Routes et chemins
Dans notre région, la voie de communication par laquelle s’est diffusée la romanisation, c’est la voie Brioude-Massiac-Figeac.
Cette voie antique secondaire franchissait la rivière Alagnon au gué de Grenier-Montgon, gagnait le Bru de Charmensac et filait vers le col de Combalut non loin d’Allanche.
Sur le plateau de La Bousseloeuf/Le Bru, des morceaux de cette voie romaine bordée de murets, sont toujours visibles.
On peut emprunter à pieds cet itinéraire en imaginant cette époque où le pays s’humanisait durant la "Paix romaine".
La vallée de la Sianne garde encore sur les plateaux, sur les côtes et les vallons, les traces de nombreux chemins bordés de murets en pierre sèche, témoins des paysages originels.
Nés de la créativité et de la patience des populations locales, les murets des chemins ont comme caractéristiques communes l’utilisation habile au cours des siècles des matériaux trouvés sur place, selon des modes d’appareillages très anciens.
Dans l’organisation de l’espace rural, les chemins avaient un rôle essentiel dans le découpage des parcelles et dans les modes de circulation des animaux et des hommes entre les villages et les zones de pacages.
Le territoire de la vallée de la Sianne possède toujours un important réseau de chemins ancestraux dont certains sont issus de la période de peuplement de la région.
Dans la première partie du XXème siècle, d’anciens chemins de liaison ont bénéficié d’aménagements modernes pour faciliter les communications. Malgré l’apparition de moyens mécaniques, une main d’oeuvre issue des hameaux environnants était importante.
La départementale du fond de vallée n’a pratiquement pas suivi les vieux chemins. On l’a créée de toute pièce sur la rive gauche de la Sianne.
D’abord élargis et empierrés, quelques chemins de liaisons entre les hameaux et le bourg ont été goudronnés dans les années 50 et 60.
Les anciens chemins étaient suffisamment larges pour le passage des chars à boeufs. La modification des pratiques agricoles, les nouveaux engins d’exploitation ont transformé les besoins de communication. Les anciens chemins sont devenus inadaptés et sont désormais voués à l’enbrousaillement. Un exemple sur le Plateau de la Bousseloeuf (Auriac-l’Eglise).
La commune d’Auriac-l’Eglise n’a pas bénéficié d’un remembrement systématique, mais des séries d’échanges ont été pratiqués notamment sur le plateau de la Bousseloeuf.
Aujourd’hui, l’élargissement et la masse des outils agricoles mécaniques, principalement les tracteurs, et la modification des pratiques agricoles, ont rendu la fréquentation difficile des anciens chemins d’exploitations.
Partout où les terres ont été remembrées ou rassemblées, de nouveaux chemins, plus larges et rigoureusement rectilignes ont fait leur apparition, contribuant à une nette transformation du paysage. C’est le cas sur le plateau de la Bousseloeuf notamment où désormais deux types de chemins, anciens et nouveaux se côtoient sur le même territoire.Les temps anciens et les temps nouveaux se lisent dans le paysage.
La Croix du Bucheron est implantée au carrefour des chemins venant de Blesle (vallée de la Voireuse), du Montignat, de Terret (vallée de la Sianne). C’est un lieu de promenade fréquenté offrant un panorama apprécié sur l’ensemble de la ville de Blesle d’un côté, et la fin de la vallée de la Sianne de l’autre.
Sur ce lieu ou est placée une croix sur un imposant socle, accessible après une courte mais raide montée, on peut rencontrer des randonneurs à pieds ou à cheval, en vélocross, des amateurs d’ornithologie venant observer des rapaces aux jumelles, des familles avec leurs enfants. Déjà des cartes postales du début du 20ème siècle utilisaient ce site comme point de vue.
La tradition locale veut que les émigrants saisonniers qui partaient de Bousselargues, et parfois de Blesle vers Bordeaux pour y effectuer des travaux de ramonage durant l’hiver, soient partis par le chemin du Bucheron. Arrivés vers la croix, ils se retournaient alors et "se demandaient s’il ne serait pas trop long d’attendre jusqu’au printemps suivant pour revoir son village ». Cette anecdote, entendue à plusieurs reprises, fait du col du Bucheron, à cheval entre les deux vallées, un point limite au-delà duquel on ne voit plus le village
Cette notion de passage attachée au lieu se retrouve dans une légende rapportée par des vieilles personnes de Blesle Elisabeth Segret : la délivrance de l’âme du "prêtre-fantôme de Notre-Dame de la Chagne", (chapelle visible de la croix du bucheron) est matérialisée dans ce récit par la naissance au col du Bucheron d’une énorme étoile filante qui zébra le ciel et disparut.
Site d’observation, carrefour de chemins, lieu de rendez-vous de générations d’adolescents, le col du Bucheron est un point-frontière, au-delà duquel on passe "ailleurs". Faut-il s’étonner alors que le lotissement de la Bessière construit vers 1970, séparé de Blesle par le col du Bucheron, soit défini comme n’étant "pas le même pays", bien qu’étant aménagé sur des terrains appartenant au finage.
De même on peut alors comprendre, qu’après avoir été reportés maintes et maintes fois, le projet de liaison piétonne du bourg de Blesle à la Bessière par le Bucheron ait été abandonné au profit d’un itinéraire beaucoup plus long mais circulant en fond de vallée et assurant une certaine "continuité urbaine".
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Sources : extrait de l’étude de l’Inventaire Général en Auvergne par Bruno Ythier (1995) Inventaire des terrasses du canton de Blesle en Haute-Loire
PATRIMOINE
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Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
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L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
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Les symboles sur le bâti ancien
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Les toitures du Cézallier cantalien