La statuaire des églises
Les églises et les chapelles de la vallée de la Sianne abritent de nombreuses statues, dont certaines sont classées ou inscritent au Monuments Historiques. Vierges et saints à découvrir...
A la suite du Concile d’Ephèse (431) qui proclame la double nature du Christ, divine et humaine, est affirmé que Marie est la Mère de Dieu (Théotokos),. Apparaissent dans l’art des représentations de la Vierge sur un trône de Sagesse, soutenant le Christ. La statue de Laurie en est un exemple.
Après l’important Concile de Trente pour l´Eglise catholique, la Vierge Marie est désormais reconnue comme Médiatrice de l´Humanité auprès de Dieu et est placée à un niveau plus élevé que ceux des saints chrétiens.
Une Vierge en majesté traduit un moment de la pensée religieuse chrétienne dans la tradition de l´icône byzantine.. Ce qualitatif a été donné à des sculptures romanes représentant la Vierge et l´enfant, mais aussi à des peintures italiennes dites « Maesta ».
L´Auvergne terre d´élection pour les Vierges en majesté
L´Auvergne a été très tôt une terre d´élection pour les Vierges en majesté. Ce type d´oeuvre en trois dimensions de l´époque romane a accompagné la grande activité spirituelle et un développement sans précédent du culte de la Vierge Marie. Les nombreuses statues créées attestent de cette vitalité, même dans les pays de montagne comme sur les bords du Cézallier.
L´origine des statues de la Vierge en majesté reste inconnue. La plus ancienne représentation est une gravure dans un manuscrit sur un inventaire du Xème siècle du trésor de la cathédrale de Clermont (Vierge en majesté d´Etienne de Clermont, Codex claromontensis, oeuvre de Grégoire de Tours, conservé à la Bibliothèque municipale de Clermont-Ferrand).
Groupes stylistiques
Les Vierges en majesté dans le Cantal appartiennent à trois groupes stylistiques qui ont été déterminés par les spécialistes Louis Bréhier et Ilène Hearing Forsyth
Style Vierges de Vauclair (Molompize) et Notre-Dame de Clavier (Moussages) :
Hiératisme des personnages, frontalité, axialité, fixité des regards, siège de Sagesse, plissé curviligne de la tunique de la Vierge, voile recouvrant la tête. Jésus avec un visage d´adulte, grave et sévère dépourvu d´expression.
Il s´agit probablement d´un atelier proche d´un grand centre urbain ou d´une grande abbaye. Ressemblance avec un élément du portail de l´église Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand.
Style Notre-Dame de Laurie :
Position asymétrique de l´enfant Jésus assis sur le genou gauche de Marie, surface plane du pallium qui ne forme des plis qu´à la hauteur du genou, coiffe en forme de capuche se fermant sous le menton, robe se terminant par un lé en pointe.
Style Vierge de la Chomette (près de Brioude)
Vierge vêtue d´une chasuble et d´un pallium
Caractéristiques des Vierges en majesté auvergnates
Majesté de Marie signifiée par sa position assise comme une reine portant Jésus qui bénit et sert elle-même de trône à son fils. C´est du 11 au 13ème siècle que l´Auvergne s´est spécialisée dans cette figure de la Vierge en majesté assise sur un trône. En fait un double trône qui fait de Marie portant son fils le trône de Sagesse de référence.
-Statue en bois polychrome non couronnée
-Position assise, signe de sagesse dans les plus anciennes cultures
-Marie aux longs doigts effilés, symbole de sainteté, entourant le corps de Jésus
-Trône de Sagesse : avec colonnes et arcades, architecture de la Jérusalem céleste
-Position hiératique de la Vierge et de l´enfant
-Symétrie générale
-Jésus à la taille d´un enfant qui arbore l´attitude du Christ portant un livre de la main gauche
-Geste de bénédiction de la main droite de l´enfant Jésus
-Cavité pour recevoir des reliques faisant de la statue un reliquaire
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(Sources :catalogue de l´exposition Les Majestés du Cantal 1992)
La statue de la majesté de Marie à Laurie, classée parmi les Monuments et Objets Historiques le 4 novembre 1908, a connu bien des vicissitudes au cours des siècles. Cette oeuvre d’un artiste auvergnat inconnu datée de la fin du XIIème ou du début du XIIIème siècle se présente sans doute aujourd’hui avec de notables différences.
