Antimoine avait son siège social dans le quartier de la Ribeyre avec les apports de la Société et Fonderie d’Antimonio ayant son siège à Gènes en Italie.
La fonderie implantée à Massiac comprenait un four à oxydé d’une capacité de consommation de 10 à 12 tonnes de minerais à 25% par jour et d’un four à régule d’une capacité de production de 4,5 à 5 tonnes par jour. Cette usine était complétée par une génératrice à vapeur et l’usine génératrice de Courcelles sur l’Allagnon.
La Française des Mines et des Fonderies d’Antimoine exploitera l’usine de Massiac jusqu’à la crise économique de 1936. Plusieurs tentatives de relance de l’exploitation minière se succèderont, sans grand succès. De 1945 (300 salariés en intégrant les prisonniers de guerre) à 1978 (25 salariés), les effectifs ne cesseront de décroître. La reconversion du quartier de la Ribeyre, suite à la liquidation de la fonderie franco-italienne, s’amorcera dès les années 30 dans les domaines du bois et du gaz ( oxygène liquide).
Une Société importante
Le capital social de la nouvelle société fondée en 1921 était fixé à la somme de 1.500.00 de francs et représenté par 3.000 actions de 500 francs chacune. Sur ces 3.000 actions, 2.400 furent entièrement attribuées à la Société Minière E Fonderie d’Antimonio. Les 600 actions restantes furent ouvertes à la souscription en numéraire en un seul versement.Le premier Conseil d’Administration était composé de 5 membres : Messieurs Léopold Mabilleau, Camille Poitou, Frédéric Danguy, Ernest de Lassalle, tous de Paris et enfin monsieur Benedetto de Benedetti, demeurant à Gênes, de nationalité italienne.
Les propriétés minières de la société comprenaient huit sites d’exploitation dans le district :
- les terrains du quartier de la Ribeyre d’une superficie d’environ quatre hectares avec toutes les constructions existantes.
- la propriété de Courcelles située au lieu dit de Courcelles et le Champs Fourgoux, dépendances de Massiac d’une superficie de trente ares environ, avec notamment l’usine hydro-électrique qui s’y trouvait installée et tous les droits d’exploitation de la force électrique.
- La concession de la mine d’Ouche située sur les communes de Massiac, Auriac-l’Eglise et Blesle, d’une superficie totale de 388 hectares environ, concédée par décret royal du 5 janvier 1820, et par décret présidentiel du 27 novembre 1909, avec tous les constructions édifiées sur les terrains comprenant les bâtiments d’habitation, usines, hangars, ateliers, fours...
- La concession de la Licoulne située sur les communes d’Ally, de Villeneuve d’Allier, de Mercoeur (Haute-Loire) et de la Chapelle-Laurent (Cantal), concédée par décret royal du 17 novembre 1817, d’une superficie de 1500 hectares avec tous les bâtiments existants.
- La concession de Cistrières située sur les communes de Lubilhac, Saint-Beauzire et Saint-Just (Haute-Loire), accordée par décret présidentiel du 8 février 1901, d’une superficie de 657 hectares
- La concession de de Dahut dans la vallée du même nom, située sur les communes de Lubilhac et Massiac, d’une superficie de 810 hectares accordée par un décret royal du 28 août 1836 et toutes les constructions édifiées sur la concession.
- La concession de Conche d’une superficie de 300 hectares située sur la commune de Chanet et de Molèdes, accordée par décret présidentiel du 20 avril 1893.
- La concession d’Anzat-le Luguet située sur les territoires des communes d’Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme) et de Leyvaux (Cantal) d’une superficie de 641 hectares, accordée par décret royal du 10 janvier 1821.
- La concession de Terret située sur la commune de Blesle comprenant les bâtiments et les constructions édifiées sur les terrains situés sur les communes d’Auriac, Blesle et Massiac.
La métallurgie de l’Antimoine et ses deux usines-fonderies au Babory ont marqué durant plus d’un siècle ce quartier excentré du centre de Blesle au cœur du district minier Brioude-Massiac, majeur en Auvergne. Deux usines concurrentes Basse-Vitalis et Chatillon, implantées au confluent de la vallée de la Sianne et de l’Allagnon ont représenté le plus important centre de traitement de l’Antimoine en France.
1881 : création d’un atelier de traitement de l’’antimoine par la Emmanuel Basse-Vitalis, sur une partie des terres du moulin d’Antoine Gardy, à l’ouest du bief. Première année de production.
1886 : Le moulin du Babory cesse toute activité. Il est loué avec ses terrains non vendus à Emmanuel Basse à l’industriel de l’Antimoine à Brioude, Emmanuel Chatillon qui installe à proximité immédiate de la ligne de chemin de fer une fonderie en directe concurrence avec la fonderie Basse-Vitalis. L’entreprise prend le nom de « Fonderie d’Antimoine d’Auvergne ».
1888 : Emmanuel Chatillon loue la mine d’Ouche et le 16 avril fait breveter un procédé révolutionnaire de traitement de minerais pauvres, les plus nombreux dans la région d’Auvergne. Sa découverte amènera une véritable révolution dans la métallurgie de l’Antimoine et permet la reprise de l’exploitation de mines à peu près délaissées.
1892 : les Annales des Mines publient une étude sur l’ ntimoine qui fait l’éloge des inventions d’Emmanuel Chatillon.
1894 : à l’Exposition de Lyon Emmanuel Chatillon obtient la Médaille d’or dans la classe « Métallurgie », seule récompense accordée à ce jour à l’industrie de l’Antimoine.
1898 : construction par Emmanuel Chatillon de sa première usine d’antimoine après être devenu propriétaire du moulin d’Antoine Gardy et de ses terres.
1900 : l’Exposition universelle de Paris présente les travaux et les produits d’Emmanuel Chatillon en Auvergne. Il obtient plusieurs prix et une vraie reconnaissance scientifique et industrielle.
1902 : Emmanuel Chatillon, le 7 janvier il obtient le brevet pour son nouveau procédé de traitement des minerais d’Antimoine.
1905 : pour se procurer des capitaux Emmanuel Chatillon vend le 11 avril la plupart de ses concessions minières (Conches, Ouche, Licoune et Lubilhac) à la Société e Fonderie d’Antimonio, basée à Massiac
La fonderie d’Emmanuel Basse connaît de graves difficultés lors de la guerre russo-japonaise.
L’installation est pourtant de bon niveau avec deux fours à oxyde du système dit « Auvergne » capable de griller 16 tonnes de minerais par jour, un four de réduction de l’oxyde pouvant produire au maximum quatre tonnes de métal par jour, des moteurs à gaz pauvre et double gazogène, un boryeur, un blutoir pour oxyde marchand et différents accessoires de fabrication de l’antimoine.
1907 : Emmanuel Chatillon achète l’usine Basse-Vitalis qui n’a pas résisté à la dégradation de la situation de ses clients étrangers notamment en Russie. Emmanuel Chatillon et fait construire une nouvelle usine au Babory entre les deux premiers sites et ériger une cheminée de trente mètres.
1912 : tentative de constitution par Emmanuel Basse d’une Société anonyme la « Compagnie des Mines d’Antimoine de France » Echec par manque de souscripteur.
1914 : trois fils d’Emmamuel Basse sont tués à la guerre
1915 : la lourde épreuve familiale et les mauvaises affaires conduisent Emmanuel Basse au suicide.
1919 : décès à Brioude d’Emmanuel Chatillon, à l’âge de 76 ans.
1920 : la veuve d’Emmanuel Chatillon vend le 15 mars à son neveu Edouard Félix Chatillon, industriel à Brioude, l’usine du Babory et le fonds de commerce de la fonderie d’Antimoine.
1925 : Edouard Félix Chatillon et son gendre André Baud prennent la direction de la Fonderie d’Antimoine. Ne trouvant plus de minerais en Auvergne, l’usine s’approvisionne sur le marché étranger (Chine, Bolivie, Turquie, Mexique, Grèce, Indochine et Maroc).
1937 : vente de la propriété et du domaine du château de La Fage, ancienne résidence familiale d’Emmanuel Basse à Saint-Etienne-sur-Blesle.
1939-1945 : l’usine Chatillon du Babory fait des recherches de minerais à la mine de Freycenet sur la commune d’Ally. 80 ouvriers passeront à la mine leur évitant le Service de Travail Obligatoire (STO) en Allemagne.
1945 : André Baud concoit et construit un four pour fabriquer un oxyde d’antimoine très pur et très blanc « le Pigmantinox.
1947-1958 : la fonderie traite presque exclusivement du minerai concentré par flottation à la mine d’Ouche remise en exploitation par la Compagnie Française des Mines de Dèze.
1954 : l’usine du Babory ferme
1957 : en septembre, des essais de reprise ont lieu dans un petit complexe industriel reconstruit au Babory. Les essais cessent définitivement en octobre 1958.
1958 : André Baud vend aux frères Migeot à Chauny (Aisne) les derniers concurrents de la Fonderie d’Antimoine d’Auvergne, le Pigmantinox.
1959 : les terrains libérés par la fermeture et la démolition du complexe industriel du Babory sont vendus aux établissements Laporte de Blesle.
1980 : destruction totale de l’ancienne usine d’Antimoine du Babory. Fin de toute activité minière et métallurgique de l’Antimoine en Auvergne.
Emmanuel Chatillon, industriel et inventeur Auvergnat, donna un grand développement à l’exploitation des mines en suivant des méthodes régulières d’exploration. Il possédait diverses concessions dans le district de Brioude-Massiac. Il fut notamment le propriétaire de la mine de Conche au cœur de la vallée de la Sianne et industriel du traitement du minerai d’antimoine au Babory de Blesle.
Frappé de l’abondance des minerais pauvres et de l’impossibilité de les exploiter avec les procédés industriels de l’époque, Emmanuel Chatillon s’est attaché à résoudre le problème du traitement pratique et économique des minerais.
Le 16 avril 1888 il fit breveter un procédé permettant de traiter les minerais pauvres, très nombreux notamment dans la vallée de la Sianne. Cette découverte amena une véritable révolution dans la métallurgie de l’antimoine et permit notamment de reprendre avec succès l’extraction des minerais d’Auvergne.
En 1886, il vint s’installer au Babory de Blesle à proximité de la gare et de la nationale. Jusqu’alors, il possédait une fonderie derrière la gare de Brioude, à quelque 30 kilomètres de là.
En s’implantant au Babory, lieu où la Sianne se jette dans l’Alagnon, Emmanuel Chatillon venait concurrencer un autre exploitant d’antimoine et fondeur de Saint-Etienne-sur-Blesle, Emmanuel Basse Vitalis. Les deux usines cohabiteront de nombreuses années.
Emmanuel Chatillon d’abord locataire des lieux ne deviendra propriétaire des installations minières qu’en 1898. En 1905, il vend une bonne partie de ses biens, dont la mine de Conche, pour se procurer les capitaux nécessaires à la reconstruction de l’usine du Babory en 1907.
Emmanuel Chatillon décèdera le 22 décembre 1919. Après sa mort l’usine du Babory sera vendue par sa femme en 1920 à son neveu Edouard Félix Chatillon qui exploitera l’usine avec son gendre.
L’usine d’antimoine de Blesle fermera ses portes en 1954. A la fin des années 50, les terrains libérés par la démolition des usines d’antimoine seront vendus aux établissements Laporte de Blesle.
Le Babory, ce territoire de la commune de Blesle situé entre le cours de l’Allagnon et la voie de chemin de fer Paris-Béziers avait la particularité d’avoir deux usines de traitement du minerai d’antimoine. Si Emmanuel Chatillon fut le plus connu, un autre industriel a lui aussi marqué les lieux et la production métallurgique de l’antimoine en Auvergne, Emmanuel Basse. Il ne reste que peu de souvenir de lui sauf sa marque VB pour Vitalis-Basse.
Il y avait donc deux usines d’antimoine au Babory de Blesle situées de part et d’autre du bief et reliées par une solide passerelle en bois. Il y avait celle que les gens appelaient « l’usine Basse » et l’autre celle de monsieur Chatillon. Les anciennes cartes postales du début du XXème siècle montrent une totale occupation du site du Babory par ces deux usines et leurs hautes cheminées.
« Je me souviens raconte Claude Baud, que l’usine Basse occupait les terrains actuels des matériaux Laporte-Bigmat et du garage Roche que mon grand-père Edouard Chatillon avait obtenu sur adjudication en 1922-1923. Il l’avait rachetée avec un industriel de la récupération monsieur Baurgard un parisien du 20ème arrondissement. Celui-ci avait stocké très tôt un important tonnage de pneumatiques, chambres à air et même chenilles de véhicules résidus de la guerre de 14-18. C’était en prévision d’une grosse pénurie de caoutchouc qui en fait n’a jamais eu lieu. Ce stock énorme, complètement décomposé ne sera évacué totalement qu’en 1978.
L’usine Basse idéalement située au confluent de la vallée de la Sianne et de l’Allagnon, comprenait des hangars à charpente en bois, une cheminée en brique d’une quinzaine de mètres de hauteur, une maison d’un étage en bordure de la route nationale avec un logement, des bureaux, un petit laboratoire et le plus étonnant un fenil au premier étage où l’on conservait du foin (le bâtiment existe toujours).
Par ailleurs, il y avait aussi entre la route nationale et la rivière un énorme dépôt de mâchefer provenant des déchets d’incinération de l’usine sur lequel fut aménagé comme souvent un terrain de tennis (aujourd’hui derrière la station de carburant).
Emmanuel Basse est né le 15 mars 1852 à Ambert dans le Puy-de-Dôme dans une famille de négociant. Il a fait ses études chez les Jésuites à Saint-Etienne, puis à la faculté de Droit de Clermont-Ferrand. Il épouse en 1879 Léontine Vitalis fille de Léon Vitalis, un important fabricant de tissus pour l’armée et les collectivités, basé à Lodève. Ils habiteront quatre ans dans une maison de famille à Clermont-Ferrand.
Intéressé comme beaucoup d’hommes de la bourgeoisie à la métallurgie minière de l’antimoine et à ses belles perspectives en Auvergne, il prospecte et met en exploitation des filons déjà découverts à Pressac, la Chireze, Marmeissat et le Cheylat. Il installe une usine de traitement du minerai sur les terrains achetés au meunier Antoine Gardy. La première année de production de son usine est datée selon les archives du BRGM de 1881.
En 1883 il acheté au Comte de Mourges le château de La Fage sur les hauteurs de la commune de Saint-Etienne-sur-Blesle, au coeur des exploitations du bassin minier Brioude-Massiac. Emmanuel Basse durant cette fin de siècle aura neuf enfants, trois filles et six garçons.
Une deuxième usine au Babory
L’Antimoine était devenu depuis la guerre de 1870 un matériau stratégique car il entrait à hauteur de près de 25% dans les alliages à base de cuivre ou de plomb composant les ceintures d’obus et les centaines de billes dans le coeur de ces obus.
En 1886 Emmanuel Chatillon industriel de la métallurgie de l’Antimoine à Brioude à la réputation déjà bien ancrée dans la région et au niveau national décide de s’installer au même endroit, au Babory de Blesle. Il loue à Antoine Gardy ce qui lui reste comme terrain à droite du bief, le barrage et le bief lui-même, l’hôtel dans lequel il installe des bureaux, un logement et un laboratoire d’analyse. Ces terrains étaient ceux non vendus à Emmanuel Basse quelques années plus tôt. Emmanuel Chatillon démarrera donc juste en face l’usine Basse une petite exploitation pour y tester ses inventions et ses brevets. Pendant 20 ans les deux Emmanuel confirmeront en parallèle leurs activités propres.
A partir de 1905 les affaires d’Emmanuel Basse connaissent quelques difficultés notamment à cause de ses clients étrangers comme la Russie en pleine Révolution et d’autres emprunteurs malveillants. Lors de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 Emmanuel Basse refuse de revenir sur un contrat de livraison, pour une question de principe, malgré les importantes hausses des cours de l’Antimoine, ce qui accrût les difficultés de son entreprise Blesloise face à ses concurents.
C’est alors qu’Emmanuel Chatillon décide de vendre à la Société Franco-Italienne « Miniere e Fonderie d’Antimonio » son usine de Brioude et ses concessions minières d’Ouche, de la Licoune, de la Bessade, de Conche dans la vallée de la Sianne, et du Daü. Avec cet afflux de capitaux estimé à 580000 francs or de l’époque l’industriel concurrent de Basse achète à l’ancien meunier Gardy tous les terrains dont il était locataire. Il peut alors agrandir son usine, installer deux centrales électriques sur le bief et construire un embranchement privé raccordé à la voie de chemin de fer. Il fait aussi édifier par Noël Desfemmes maçon sur la commune de Blesle, une cheminée de plus de trente mètres de hauteur inaugurée en 1907.
Un coup dur pour l’usine Basse qui voit un concurrent beaucoup plus performant au Babory même. Utilisant comme Emmanuel Basse des minerais pauvres communs en Auvergne, avec souvent 7 à 8% seulement de sulfure d’Antimoine, Emmanuel Chatillon dispose d’une technique très performante qu’il a inventé et breveté concernant le grillage de ces minerais dans deux fours appelés « Cubilots » qui produisent un oxyde très abondant retenu dans les gaz de la combustion par des filtres. Il installe aussi quatre fours à fusion à sole. Alors commence pour Emmanuel Basse une dizaine d’années très douloureuses pour ses affaires aggravées par ses problèmes de santé dus au diabète.
En 1912, il projette de constituer une société anonyme dite « Commpagnie des Mines d’Antimoine de France », dont le siège social serait à Lille, au capital de 2 600 000 francs réalisé par 26 actions de 100 francs. Emanuel Basse et son épouse Léontine apporteraient les concessions des mines du Cheylat et de Pressac ainsi que la Fonderie du Babory. En contrepartie ils recevraient part à deux 1 000 000 de francs et 6000 actions. Mais la situation économique est tendue en France et les guerres Balkaniques contribuent à entretenir un climat de guerre en Europe. Ce projet n’aboutit pas par manque de souscripteurs. Juste avant la première guerre mondiale Emmanuel Basse est obligé de céder à son concurrent direct son entreprise du Babory.
Survient la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1914, les fils Basse sont mobilisés. Commence alors pour la famille de l’industriel de terribles épreuves. Le soldat Marcel Basse, 22 ans est tué le 24 août 1914 à Oret en Belgique puis le sergent Gabriel Basse, 29 ans le 27 septembre à Tracy dans le Val-de-l’Oise.
Marqué par la mort de ses deux fils, les difficultés d’exploitation de ses mines et de sa fonderie, le manque de main-d’oeuvre Emmanuel Basse met fin à ses jours en 1915 dans son bureau. Il sera inhumé à Ambert. Un troisième fils, le Sous-lieutenant Léon Basse, observateur, sera tué en combat aérien le 19 septembre 1917 au-dessus de Gury dans l’Oise. Joseph Basse, prisonnier sera libéré à la fin de l’année 1918.
Le château de La Fage et le domaine seront achetés sur adjudication en 1937.
Sources : Témoignage de monsieur Claude Baud, 2014,
Les deux fonderies Basse-Vitalis (gauche) et Chatillon (droite)
Comme dans tous les sites miniers, s’éclairer pour travailler fut toujours problématique. Selon les époques, plusieurs types d’éclairages ont accompagné le labeur des ouvriers. Dans la vallée de la Sianne trois lampes ont été utilisées : la coupelle, la lampe à l’huile, la lampe à carbure.
Dans la nuit des galeries d’exploitation ou de recherches, le travail des mineurs était rendu plus difficile par l’obscurité car il n’y avait pour tout éclairage que des lampes à feu nu fonctionnant avec du suif ou de l’huile de noix.
Pendant longtemps, on a utilisé la petite lampe classique constituée d’une coupelle en tôle emboutie ou étamée, munie d’une potence pour l’accrocher.
Par la suite, ces lampes s’améliorèrent en recouvrant le réservoir d’huile. Mais cela ne changeait rien à l’intensité lumineuse qui permettait l’éclairage sur un mètre au grand maximum.
Vers 1900, la lumière artificielle, toujours à feu nu, s’est perfectionnée avec la lampe à carbure de calcium qui au contact de l’eau créait un gaz combustible à l’odeur soufrée caractéristique : acétylène.
Moins fumante, aisément transportable par le mineur ou le chercheur d’Antimoine, la nouvelle lampe permettait une autonomie de fonctionnement durant un poste de travail de huit heures.
Le procédé peu cher et très sûr, considéré comme un éclairage moderne, fut utilisé massivement à partir des années 1910 dans les mines non-grisouteuses, comme celles de l’Antimoine.
C’est à la suite de la fermeture de la mine d’Ouche en août 1967 que la France a cessé toute production d’antimoine.
La production d’antimoine française cumulée depuis 1837 a été évaluée à 115.000 tonnes, dont 35.000 tonnes pour le district Brioude-Massiac. Explications techniques de ce métal omniprésent dans la vallée de la Sianne.
L’antimoine est un métal connu depuis la haute antiquité. Sa découverte est estimée à 1600 avant notre ère. Pour le désigner, les scientifiques utilisent le symbole Sb qui vient du latin stibium, du grec "anthos",qui veut dire fleur, en raison de l’aspect de pétales de fleurs de ses sulfures. De couleur blanc d’étain, l’antimoine se présente seulement sous la forme de traces associées à de la stibine.
Ce mineral peut contenir un peu de fer, de l’argent ou de l’arsenic.
L’activité chimique de l’antimoine est moins importante que celle de l’arsenic. Il n’est pas attaqué par l’oxygène de l’air à température normale. L’antimoine est peu soluble en milieu neutre et ne peut se maintenir que dans des conditions acides.
Enfin, les minéraux renfermant de l’antimoine sont relativement nombreux et se subdivisent en trois grands groupes :
les sulfures
les sulfosels
les oxydés
LES USAGES DE L’ANTIMOINE
L’antimoine métal à l’état pur n’a pratiquement jamais eu aucun usage. C’est la sulfure d’antimoine, la stibine qui fut utilisée de tout temps pour la préparation des fards. Ce n’est seulement que depuis le milieu du 19ème siècle que l’industrie a employé l’antimoine à partir de trois produits de base : le régule du commerce, les oxydes d’antimoine en poudre, le sulfure fondu.
Sans être un produit de première importance, l’antimoine concernait plusieurs branches industrielles. En ce début du XXIème siècle, les applications de l’antimoine et de ses alliages comprennent son utilisation comme élément d’alliage pour durcir d’autres métaux, comme matériau pour les roulements et dans les piles. L’antimoine de haute pureté est utilisé dans l’industrie semi-conducteur.
Le régule du commerce
C’est l’antimoine métal qui était utilisé pour la confection de divers alliages avec le plomb auquel il apportait sa dureté, alliage blanc. La proportion d’antimoine était de l’ordre de 8 à 10% pour les alliages pauvres, de 15 à 25% pour les alliages antifriction utilisés dans l’industrie mécanique. Ce régule est encore utilisé aujourd’hui dans l’imprimerie, dans la fabrication des plaques d’accumulateur et dans certaines soudures et dans la fabrication de poteries.
Les oxydes d’antimoine en poudre
Ces oxydes étaient principalement utilisés en verrerie pour purifier les verres, dans l’industrie des matières plastiques pour ignifuger les produits, dans l’industrie du caoutchouc pour le rendre plus élastique (vulcanisation). On l’employait également dans la fabrication des encres, dans certains produits pharmaceutiques, pour la réalisation de certaines peintures blanches, la coloration d’émaux et de céramiques, enfin, pour la charge des soies dans l’industrie textile.
Le sulfure fondu
C’était l’usage le moins répandu car d’un commerce moins important. Il était en effet utilisé surtout par les artificiers dans l’industrie pyrotechnique, pour la fabrication de certaines allumettes et certaines peintures destinées à l’émaillerie.
PRINCIPES DE FABRICATION
L’oxyde d’antimoine est obtenu par grillage volatilisant, en mélangeant le minerai à du coke dans des cubilats fonctionnant avec une aspiration forcée (invention de Monsieur Emmanuel Chatillon (usine de Blesle).
L’oxyde violatil était récupéré dans des tubes froids et précipité en une poussière blanche. Les minerais oxydés non volatils étaient traités au water-jacket par fusion réductrice avec un fondant ferreux. Le métal à 90% obtenu était refondu au four à réverbère.
Le régule peut être obtenu de deux façons :
par un traitement direct et précipitations par le fer (méthode anglaise), procédé réservé aux minerais riches.
par un traitement au grillage volatilisant, utilisé dans le cas des minerais moins riches (c’était le cas de notre région). L’oxyde d’antimoine obtenu était réduit par du charbon de bois moulu. La réaction à assez basse température était facilitée par l’addition d’un peu de carbonate de soude.
Le régule était livré en pain de 20kg.
Le sulfure fondu s’obtenait en fondant la stibine dans un four à réverbère servant à la réduction de l’oxyde. On ne récupérait que la coulée de la partie inférieure, la partie supérieure étant constamment oxydée.
L’utilisation de l’antimoine ne s’est réellement développée d’une façon industrielle qu’au 19ème siècle à la suite de l’invention de la machine à vapeur et de son emploi dans le domaine des transports par chemin de fer.
La France fut le premier producteur mondial de 1890 à 1908. C’est à la suite de la fermeture de la mine d’Ouche en août 1967 que la France a cessé toute production d’antimoine.
La production d’antimoine française cumulée depuis 1837 a été évaluée à 115.000 tonnes, dont 35.000 tonnes pour le district Brioude-Massiac.
Lorsqu’on aborde les évènements géologiques marquants qui ont provoqué la formation des minéraux présents dans le sous-sol de notre région, il convient de parler en millions d’années. Une chronologie qui nous fait perdre la mesure du temps.
- Au cambro-ordovicien (545-250 millions d’années) : formation d’une série volcano-sédimentaire qui à la fin du silurien (417 millions d’années) sera plissé et métamorphisé et formation de granite.
- Début du carbonifère (354-290 millions d’années : tectonisation. une partie du matériel granitique s’échappe vers la surface pour former les granites et microgranites intrusifs.
- Fin du carbonifère (290 millions d’années) : nouveaux mouvements orogénique. On assiste au métamorphisme des roches souples, à une fracturation des roches dures et à un rajeunissement des granites intrusifs par un ultime apport magmatique. Ces évènements géologiques concentrent alors les éléments métalliques qui vont se déposer dans les fractures ouvertes à la périphérie des plutons.
C’est le premier cycle de minéralisation dans notre région caractérisé par deux lignées de minéraux, la gangue exclusivement quartzeuse et les formations épithermales de stibine. L’ensemble de ces filons se forme dans des fractures d’orientation privilégiées, recoupant des roches dures.
- Fin du Trias (250 millions d’années) : et au début du Lias (205 millions d’années) se met en place un second cycle de minéralisation où les filons se forment aussi dans des fractures.
- Durant le Secondaire (250-65 millions d’années) : le socle est pénéplanisé et se recouvre d’une cuirasse latériques.
- Fin de l’Eocène (65-24 millions d’années) : tectonisation intense amenant la formation de puissants grabens. Le sol est lessivé.
- Oligocène (24 millions d’années) : une nouvelle série sédimentaire se dépose dans les bassins effondrés.
- Durant le Pliocène (1,8 -millions d’années) : se mettent en place les formations volcaniques qui, par une dernière stimulation de l’érosion, dessinent le relief actuel de la vallée de la Sianne.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien