
Espace presse
L’exposition présente une sélection de 300 photographies classées par thèmes et qui racontent la vie des communes et de leurs habitants entre 1900 et 1970. Affiche libre de droits.

Textes de présentation
des 15 thématiques de l’exposition 2018
La photographie familiale, mémoire vivante de la vie d’avant
Les photographies anciennes constituent un riche patrimoine qui mérite conservation et valorisation car au-delà de leur intérêt pour la mémoire, les clichés anciens représentent désormais une réelle valeur patrimoniale sur la vie d’autrefois dans le Cézallier Cantalien.
Reconstituer des moments de la vie d’avant dans le territoire du Cézallier à l’aide de photos anciennes participe à la démarche patrimoniale que s’efforce de construire l’association Cézallier vallée de la Sianne depuis près de vingt ans.
Ces dernières années, des familles ont répondu aux appels de l’association lors de la réalisation de nos 15 expositions thématiques en nous confiant de très beaux documents photographiques, par exemple, des photos de classe, la vie agricole, la vie dans les burons, les mines d’antimoine, le bâti rural ancien, des activités disparues, des évènements collectifs, des traditions, des instantanés sur les villages autrefois...Toutes ces images collectées en grand nombre pouvait faire enfin l’objet d’une restitution au public. C’est pourquoi nous avons souhaité présenter une bonne partie de cet inventaire photographique à travers cette exposition.
Dès la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, la photographie était alors dans la campagne auvergnate rare et précieuse. Il s’agissait alors essentiellement de photographies de professionnels pour des portraits posés de personnes seules ou en famille, souvent à l’occasion d’un évènement familial : naissance, communion, mariage, service militaire.
De cette époque date aussi de rares photos de professionnels qui se déplaçaient dans les villages pour immortaliser des évènements, des activités locales...parfois restitués en cartes postales ou en cartes-photos sépia.
La plupart des familles ont conservé ces vieilles photos et même des clichés sur plaque de verre provenant des successions familiales.
Autour des années 1920/1930 c’est le début de l’appareil photo chez des particuliers, le plus souvent un membre de la famille « photographe amateur », le cousin de Paris, le curé ou un notable. Ils ont fixé des moments qui rythmaient la vie de nos familles et de nos villages. Nous en avons récupéré beaucoup auprès des familles des communes de Charmensac, Auriac-l’Eglise, Laurie, Molèdes, Peyrusse, Vèze, Blesle et Allanche.
Mais ce sont les années 1940/1970 qui représentent le vrai essor de la photo car pratiquement chaque famille possédait un appareil. Cette période plus récente nous offre une grande quantité d’images très variées. Beaucoup sont l’expression d’une époque que la plupart d’entre-nous ont vécu. Ces souvenirs sont très précieux pour l’histoire et la mémoire. Les photos de cette période sont bien représentées dans l’exposition.
Ainsi, pour construire ce voyage dans le temps l’exposition « La vie d’avant dans le Cézallier » offre une sélection de ce fonds photographique autour de 16 thématiques qui racontent différents aspects de la vie des habitants des bourgs et des hameaux de notre territoire.
L’association Cézallier vallée de la Sianne est très heureuse de pouvoir présenter une sélection de plus de 300 photos issues de cette fabuleuse collection.
Le temps des villages animés
Des modes de vie et de travail
Autrefois les villages étaient en perpétuel mouvement grâce à une importante population. La vie communautaire était forte. On se rencontrait presque quotidiennement tout en vaquant à ses occupations. On n’hésitait pas à s’assoir sur le pas de la porte et faire la causette avec les passants. Chaque bourg avait une structure sociale variée : paysans, artisans, ouvriers ruraux et commerçants. Les vaches parcouraient le village et s’abreuvaient à la fontaine. L’école jusqu’au certificat d’études, le passage quotidien du facteur, les activités agricoles et religieuses... contribuaient à donner une animation permanente. Et les saisons rythmaient out un mode de vie. Les photos anciennes sont autant de témoignages d’existence et de relations humaines et de travail.
Le temps des villages animés
Des jeux et des fêtes
Dans un territoire éloigné des centres urbains, on ne partait pas bien loin pour se distraire. Foires à Massiac, Blesle ou Allanche, jeux de plein air, sports pour les plus jeunes, musique traditionnelle, bals populaires, fêtes profanes saisonnières... tous ces rendez-vous très attendus constituaient des occasions de réjouissances et permettaient d’oublier les soucis du quotidien et la rudesse de la vie. Toutes les occasions étaient recherchées pour les retrouvailles des groupes de villageois des bourgs et des nombreux hameaux dispersés, une façon d’exprimer son unité et son intégration dans un territoire communal.
Le temps des métiers de voisinage
Des activités locales
On trouvait autrefois dans les villages et les bourgs une grande diversité d’activités et de commerces polyvalents indispensables à la vie en milieu rural. Lorsqu’on avait besoin d’aides particulières selon les saisons on n’allait pas bien loin chercher les personnes compétentes comme le bucheron, le conducteur de la locomobile pour les battages, des journaliers pour les moissons et les vendanges, le tondeur de moutons, le couvreur, l’alambic ambulant.... On vivait en autarcie dans un territoire bien connu avec son café-épicerie, parfois la boulangerie, ses métiers du bois et du fer..
La vie moderne a ébranlé toutes ces assises des villages communautaires. Jusque dans les années 1960 qui ont marqué une révolution agricole et sociétale par l’ampleur des transformations de toutes les activités traditionnelles, les progrès de la mécanisation, les nouveaux modes de vie, l’exode vers les villes. Seules restent les photos de ce temps des métiers de voisinage, traces de la mémoire de la vie d’avant.
Le temps des attelages
Avec les boeufs, compagnons de travail
Avant l’arrivée des tracteurs agricoles ont utilisait les boeufs pour tirer les charriots, la charrue, les charrettes de foin, le tombereau de fumier, les arbres coupés... Les boeufs sont dociles une fois dressés à l’attelage et développent une bonne puissance de travail et sont résistants à l’effort. Jusqu’au milieu du 20ème siècle notre territoire du Cézallier bruissait du trot de ces attelages de boeufs. Généralement par paire, indissoluble, les boeufs étaient reliés par un joug pour leur permettre d’avancer de manière synchrone et d’exploiter au mieux leur force de traction. Ils étaient la fierté d’une exploitation.
Le temps de l’activité meunière
Des moulins adaptés aux demandes locales
Les moulins étaient l’un des pôles d’activités du territoire, la machine nécessaire à la vie de la population et à l’approvisionnement des villages. Le meunier était l’homme de la technique et souvent l’artisan du progrès en utilisant d’abord de grosses meules en pierre « la grisante et la dormante » pour écraser les céréales, puis les roues à aube et à cuillères. Au début du 20ème siècle il développait l’énergie hydraulique pour le broyage du grain mais aussi pour le fonctionnement des pressoirs à huile et à pommes et pour faire de l’électricité. Les moulins ont façonné autour d’eux des sites à leur service ; réservoirs, vannes, déversoirs, biefs, pilières à travers le lit de la Sianne. Seuls aujourd’hui des bâtiments vidés de leurs engrenages rappellent leur présence. Ils sont les témoins muets de la pratique d’une activité qui avait su s’adapter aux époques et aux demandes locales.
Le temps des fours communaux
Quand le village cuisait son pain
Le four à pain reste dans l’inconscient collectif le témoin authentique d’une époque quand le boulanger n’existait pas en milieu rural. Dans chaque hameau un four communal, imposant par sa masse, mêlait régulièrement les habitants avec une étonnante convivialité les jours de chauffe. Le four avait un rôle essentiel dans la vie quotidienne. Et les anciens se souviennent encore de la mobilisation des familles pour « le jour du pain ». Il fallait d’abord faire provision de bois sec et préparer la pâte la veille, puis chauffer le four durant plusieurs heures, ensuite faire tomber la braise, balayer le foyer, rassembler les paillassons, puis enfourner les tourtes préparées par les femmes. Après le pain le four recevait la fournée de pâtés de viande, de tartes, de pompes aux pommes...Longtemps laissés à l’abandon, les fours à pain du territoire sont progressivement restaurés. Certains sont remis en marche occasionnellement. Par leur présence ils marquent l’espace et rappellent la vie d’avant
Le temps de l’école
La photo de classe témoin de l’enfance
Chaque génération a accompli le même parcours : plusieurs années d’école. Toutes les communes possédaient leur école publique et parfois jusque dans les hameaux éloignés du bourg. Jusque dans les années 1960 la population en âge d’être scolarisée était encore importante dans le Cézallier mais aujourd’hui plus de cris et de rires d’enfants dans les villages, les écoles ont fermé leurs portes.
Reste la photo de classe pour se rappeler son temps scolaire. Appréciée des enfants, attendue par les familles, la photo de classe constitue l’un des rares rendez-vous communs à toutes les écoles, à la ville comme à la campagne depuis la fin du 19ème siècle. Toutes les images montrent une école faite de sérieux, mais révèlent aussi des détails caractéristiques des époques : comme les sabots de bois, la tenue vestimentaire avec notamment la fameuse blouse noire puis grise, le short pour les garçons, le gilet des filles, les lieux de prise de vue (à l’intérieur souvent dans les années 1960), mixité permanente des petites classes rurales faute de moyens pour une éducation séparée avant qu’elle ne devienne la norme.
La photo de classe restitue des souvenirs pour toutes les générations et l’occasion de se rappeler les noms des autres enfants du village, du maître ou de la maîtresse...
Avec les différentes photos de classe qui suivent les années, toujours conservées dans les familles, c’est bien la nostalgie de la vie d’avant.
Le temps de la conscription
La « classe » et le rituel des conscrits
Les jeunes hommes ayant atteint 20 ans dans l’année écoulée devaient se faire recenser à la mairie. Au printemps suivant ils étaient convoqués au chef-lieu de Canton (Massiac ou Allanche) pour le Conseil de révision. La plupart du temps ils étaient déclarés « bons pour le service armé ». Durant des années il était de bon ton d’arborer des cocardes, des rubans tricolores, un haut-de-forme... En général un photographe était là pour immortaliser ce moment solennel dans la vie des jeunes hommes de la commune par une photo officielle. Cette tradition qui vient de la loi du 21 mars 1905 qui supprimait le tirage au sort pour instaurer un service militaire obligatoire et universel a rapproché des générations d’hommes et pour certains crée de réelles et longues amitiés.
Le temps des rendez-vous religieux
Des pratiques religieuses intergénérationnelles
Les messe hebdomadaires, les cérémonies et fêtes ritualisées, les processions dans un espace christianisé depuis des siècles affirmaient une identité collective des villages. Inscrites dans le territoire de chaque commune les pratiques religieuses donnaient du sens à la vie et représentaient les principales rencontres collectives intergénérationnelles.
Le temps du gardiennage des troupeaux
Chèvres, moutons, vaches à surveiller
C’est la course à l’herbe qui guidait le berger pour conduire son troupeau d’un pacage à un autre notamment aux abords des estives près des Brèches de Giniol, sur le plateau de Lair de Laurie ou encore sur celui du plateau du Bru de Charmensac.. Qu’on gardait des chèvres, des moutons ou des vaches, il fallait en permanence tirer profit de la diversité d’une offre fourragère sur son territoire afin d’assurer une alimentation suffisante à ses bêtes pour avoir une bonne production laitière. Garder les vaches à la belle saison était souvent le travail des enfants qui partaient pour la journée. Le gardiennage des chèvres pouvait être confié aux vieux. La garde des moutons et des chèvres demandait un certain savoir-faire car il ne suffisait pas d’emmener le troupeau, il fallait être autonome, connaître les variétés fourragères, guider les bêtes, les empêcher souvent de dépasser les limites des communaux ou des montagnes à l’estive. Le gardiennage collectif fut aussi pratiqué dans la plupart des hameaux du Cézallier. Le recul du pastoralisme à induit une profonde modification des pratiques dans des pâturages clos.
Le temps des bidons de lait
Avec l’âne en route vers la laiterie
C’est l’établissement des premières laiteries dans le Cézallier dès la fin du 19ème siècle qui a incité les petites fermes à se pourvoir d’un âne. A la belle saison, comme la traite avait lieu dans les près, pour transporter les bidons de lait (d’abord en fer puis en aluminium) l’âne fut utilisé comme animal de traction, les chemins étant souvent peu carrossable. Brave bête et de bon service, patiente, peu exigeante en nourriture, sa présence est devenue une nécessité pour la commercialisation du lait aux laiteries avant que ne soit instauré le ramassage par camion citerne. Pour ramener le lait de la traite cette corvée quotidienne était donc dévolue à l’âne qui portait les bidons de chaque côté sur un bât en bois ou tirait un « charretou ». L’âne transportait sa cargaison jusqu’à la laiterie la plus proche et souvent rapportait dans ses bidons du petit-lait pour les porcs. Une réelle proximité existait avec l’animal à qui l’on donnait des noms sympathiques comme Pompon, Baptistou... On l’attelait aussi parfois à une voiturette pour aller faire les commissions au bourg.
Le temps de la chasse
Une saison pour chasser seul ou en groupe
Pratique fortement intégrée à la ruralité, la chasse est un héritage d’une longue tradition historique conquise à la Révolution Française pour tout citoyen sans discrimination sociale. Chasser a fait partie pour beaucoup de passionnés du Cézallier un art de vivre transmis de génération en génération et d’un moyen d’obtention de gibier pour sa consommation. Seuls avec un chien ou en groupes, que se soit à l’approche ou en battue, le temps de la chasse a imprégné durablement la société rurale de pratiques, de rites et de croyances. Certains chasseurs ont préféré la chasse individuelle qui donne la primauté de l’acte. D’autres ont participé à la chasse collective qui mettait en avant une pratique codifiée et mise en scène ou la convivialité du groupe était autant recherchée que l’acte de prise lui-même.
La pratique de la naturalisation, très répandue avant la loi de 1976, a représenté aussi une vraie tradition locale de mise en scène dans les maisons de têtes d’animaux mais aussi de corps entiers.
Le temps de l’élevage familial des cochons
Le jour du cochon
Tuer le cochon à la ferme pour sa consommation fut une tradition autant qu’une nécessité pour les familles paysannes. Après des mois d’engraissement dans les soues, parfois de vraies petites maisons, le sacrifice du cochon était un évènement rituel dans l’année agricole. Au jour du cochon on s’entourait de multiples précautions pour éviter les souffrances à l’animal et ne rien perdre de sa chair. On devait donc être plusieurs pour l’abattage, l’égorgement, le grattage des poils, le dépeçage, le nettoyage, le vidage, le dépeçage, la découpe et l’utilisation de tous les morceaux. Le jour du cochon était vécu comme une journée importante pour l’alimentation de la famille, un temps fort d’entraide aussi. Avec l’évolution des modes de vie et les nouvelles règles sanitaires cette pratique à aujourd’hui quasiment disparu.
Le temps de l’exploitation du sous-sol
Paysans et mineurs de l’antimoine
La richesse du sous-sol de la vallée de la Sianne et du Cézallier a suscité de nombreuses recherches minières d’antimoine et d’argent au 19ème et au 20ème siècle dont on trouve encore de nombreuses traces de mines exploitées et de galeries de recherches.
Ces petites mines locales ont permis un bref développement économique du territoire. De nombreux journaliers et paysans ont travaillé régulièrement ou occasionnellement dans l’une des mines à la grande époque de l’antimoine et argentifère à Fournial (Molèdes), Conche (Feydit), Pont de Vèze, Bosberty (Anzat-le-Luguet), Terret (Blesle). D’autres jusqu’en 1967 travailleront dans les usines de traitement de l’antimoine de Blesle et de Massiac. Une histoire minière et humaine de plus de 60 ans
Le temps des hommes des burons
La dure vie des buronniers à l’estive
Durant l’estive sur les montagnes du Cézallier, plusieurs centaines d’hommes travaillaient dans les burons de mai à octobre, isolés et plongés dans un espace naturel rude et un travail d’équipe indissociable par tous les temps.
La surveillance des troupeaux de vaches Salers et la production de l’un des plus gros fromages du monde, la fourme de Cantal (35 à 45kg), rythmaient les journées de travail de trois ou quatre buronniers par montagne. La fromagerie du buron avait la double particularité d’être à la fois le lieu de fabrication du fromage et la salle commune pour les repas et souvent la chambre à coucher, un inconfort et une promiscuité qui rendait la vie quotidienne peu agréable.
Après la traite au parc mobile matin et soir, le lait mis dans une gerle de 150 litres était transporté au buron à l’aide d’une perche ou d’un attelage. Commençait alors dans la fromagerie un travail bien réglé selon des techniques éprouvées : le caillage du lait, la coupe du caillé, sa séparation, l’enlèvement du petit lait, l’émiettement, le passage à la presse à tome, la mise en moule. Le placement des fourmes dans la cave représentait la dernière étape. Restait à prendre bien soin des fourmes durant toute l’estive par un affinage rigoureux.
Le temps de la moisson
Faire les foins
La moisson constituait l’un des temps forts de l’année pour les paysans et s’étendait sur plusieurs semaines au mois de juillet. Traditionnellement la moisson se faisait au rythme des boeufs ou des chevaux. La faucheuse-lieuse a vite remplacé le fauchage à la main. La pause sur place était toujours un moment de répit pour avaler le casse-croûte apporté dans des paniers par la maîtresse de maison. Durant quelques jours en plein champs, les gerbes finissaient de sécher en tas, moyettes ou encore dans le Cézallier en meule, « le plangeou ». Le foin fauché était ensuite entassé sur les charrettes à ridelles avec un vrai savoir-faire pour éviter de perdre la « charretée » au moindre cahot sur le chemin vers la ferme. C’est au début des années 1960 que les tracteurs ont changé radicalement le travail de la fenaison et de la moisson.
Le temps du battage collectif
Le jour de la batteuse
Commune dans les campagnes françaises vers 1890-1900 la batteuse était alors mue par une locomobile à vapeur ambulante développant généralement une force de 6 CV. La locomobile était lourde à déplacer. Il fallait un fort attelage pour la transporter d’une ferme à l’autre avant l’arrivée des tracteurs.
Ce moment important des travaux agricoles d’été qui demandait beaucoup de bras, donnait lieu à un travail solidaire entre voisins qui s’aidaient réciproquement pour louer une batteuse avec sa locomobile à un entrepreneur de battage. La batteuse était actionnée au moyen de poulies et de courroies par une machine à vapeur fixe. Ce système imposait de rassembler la récolte en un seul endroit généralement proche des bâtiments de la ferme.
La batteuse qui servait à battre les céréales pour séparer le grain et la paille a permis un énorme progrès dans l’agriculture. Les grains sortaient de la batteuse et un homme veillait au remplissage des sacs en toile de jute. Les plus costauds se retrouvaient porteurs de sacs sur leur dos en montant les escaliers jusqu’au grenier à grain. Dur travail collectif, la journée de battage se terminait autour d’un copieux repas festif préparé par les femmes.
La moissonneuse-batteuse automotrice en associant simultanément les deux opérations a permis un gain de temps et de productivité mais a mis fin à une pratique de travail collectif dans le monde paysan.
L’habitat intérieur représenté dans cette exposition est celui d’un petit espace du Cézallier Cantalien oriental qui touche à la fois le Puy-de-Dôme et le Velay. Le Cantal possède sans doute des intérieurs anciens bien mieux conservés que ceux présentés ici. Mais cette exposition constitue un regard patrimonial sur ce petit territoire de la Haute-Auvergne.
Depuis le milieu du XXème siècle, les changements économiques, techniques et culturels ont profondément transformé les hameaux et les habitats paysans traditionnels. Les maisons de pays ont changé de visage à l’intérieur comme à l’extérieur pour répondre à la fois aux exigences de la vie contemporaine et aux nouveaux modes de vie des familles.
Une maison n’est d’ailleurs pas un espace figé, son évolution, sa transformation au fil des générations fait partie de sa raison d’être.
C’est pourquoi, retrouver des espaces intérieurs anciens encore conservés est de plus en plus difficile malgré l’amour des vieilles pierres et des choses du passé de nombreux propriétaires du XXIème siècle.
Pourtant il est encore possible aujourd’hui d’imaginer les conditions de vie des générations passées en découvrant des intérieurs anciens préservés, rarement totalement, souvent adaptés aux nouveaux besoins du confort moderne. Mais ces traces du passé sont précieuses. Ce sont des histoires de vie racontées par des objets qui s’y trouvent encore et par des principes d’agencement des constructions issus d’une organisation familiale bien structurée depuis des siècles.
Une vingtaine de familles ont accepté d’ouvrir leurs portes pour un inventaire photographique exceptionnel qui a permis aux membres de l’Association Cézallier vallée de la Sianne d’inventorier un patrimoine familial insoupçonné toujours en place et qui rappelle les modes de vie de nos aïeux principalement dans la salle commune qui concentrait toutes les fonctions vitales de la famille : alcôves, cantou, ayguière, souillarde, mobiliers anciens utilitaires, traditions familiales, usages et coutumes d’Auvergne...
A travers cette restitution d’espaces intérieurs anciens encore conservés et des éléments du confort de 19ème siècle et de la première moitié du XXème siècle, c’est une vision sur un habitat et une vie quotidienne et sociale en sursis qui est mise en image avec plus de 400 photographies. Une invitation à entrer dans notre histoire locale !
1 Introduction : Humbles intérieurs paysans
2 Inventaire pour l’exemple : la ferme de La Pignade (Le Lac, Vèze)
3 La salle commune : pièce de vie de la maison paysanne (1)
4 La salle commune : une habitation pratique (2)
5 Le cantou : l’âtre de la maison cantalienne (1)
6 Le cantou : l’équipement (2)
7 La tablette du cantou : usages et convictions (3)
8 Le fourneau qui améliore la vie : du feu libre au feu enfermé (2)
9 L’avènement du fourneau de cuisine : la combustion domestiquée (1)
10 La cuisinière qui bouscule les habitudes (3)
11 L’apothéose du foyer de cuisson (4)
12 Le couchage dans la salle commune : alcôve et lit-clos (1)
13 Le couchage en lit-fermé (2)
14 Le lit-clos du vacher (3)
15 La chambre, le début de la maison moderne (4)
16 La souillarde : ranger et conserver
17 L’ayguière : un dispositif commode et astucieux
18 La fontaine-lavabo
19 L’horloge Comtoise : le temps qui court
20 La table tourtière (1)
21 La table tourtière : manger en commun (2)
22 La maie de ferme : faire son pain
23 Le coffre : ranger et conserver
24 L’enfilade de placards
25 Le buffet intégré : une logique d’agencement
26 Le buffet et ses variantes
27 L’armoire lingère : aisances paysannes (1)
28 L’armoire-coffre (2)
29 S’éclairer : du feu de l’âtre à l’électricité
30 Les objets de piété : la maison sous le regard de Dieu
31 La famille se raconte : imagier familial
32 Les objets utilitaires qui habitent la maison
ASSOCIATION