En quelque 800 ans, les déplacements, l´exposition à l´humidité, l´action du temps sur le bois ont transformé l´oeuvre d´origine. La statue de l’église de l’Assomption à Laurie, objet de dévotion locale et de pèlerinage a aussi participé sans interruption à la vie spirituelle des croyants. L´aspect de la sculpture a donc aussi été marqué par les évolutions de la réflexion théologique concernant la Vierge Marie car pour l´Eglise catholique, l´oeuvre d´art est un signe qui renvoie vers autre chose qu´elle-même.
Une sculpture malmenée par les âges
La statue en bois polychrome mesure 67 centimètres de hauteur, dimension habituelle des Vierges en majesté romanes. Son visage fut peint en noir à la fin du Moyen-Age la faisant entrer dans la catégorie de Vierges noires du Cantal. Elle retrouvera son visage d´origine en 1833.
Au moment de sa restauration en 1952, le bras droit et la main manquante de la Vierge durent être entièrement refaits, et le restaurateur, soit par inspiration, soit par méconnaissance des impératifs des Majestés auvergnates, créa une main, raide et largement ouverte, au lieu de la ramener traditionnellement pour enserrer le corps de l´Enfant. La tête de celui-ci est également un emprunt. Le visage ingrat et boudeur ne ressemble probablement pas à l´expression d´origine.
1887 : une statue délabrée
La plus ancienne photographie de la Vierge de Laurie qui date de 1887 confirme les textes de l´époque qui décrivent une Vierge en bois à Laurie fort délabrée. L´image révèle en effet le mauvais état de la statue de la Vierge en majesté et de son enfant Jésus rafistolé ne valant guère mieux. L´on sait que durant des décennies, la statue du 13ème siècle a été exposée contre le mur nord de la chapelle l´endroit le plus humide de l´église. Il faudra attendre le milieu du 20ème siècle pour une véritable restauration, bien longtemps après le classement de l´oeuvre médiévale par les Monuments Historiques (1908).
La Vierge au sourire
Telle qu´elle se présente aujourd´hui, la Vierge de Laurie offre une version adoucie, gracieuse et humaine. La position asymétrique de l´Enfant, assis sur le genou gauche de Marie est nouvelle pour l´époque car d´habitude la position de Jésus est centrale. La surface plane du
pallium ne forme de pli qu´à la hauteur des genoux, recouvre la robe et se termine par un lé en pointe. La coiffe est en forme de capuche se fermant sous le menton, une particularité pour les Vierges en majesté du XIIème siècle.
La Vierge est assise sur un Trône de Sagesse. Une cavité dorsale de sept centimètres servait de reliquaire, deuxième fonction d´une Majesté de Marie. On remarque un cabochon de verre situé sous le col, une simple ornementation.
Le visage de la Vierge esquisse un sourire léger en regardant son fils. Pour Brigitte Mézard, Conservatrice des Objets et Antiquités d´art du Cantal dans une étude sur la sculpture lors de son exposition au Musée du Luxembourg en 1992, « s´il ne s´agit pas de l´invention du restaurateur, ce sourire est l´un des premiers témoignages des sentiments d´adoucissement des relations entre la Mère et le Fils dont les siècles suivants montreront le plein épanouissement... ».
Le type de statue de la Vierge en majesté est une mise en scène symbolique visant à définir l’autorité et la sagesse de la Vierge Marie. La statue de l’église de Laurie est forte en symboles pour les croyants du Moyen-Age : trône de sagesse, coussin, enfant Jésus sur les genoux, reliquaire...
Le trône de Sagesse : une représentation de l´autorité
De façon constante et universelle l´humanité a fait appel à des symboles récurrents comme celui de la représentation assise de l´autorité et de la sagesse.
Une Vierge en majesté est par définition assise sur un siège royal appelé « Trône de Sagesse » en référence à la sagesse du Roi Salomon décrite dans l´Ancien Testament.
Mais c´est surtout depuis l´Antiquité que le siège ou le trône sont le symbole spécifique de l´autorité des puissants. Il a été repris par l´Eglise catholique pour le trône Pontifical et le siège de l´évêque dans la cathédrale de chaque Diocèse
Au XII et XIIIème siècles, l´Auvergne s´est spécialisée dans cette mise en scène symbolique visant à montrer visuellement aux croyants du Moyen-Age l´autorité et la sagesse de Marie. Il s´agissait aussi de faire comprendre le rôle de la Vierge qui par sa position assise est reconnue comme reine portant son fils Jésus, lui servant elle-même de trône. Une Vierge en majesté est en fait un double trône.
Le trône de la Vierge de Laurie est un simple siège sans décoration, sans dossier, avec seulement un accoudoir figuré par quatre petites colonnes autrefois peut-être terminées par un motif sculptée aujourd´hui disparu.
Le symbole du coussin
Uniquement remarquée lorsque la statue est sortie de sa châsse-thabor pour le pèlerinage du lundi de Pentecôte, la Vierge de Laurie comme la plupart des Vierges en majesté est assise sur un coussin.
Depuis l´époque Romaine et les Empires d´Orient, le trône des souverains et des personnages divins était garni de riches coussins symboles de leur rang et de leur dignité. Tradition reprise par les artistes du Moyen-Age pour les représentations du Christ en majesté et des Vierges assises sur un trône.
Avec ou sans sceptre
Sur d´anciennes gravures, des Vierges en majesté tiennent un sceptre dans leur main droite, signe de l´autorité monarchique. La statue primitive de la Vierge de Laurie tenait-elle un tel objet ou sa main enserrait-elle l´enfant Jésus comme la plupart des Majestés de Marie ?
Certaines iconographies du 19ème siècle la montrent tenant un sceptre fleuri dans la main droite ? La mémoire collective peut-être, car dès le début du 19ème siècle la statue de Laurie en très mauvais état ne possédait plus de main droite. Ce n´est toutefois pas impossible car le poignet très éloigné de la sculpture de Jésus aurait dû être prolongé par une main disproportionnée.
Jésus sur les genoux de sa mère
Faisant corps à la statue de la Vierge, l´Enfant-Dieu qui fait de Marie son Trône de Sagesse, est présenté par une sculpture d´un petit adulte au visage ingrat restitué ainsi lors de la dernière restauration de 1952. Assis sur le genou de Marie il arbore une toge sobre. Son bras droit manquant devait traditionnellement bénir. Il tient verticalement un évangile fermé appuyé sur son genou.
Une statue reliquaire
La statue de Laurie possède sur le dos une cavité de forme carrée, d´environ sept centimètres probablement fermée à l´origine et destinée à abriter des reliques. On ignore quelles furent les reliques incorporées à la statue.
Le culte des reliques de saints a joué un rôle majeur à partir du XIème siècle et a constitué un des traits fondamentaux de la civilisation médiévale. C´est dans ce contexte que se sont développées les dévotions, les pèlerinages et la création des Vierges en majesté. Le culte des saints s´est largement identifié à celui des reliques notamment lorsque le christianisme gagna les campagnes. Les Vierges en majesté étaient donc elles aussi un reliquaire ?
Exposée dans l’église de l’Assomption le visiteur remarque inévitablement cette statue de la Vierge en bois polychrome du XVIIème siècle appelée Notre-Dame de Gloire.
Cette statue représente la Vierge debout portant l’enfant Jésus sur son bras gauche dans un pan de son manteau. Le sceptre dans sa main droite rappelle sa royauté spirituelle. La tête de la mère et celle de l’enfant se détachent sur de grandes auréoles de rayons d’or : une Vierge dans toute sa gloire, d’où son nom peu commun de Notre-Dame de Gloire.
Du XVe siècle jusqu’à la Révolution de 1789, Notre-Dame de Gloire de Laurie fut l’objet d’un culte fervent à Clermont-Ferrand et spécialement en l’Abbaye de Chantoin, où sa statue, apportée de Laurie par les moines, avait été installée dans un vieil oratoire situé dans l’enclos du monastère.
Parmi les textes anciens que l’on peut consulter aux Archives Départementales du Puy-de-Dôme, un texte daté du 19 décembre 1639 nous apprend que les Carmes Déchaussés avaient transféré l’Image de Notre Dame de Gloire, dite de Laurie, dans une chapelle située à l’autre extrémité de l’enclos, afin d’éviter que les fidèles ne traversent le cloître des moines. Le culte de Notre-Dame de Gloire de Laurie avait alors pris une telle importance à Clermont que le vieux monastère en avait perdu son nom pour devenir l’Abbaye de Notre-Dame de Laurie de Chantoin indique un vieux document de 1614.
On a perdu la trace de cette statue primitive vénérée en l’Abbaye de Chantoin dans la tourmente révolutionnaire.
Il semblerait que l’église de Laurie soit le seul sanctuaire en France où la Vierge Marie est honorée sous le vocable de Notre-Dame de Gloire où une tradition rapporte qu’un soir de Pentecôte les fidèles assemblés dans l’église de Laurie virent resplendir au sein d’une lumière éblouissante la Vierge et l’enfant Jésus qu’elle portait dans ses bras. Ils apparurent entourés de rayons lumineux, une gloire.
Saint Jacques est particulièrement honoré à la chapelle du hameau du Bru (Charmensac) notamment le 25 juillet chaque année. Depuis des siècles, des pèlerins en marche vers Saint-Jacques de Compostelle passaient sur la route du plateau du Bru, l’un des chemins secondaires du grand itinéraire et faisaient une pose à la chapelle dédiée à Saint-Jacques.
Statue en bois polychrome du 19ème siècle dénommée "Saint Jacques le Jeune" car c’est la statue du saint patron de la chapelle du Bru ’Charmensac) la plus récente. Elle mesure 70,5 cm de hauteur et 18 cm seulement d’épaisseur. Sans doute était-elle prévue pour remplacer l’autre statue de Saint-Jacques le Vieux partie intégrante du retable.
La chevelure et la barbe encadrent un beau visage paisible. La main droite s’appuie sur le bourdon où pend la gourde. La main gauche retombe naturellement cependant qu’elle tient le livre fermé.
La tunique, ceinte à la taille, se drape de plis réguliers. Le manteau, orné de deux coquilles à hauteur de la poitrine confère à la silhouette une grande dignité.
Cette œuvre, d’inspiration classique, sobre et élégante, date probablement de la reconstruction de la chapelle (1831).
Vers cette époque beaucoup d’artistes formés aux techniques du XVIIIe siècle dans leur jeunesse, ont enrichi les églises du Cantal d’œuvres de valeur.
Pendant tout le XIXe siècle la région sanfloraine regroupait d’excellents ateliers d’ébénisterie et de dorure.
C’est cette statue était portée en procession lors de la fête annuelle de Saint-Jacques le 25 juillet. Cette procession n’exite plus depuis le début des années 2010.
SAINT JACQUES LE VIEUX C’était la statue qui était portée autrefois en procession le 25 juillet, fête de la Saint-Jacques. La statuette qui mesure 70cm de hauteur a souffert du temps. Au début du XXème siècle les deux bras ont été remplacés. Autrefois, le saint s’appuyait sur un bâton muni de la gourde traditionnelle. La mauvaise restauration a totalement modifié l’aspect de la statue. (Voir la fiche sur le pélerinage)
Saint Jacques le Vieux intégrée au retable de la chapelle du Bru était la statue qui était portée autrefois en procession le 25 juillet, fête de la saint Jacques.
La statuette qui mesure 70cm de hauteur a souffert du temps. Au début du XXème siècle les deux bras du saint ont été remplacés. Autrefois, le saint s’appuyait sur un bâton muni de la gourde traditionnelle. La mauvaise restauration a totalement modifié l’aspect de la statue.
Depuis l’après-guerre, c’est la statue de saint Jacques le jeune qui était portée en procession le 25 juillet. La procession n’existe plus aujourd’hui depuis 2010.
Voir la fiche sur le pèlerinage
La statuette de petite taille dite Vierge de La Pironnée serait liée à une simple source couverte au lieu-dit La Pironnée, un village-ferme situé sur le plateau basaltique du Bru non loin du bourg de Charmensac.
Au 18ème siècle la célèbre carte de Cassini indiquait l’emplacement d’un château à La Pironnée. Aujourd’hui le hameau est compose de bâtiments d’une ferme traditionnelle en barriade et d’un imposant four à pain. A l’arrière, en plein champs se trouve une fontaine couverte par une émorme pierre plate qui affleure presque le sol. Il faut connaître aujourd’hui son existence pour y prêter attention. Cette source aurait abrité une statuette de la Vierge qui selon les circonstances aurait fait l’objet de rites populaires.
La statuette en noyer qui mesure seulement 17 centimètres de hauteur porte encore sa polychromie rouge et vert foncé. La Vierge porte un voile accroché par une broche mais qui laisse les cheveux à découvert. Elle porte traditionnellement l’enfant Jésus sur le bras gauche qui tient dans ses mains une pomme symbolisant le globe terrestre, l’attribut divin. L’attitude générale de la sculpture fait penser à une création du 17ème siècle, mais sans certitude.
Une tradition locale rapporte que par temps de grande sécheresse, la statue était transportée en procession à une source proche du hameau de La Pironnée pour y être plongée afin de faire venir la pluie. Cette statuette est conservée dans une famille de Charmensac.
La fontaine de La Pironnée
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien