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Patrimoine
Le Bâti
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Les symboles sur le bâti ancien

La découverte des symboles sur le bâti de la vallée de la Sianne et du versant oriental du Cézallier est une invitation à entrer dans la pensée symbolique des populations qui ont vécu au 18ème et au 19ème siècles.
Les symboles ont été utilisés à toutes les époques car ils ont la propriété exceptionnelle de synthétiser dans une expression toutes les influences de l’inconscient et de la conscience, ainsi que les forces instinctives et spirituelles.

EVOCATION
Comprendre le sens perdu des symboles
Comprendre le sens perdu des symboles

Les symboles qui ont résisté aux transformations modernes des habitats font désormais partie de notre patrimoine. Ces images rituelles encore visibles aujourd’hui appartiennent à la mémoire de nos campagnes et méritent d’être conservées et protégées.

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Le regard sur les rites et les symboles dans le bâti ancien veut donner l’occasion d’élargir l’évocation des caractéristiques patrimoniales de la vallée de la Sianne et du versant oriental du Cézallier.

Les différents thèmes qui ont été répertoriés ces derniers années permettent de se familiariser avec les symboles utilisés par les populations des siècles passés, d’en comprendre le sens, d’être capable par soi-même de déchiffrer quelques énigmes sur le bâti du pays. En tout cas, connaître certains aspects du sens perdu de la pensée symbolique du monde rural d’hier.

Quand on comprend le sens caché des choses anciennes, il est plus aisé d’agir pour le protéger. Cette présentation veut nous y encourager.


MEDIATION
Entrer dans la pensée symbolique des anciens
Entrer dans la pensée symbolique des anciens

Dans cette région de Haute-Auvergne, sous la diversité de leurs formes et de leurs interprétations, les symboles sur le bâti ancien de la vallée de la Sianne remplissent une fonction médiatrice entre le ciel et la terre, le réel et le rêve.


Les symboles sur les maisons traditionnelles établissent des rapports extra-relationnels, imaginatifs entre les différents mondes, cosmique, humain et divin.
C’est pourquoi, le propre du symbole est de rester indéfiniment suggestif. Chacun y voit ce qu’il veut. Les symboles disent ce qui ne peut être appréhendé autrement.

Partout sur les anciennes maisons rurales d’habitation figurent en décor es thèmes de la protection et de la sécurité, le respect des êtres supérieurs, la relation entre le ciel et la terre, la lumière et les ténèbres, le bien et le mal, Dieu et le diable.
Grâce aux symboles, les anciens ne se sentaient pas en dehors de l’univers, ce monde inconnu et inquiétant. Mais le facteur le plus puissant du décor symbolique sur le bâti ancien reste sa fonction socialisante car il met en communication avec le milieu social.

A toutes les époques les symboles ont eu la propriété de synthétiser visuellement les influences de l’inconscient et de la conscience, ainsi que les nombreuses forces instinctives et spirituelles.

Protection des granges et des étables aussi

Dans la société rurale des siècles passés, protéger ses récoltes et ses bêtes était aussi important que le bien être de sa famille. Les mêmes décors protecteurs, les mêmes codes se retrouvent donc sur les portes des granges et des étables, annexes faisant très souvent bloc avec la maison d’habitation en Haute-Auvergne/ petites pattes d’animaux, buis bénit le jour de la fête chrétienne des Rameaux, croix gravées ou peintes à la chaux, losange symbole de la fécondité...


DONNER DU SENS
Des maisons chargées d’intersignes
Des maisons chargées d’intersignes

Les populations d’autrefois étaient convaincues qu’un monde inquiétant se cachait derrière le monde visible. Elles mettaient d’emblée les demeures à l’abri des forces mauvaises par une série de procédés magiques et religieux.

La société rurale vivait en communion permanente avec le milieu naturel qui lui fournissait matériaux et subsistances. Mais ce milieu était très mal maîtrisé, difficillement compris, souvent dangereux.
Il fallait donc trouver les moyens de se prémunir contre toutes les menaces ambiantes, neutraliser les maléfices et les forces obscures qui rodaient. La maison traditionnelle s’est ainsi chargée d’intersignes dont certains ne laissent aucun doute sur leurs fonctions et leurs significations.

Tous les décors encore visibles aujourd’hui sur le bâti ancien du Cézallier sont ainsi le produit d’une mentalité, d’émotions, de croyances. Impuissants à expliquer et à contrôler les phénomènes naturels, assaillis par leurs peurs, les populations rurales se sont réfugiées dans un mode de pensée souvent irrationnel qui ont imprégné durablement les décors des constructions.

Les anciens pensaient qu’il était possible de se préserver du malheur et des forces qu’ils ne maîtrisaient pas. Face aux dangers qui les entouraient, ils ont développé un ensemble de croyances.

L’épaisseur des murs des maisons ne suffisait pas pour protéger la famille, la plupart des décors et signes protecteurs ont été placés à proximité des ouvertures. En ayant ces pratiques, les populations rurales poursuivaient ce que faisaient depuis la nuit des temps les humains de toutes les civilisations de la planète.

 La quille renversée et sa fonction symbolique de la croissance et de la prospérité

AFFIRMATION DU DROIT
Les marques de propriété
Les marques de propriété

Pour affirmer son droit sur la maison d’habitation ou sur les bâtiments d’exploitation, les constructeurs faisaient figurer dans la pierre leurs initiales dans un endroit bien visible de tous. Généralement celles-ci figuraient près des ouvertures principales de la maison d’habitation.

Cartouche sur le linteau d’une porte d’entrée avec le nom, prénom et date de construction (Hameau Le Bru, Charmensac)

Sur ces marques de propriétés, les propriétaires indiquaient parfois leur nom ou le plus souvent les initiales du couple avec la date de construction. 

Par ailleurs, lorsqu’une famille construisait sa maison, elle n’imaginait pas d’autres occupants que sa propre descendance. Autrefois on ne bougeait guère, et la transmission du patrimoine était inscrite dans l’ordre des choses. On n’hésitait donc pas à mettre en avant son patronyme sur son habitation ; une signature en quelque sorte.


 Marque de propriété avec nom, prénom du chef de famille, symbole de la croix (hameau de Rezonzou, Charmensac)


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Initiales des propriétaires placées entre la date de construction et entourées de plusieurs symboles forts : le coeur, la croix et le soleil rayonnant (hameau de Lussaud, Laurie)

CONSTRUIRE POUR DURER
Les dates de construction (1)
Les dates de construction (1)

La pratique de dater sa maison, qui n’est pas spécifique à la Haute-Auvergne, a pratiquement disparu depuis le premier quart du XXème siècle. Mais les dates de construction sont encore extraordinairement nombreuses sur le bâti le plus ancien dans la vallée de la Sianne et plus généralement dans tous les hameaux du Cézallier.


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La datation visible sur sa maison avait pour objectif dans la tradition des anciens d’inscrire son foyer dans le temps. On trouve donc encore sur le bâti ancien des marques diverses pour indiquer aux passants, de manière durable la date de construction de l’édifice, parfois celle de son agrandissement.

Les restaurations et agrandissements intervenus dans la seconde partie du XXème siècle ont souvent consisté à élargir les ouvertures des portes et des fenêtres. Ces travaux ont nécessité le changement des linteaux d’origine devenus trop courts pour prendre appui sur les jambages et fréquemment remplacés par une barre en béton.

Attestant de leur ancienneté, de nombreux bâtiments conservent des dates dont la gravure est devenue presque illisible, trop exposée depuis plus de 150 ans aux intempéries.
Sur certaines maisons, les occupants actuels ont voulu bien faire apparaître ce témoignage lapidaire par une mise en peinture de la date.

Mais le bâti ancien du Cézallier conserve encore beaucoup d’inscriptions diverses à découvrir.


INSCRIRE LA MAISON DANS LE TEMPS
Les dates de construction (2)
Les dates de construction (2)

Sur notre territoire peu de bâtiment possèdent des dates de construction antérieures au 19ème siècle. On remarque toutefois ici et là sur de très vieilles bâtisses paysannes quelques inscriptions de la fin du 18 ème siècle.

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Si beaucoup de maisons anciennes ont aujourd’hui disparu, l’on sait toutefois que l’explosion de la construction en pierre liée à l’enrichissement des campagnes a suivi la Révolution, comme l’a décrit avec brio le capitaine Boudon dans son livre "La terre sacrée" sur le hameau de Fraissinet et la Bastide sur la commune d’Auriac-l’Eglise.

On constate généralement que la date mise en valeur sur la maison d’habitation (maison bloc) n’est pas la même que celle de la porte des écuries, bâtiment souvent construit dès que les propriétaires en avaient les moyens. Quand la différence de date est importante, il peut s’agir alors d’une réutilisation ou d’une construction tardive due à un rallongement ou agrandissement successif de la propriété.

Ou sont placées les dates de construction

Si certaines dates sont discrètes, la plupart s’imposent au regard par son emplacement sur la maison ou ses dépendances. Ces dates de construction sont placées généralement sur les façades principales . Les chiffres sont de style romain. Quelques exceptions en chiffres gothique. Elles figurent sur
- linteau de la porte d’entrée
- linteau de fenêtre
- clé de voûte en anse de panier des écuries et des granges

Dans la majorité des cas la pierre qui porte la date de construction se situe sur la partie haute de l’encadrement, centrée sur le linteau ou décalée sur le côté lorsqu’elle est associée à un anthroponyme ou des initiales.

La clé de voûte, pierre pour dater l’étable

Sur les grands arcs des portes de grange, la date figure systématiquement sur le voussoir autobloquant, technique significative des grandes portes de granges du 19ème siècle.



Techniques de gravure

Plusieurs types de gravures ont été répertoriés sur le bâti ancien de la vallée de la Sianne :

-gravure en creux sans fioriture
- gravure en creux avec cartouche à contour gravé ou sculpté,
- gravure simple en creux sur la face aplanie de la pierre
- date et nom gravés dans deux cartouches différentes
- cartouche soulignée par un liseret obtenu en gravant en creux une fine rainure légèrement en retrait du bord.
- gravure accompagnée de symboles (coeur, feuillage, soleil, croix latine, rouelle...)


PIERRES TRAVAILLEES
Les linteaux historiés
Les linteaux historiés

Rites ancestraux et rites chrétiens se sont mélangés pour marquer les habitations d’une série de signes bien visibles pour toute la communauté villageoise. Nous avons encore la chance de pouvoir admirer ces pierres travaillées avec talent dans la plupart des hameaux du Cézallier. Ils témoignent de l’art populaire de la Haute-Auvergne.

Des linteaux très bavards 
Les linteaux de portes sont de véritables livres ouverts qui racontent les rites et les croyances laissés par les populations d’autrefois. Ils témoignent aujourd’hui encore de tout un ensemble d’éléments sur l’identité culturelle de la vallée de la Sianne depuis 200 ans, ainsi que des informations directes sur les occupants des plus anciennes maisons.

 

Des marques de protection
Les propriétaires des maisons ne se sont pas contentés d’inscrire leurs noms sur le linteau de la porte d’entrée principale, mais ils ont souvent complété cet espace par des élément décoratifs et surtout par des signes religieux et profanes : la croix, le coeur, le laurier, la rouelle, le soleil rayonnant, la marguerite, la spirale...

Les symboles que l’on retrouve encore sur certaines maisons,  marquaient la volonté des anciens de protéger leurs habitations, d’opposer un rempart au mal, d’attirer la prospérité, la fécondité, l’abondance des récoltes, la vigueur du bétail...

Le laurier : symbole de l’immortalité et de la puissance. Il passait autrefois pour protéger de la foudre.
La croix : signe fort pour écarter le danger, symbole protecteur contre toutes les forces maléfiques.
Le coeur : symbole universel de la fidélité et du bonheur du foyer. Porte-bonheur.
-La spirale : symbole du mouvement permanent de la vie et la fécondité, l’accomplissement de soi, la croyance dans la vie éternelle
Le soleil rayonnant : source de vie qui répand son énergie fécondante, symbole de la durée, de la résurrection et de l’immortalité.
L’équerre : symbolise l’espace, l’équilibre et le respect des lois et des règlements.

 

CYCLE DE LA VIE
La spirale
La spirale

La spirale est un symbole de continuité. Elle représente les rythmes répétés de la vie, le caractère cyclique de l’évolution. Motif ouvert, elle manifeste l’optimisme. Il n’est donc pas étonnant de la retrouver sur les linteaux de porte d’entrée des habitations et des étables. Présente dans de nombreuses cultures anciennes, la spirale était souvent gravée par les celtes sur les monuments mégalithiques.

La spirale ionique est l’un des cinq ordres d’architectures. Fréquente dans le règne animal et végétal, la spirale évoque l’évolution d’une force, d’un état. Elle peut représenter le point d’énergie et le caractère cyclique de l’évolution.
Dans la campagne cantalienne fortement marquée par la tradition chrétienne, il n’est pas étonnant de trouver la spirale sur l’endroit le plus significatif de la maison. La spirale représente le souffle de la vie qui « englobe l’humain et le tire à Dieu tout à la fois ».
La spirale est le contraire du labyrinthe, c’est un motif ouvert qui marque donc de la part de l’occupant de la maison un « esprit ouvert ». On la retrouve donc de différentes façons sur le bâti ancien, principalement sur la porte d’entrée parfois déclinée de façon spectaculaire ou monumentale.

FECONDITE
Le losange
Le losange

Sous son apparence insignifiante, le losange cache en fait une préoccupation essentielle des anciens, celle de la fécondité de la famille et celle du troupeau. Symbole de cette richesse désirée, le losange apparaît sur de multiples panneaux et linteaux de porte d’entrée des anciennes maisons rurales.

La porte, élément indispensable de la maison a aussi valeur de symbole. Elle représente à la fois protection du foyer et ouverture sur le monde. Elle s’est donc enrichie de motifs décoratifs et de symboles forts comme le losange qui orne de nombreux panneaux de portes d’entrée.

Figure protectrice la plus répandue sur les portes, le losange exprime la recherche d’une protection magique. En effet, symboliquement le losange c’est la porte d’entrée et de sortie du monde. Il peut donc être interprété comme une naissance ou comme une mort, comme passage, comme symbole du sexe féminin...

La fécondité du troupeau : un enjeu existentiel

Dans le monde rural d’autrefois, il n’y avait pas que la descendance humaine qui représentait une richesse. L’importance du troupeau était une préoccupation permanente.

Le symbole du losange s’est tout naturellement étendu aux portes des étables, toujours mis en évidence sur le linteau de l’entrée principale.
Voici un bel exemple au hameau de La Tour (Vèze) où le losange est l’élément central sur la clé de voûte d’un linteau appareillé en arc.

La source de vie

La figure du losange, signe fort de fécondité bien marqué sur le bâti ancien, et d’une manière plus générale porte-bonheur, est parfois accompagnée d’autres symboles. Souvent le losange est renforcé en son centre par un cercle, deuxième symbole fondamental.

Vivre, mourir, renaître, tel est le grand principe de ce cercle, sorte de roue du destin ou de la chance, d’où partent des rayons semblables au soleil source de vie.

Tout dans l’agencement de cette sculpture sur un panneau de porte d’entrée d’une habitation convergne vers le symbole de la fécondité.

En passant devant une porte d’apparence banale, on est loin d’imaginer tout son sens.

Quand la ferronnerie joue un rôle

Participant au décor de la porte, il est logique de trouver des ferronneries prolongeant le dispositif symbolique de la maison traditionnelle.

La poignée, élément stratégique de la porte facilitant son ouverture, renforce ici le rôle magique du losange. Décor, très fréquent sur de nombreuses portes anciennes.

BOUCLIER MAGIQUE
La croix
La croix

La croix surmontant le toit des maisons couvertes en lauze est l’un des grands thèmes traditionnels de protection que l’on trouve en Haute Auvergne. Mais les dernières croix de pierre ont tendance à disparaître petit à petit lors des modifications des vieilles toitures en lauze.

Toutefois, on repère encore ici et là ce symbole de protection sur des maisons traditionnelles des bourgs et de leurs hameaux à Molèdes, Lussaud, Fournial, Charmensac, Peyrusse, Escrouzet, Serre, Le Bru, Vèze...

Double croix sur une maison
du hameau d’Escrouzet

UN REMPART PROTECTEUR
Malgré les apparences, les croix sur les vieux toits étaient avant tout considérées comme un signe fort pour écarter le danger et non pas comme on pourrait le croire d’emblée comme le symbole d’affirmation de la foi des propriétaires. Frustres ou sophistiquées, les croix de pierre étaient dressées comme un rempart protecteur contre la foudre et l’incendie, les maladies et les épidémies.


CROIX REPOUSSE DIABLE

Pour les populations d’autrefois, toutes les ouvertures étaient considérées comme des endroits sensibles.
Malgré sa taille modeste, le symbole de la croix sur une poignée de porte (hameau d’Escrouzet, Molèdes), où sur un heurtoir (Vèze), n’avait comme d’autre fonction que d’assurer un écran efficace contre toute intrusion démoniaque dans la maison.

Sur les modestes demeures, la protection espérée était assurée par une simple croix tracée à la peinture directement sur la porte (Hameau du Bouchet, Auriac-l’Eglise).

La croix protectrice ne se trouve pas uniquement sur les toitures. Elle figure également gravée de différentes façons sur les linteau de portes, de fenêtres, de portes de granges... On la trouve aussi insérée directement sur la façade de certains bâtiment (Le Bru et Serre).


LA CROIX UN SYMBOLE TRES ANCIEN
Mettre un croix sur sa maison n’était pas une démarche anodine. Depuis la haute-antiquité, la croix est le troisième de quatre symboles fondamentaux, avec le centre, le cercle et le carré. Elle établit une relation avec les trois autres. Elle est donc le symbole de la totalité du monde.

La croix est l’un des symboles les plus beaux et les plus anciens. Avant de devenir le signe de reconnaissance des chrétiens, puis leur symbole, la croix fut utilisée par les hommes pour représenter une orientation dans l’espace. Elle symbolisait aussi la réunion de deux fois deux points, deux mondes ou deux forces opposés et croisés : le haut et le bas, ciel ou l’enfer.

L’iconographie chrétienne s’en est emparée pour exprimer la mort du Christ aussi bien que sa présence, enrichissant ainsi la symbolique de la croix en condensant dans cette image pour les croyants « l’histoire du salut et de la passion du sauveur ».

ENTRE TERRE ET CIEL
Les épis métalliques
Les épis métalliques

Dans les traditions anciennes, le symbole général de l’épi fut la croissance et la fertilité. Outre leur fonction symbolique, les épis de faîtage sont devenus un élément d’embellissement, un véritable art populaire.

L’épi de faîtage trouve son origine dans la protection du pourrissement du poinçon qui dépasse nécessairement des charpentes « en croupe ». Traditionnellement depuis la dernière moitié du 19ème siècle, on a habillé le faîtage des toitures d’ardoises des maisons bourgeoises à l’aide d’épis en plomb, cuivre ou zinc.



DECORS TYPIQUES DES EPIS METALLIQUES
DANS LA VALLEE DE LA SIANNE

- Le socle est généralement fait d’une pyramide tronquée ou d’un cube surmonté d’un balustre sur lequel reposent pommeaux ou bulbe côtelée.

- Certains épis reproduisent des tiges garnies de fleurs stylisées au calice ouvert.

- Beaucoup d’épis sont surmontés du symbole astral de la boule aux couleurs variées.

- La complexité de l’épi est toujours directement liée à la richesse de la construction qui le porte.

ENTRE TERRE ET CIEL
L’épi de pierre
L’épi de pierre

L’épi est une sorte de « pierre levée » miniaturisée, dressée par les occupants des maisons pour éloigner le malheur, attirer la prospérité et la fertilité, marquer les relations indissociables entre le ciel et la terre.

Par sa forme particulière, la pierre taillée par l’homme peut prendre un caractère magique ou mystique.
Souvent rudimentaire, sans aucune valeur esthétique, simple bloc dégrossi, l’épi coiffe les pignons à redent des anciennes maisons couvertes en chaume. Il prend parfois la forme d’une quille renversée, placée à l’extrémité du faîtage. L’épi de pierre orne également les souches de cheminée.

LA QUILLE RENVERSEE

L’EPI SIMPLE BLOC DEGROSSI
"UNE PIERRE LEVEE"

A la pierre se rattache la croyance dans la durée, en la prérénité des choses. L’homme s’est de tout temps identifié non pas à la pierre, mais dans la pierre en y gravant ou bien en y mettant un caractère symbolique.
Le bloc dégrossi qui coiffe souvent les pignons de d’anciennes maisons, de cheminées...Une sorte de "pierre levée" des temps anciens, celui des menhirs et des dolmens.

CODES
Les girouettes
Les girouettes

Ce n’est véritablement qu’au 18ème siècle que la girouette s’est popularisée. Depuis, quelques beaux spécimens ont résisté au temps et couronnent toujours les plus anciennes bâtisses bourgeoises du Cézallier. Les girouettes reviendront-elles sur les toits de nos maisons et discrètement nous faire oublier leur pire ennemie : l’antenne de télévision et la parabole satellite ?

Au Moyen-Age, les girouettes étaient une marque de distinction réservée aux nobles, un symbole du pouvoir aux formes codifiées. La noblesse avait le privilège d’en couronner les tourelles de ses châteaux et de ses maisons fortes.
Durant cette époque, les girouettes ressemblaient à des oriflammes. En 1791, un décret de la Révolution aboli le droit seigneurial et exclusif d’avoir des girouettes sur les maisons. Chacun pouvait désormais en placer librement à son gré et dans les formes qu’il voulait.

La girouette étendard sur la Mairie de Laurie

Les deux girouettes dominant la minuscule mairie de Laurie (1909) sont pour le moins surprenantes sur un édifice de la République.

En effet, l’étendard sur une girouette est un symbole nobiliaire. Mais l’étendard, c’est aussi le signe du commandement, celui du ralliement. N’est-ce pas d’une certaine façon l’héritage du pouvoir communal depuis la Révolution ?

 

 

REMPART MAGIQUE
Le fer écorché
Le fer écorché

De rares maisons de Haute-Auvergne arborent encore des nœuds de sorcières (deux C accolés dos à dos). Ces pièces de fer dont les aspérités sont pointées vers l’extérieur, protégeaient les petites ouvertures. On les appelle aussi « écorche loup ».

Fer écorché caractéristique avec ses deux C accolés obstruant le passage aux mauvais génies dans l’imposte d’une porte d’entrée (hameau d’Anliac, Laurie)

Connaissant la malignité des forces diaboliques et des jeteurs de sorts, les anciens se défendaient en multipliant les remparts magiques. Toutes les ouvertures de la maison et des bâtiments agricoles étaient considérées comme vulnérables. Il fallait donc les protéger par des signes forts contre d’éventuelles agressions extérieures, réelles ou imaginaires.

Pour barrer l’imposte d’une porte d’entrée d’une maison, d’un oculus ou d’un fenestrou on plaçait un fer écorché appelé aussi noeud de sorcière ou écorche loup. Ces pièces de fer avec deux C accolés dos à dos représentant les cornes d’un bouc, dont les aspérités sont pointées vers l’extérieur, protégeaient les petites ouvertures. Cette défense fréquemment utilisée sur le bâti rural est aussi très présente dans le milieu urbain notamment à Murat et Saint-Flour.
Outre sa fonction sécuritaire pour empêcher le passage d’un intrus dans le logis ou la grange, il symbolisait par extension une protection à l’esprit malin et le diable.

Le bouc, associé au diable depuis le Moyen-Age

Les attributs du bouc et notamment ses cornes sont ceux qu’on a associé plus souvent au diable. Le bouc a de longues cornes en forme de lyre. Il charge quand il protège son troupeau. Il est associé au combat, au sacrifice, d’où l’expression « bouc émissaire ».

Traditionnellement, image de la luxure et l’abomination, le bouc a pris sa force au Moyen-Age lorsqu’on a associé et représenté le diable sous la forme d’un bouc. Ainsi, devenu animal fétiche, symbolisé par un morceau de fer capte ici le mal, protège des influences pernicieuses, capte tous les malheurs du dehors et les empêches d’entrer dans la maison.

Une ferronnerie exceptionnelle utile et symbolique


Cette ferronnerie de volet, décorative à première vue, est à la fois un fer écorché et un repousse-diable, avec le symbole de la tête de bouc reproduit le long de la ferrure. Si habituellement le fer écorché est utilisé pour empêcher d’entrer dans la maison, il rempli ici uniquement son rôle symbolique contre les forces du mal.
La tête de bouc, image de Satan, est particulièrement symbolisée par le triangle accompagné de deux cornes et prolongé d’une pointe frontale. C’est une pièce exceptionnelle sur une maison du bourg d’Auriac-l’Eglise représentative des croyances d’autrefois contre les mauvais génies, les sorciers, les dracs, le diable...

Fenestrou de l’étable du buron de Moudère (Vèze)

ASSURER LE LIEN
Le noeud
Le noeud

Les significations du nœud sont diverses : symbole d’union, signe de vie, protection. Le nœud ou la corde entourant un oculus est souvent interprété comme un moyen de défense.

On se protégeait contre les animaux sauvages, les maladies et les sortilèges, mais aussi contre les démons et la mort qui rôde.
Dans la littérature et l’art religieux, le noeud symbolise la puissance qui lie ou délie. La corde nouée révèle elle, d’une façon générale, de la symbolique de toute forme de lien et possède des vertus secrètes et magiques.

VEILLEURS DE PIERRE
Les têtes humaines
Les têtes humaines

Parmi le décor symbolique présent sur les maisons anciennes, le veilleur de pierre est parmi la représentation la plus énigmatique. Son rôle est mal connu. Il s’inscrit en tout cas dans la panoplie des signes visbles de protection sur le bâti ancien de Haute-Auvergne.

Veilleur sur une maison au hameau du Bru (Charmensac)

Dans l’antiquité déjà on croyait que la tête, partie la plus noble du corps humain avait le pouvoir de conjurer le mal. Les celtes donnaient à leurs habitations des décors représentant des figures humaines pour repousser les mauvais esprits.
Anthropologues et historiens s’accordent pour reconnaître aux têtes sculptées sur les anciennes maisons rurales une fonction protectrice issues de ces anciennes croyances. On en trouve encore sur quelques maisons anciennes situées aux angles des constructions ou sur les façades. 

Ces têtes humaines énigmatiques ne s’imposent pas au regard à cause de la modestie de leur taille. Le visage asexué, sans chevelure, à la physionomie impassible, exprime la veille et la sécurité. 

Un rappel des génies bienfaisants

Veilleur discret (hameau du Bru, Charmensac)On peut passer près d’une tête protectrice sans la remarquer. Le symbole qu’elle représente n’avait pas pour but d’être particulièrement visible aux yeux de la communauté villageoise. C’est pourquoi ces sculptures de pierre sont insérées dans un endroit quelconque de la maçonnerie de la maison.t

La petite scupture sur la photo ci-contre respecte la tradition puisqu’elle est placée dans un angle du mur de la maison de l’ancien forgeron du hameau du Bru (Charmensac)

La petite taille de ces représentations de faces humaines aura été fatale pour beaucoup d’entre elles. Lors des rénovations des bâtiments et de la mode des enduits en ciment sur les façades, beaucoup de têtes protectrices ont disparu. Elles sont donc très rares aujourd’hui en Haute-Auvergne.

Selon les spécialistes de l’architecture rurale, on peut rapprocher ces sculptures de pierre des génies bienfaisants, garant de la sécurité et du bonheur de la famille, qui prenaient place dans les maisons romaines, puis gallo-romaines. 

Les tailleurs de pierre de l’art roman utiliseront aussi les formes humaines sur les édifices religieux, notamment sur les modillons de nos églises rurales.

Le veilleur de la dernière demeure


Le veilleur du cimetière de la commune de Molèdes reste une énigme. A-t-il été placé sur l’angle du mur du cimetière en bonne connaissance de sa symbolique, ou provient-il d’une maison démolie et placé là sans en connaître le sens ? Il trône et veille désormais sur la dernière demeure des habitants du village. Une présence troublante.

Le visage comme symbole et signe visible

Cette simple sculpture décline les principaux traits d’un visage qui veille sur l’ouverture d’une grange (hameau Le Vau, Charmensac)

Sous la toiture : le corbeau-veilleur


Sur l’ancienne maison rural du Cantal pour supporter le débord de la toiture en chaume ou en lauze, le corbeau était un élément le plus fréquemment utilisé au sommet du mur. Si les visages de pierre sont fréquent sur les corbeaux-modillons des églises, ils se retrouvaient plus rarement sur les maisons. Celui que l’on peut voir sur une maison d’habitation du 18ème siècle au hameau d’Allagnon (commune de Molèdes), est placé dans l’axe de la porte d’entrée. Il prend ici tout son sens de veilleur.

RITUELS
Les dépouilles animales
Les dépouilles animales

Depuis la plus haute-antiquité, on utilise la dépouille animale, symbole de puissance, pour protéger les habitations et les bâtiments agricoles, et pour se concilier les forces qui habitent la nature.

Rites ancestraux relatifs à la puissance et aux vertus des animaux 

Un grand nombre de croyances relatives aux bêtes ont connu et connaissent encore une incroyable longévité. Les animaux sont les symboles des principes et des forces cosmiques, matérielles ou spirituelles. Les populations rurales les ont affublé d’ailleurs de vices ou de vertus sans relation avec leur vie réelle.

Si aujourd’hui les animaux ne sont plus sacrifiés vivants pour s’assurer une protection magique, certaines vieilles croyances ont la vie dure. Elle manifestent la permanence de l’histoire du monde rural, celle de la charge symbolique de certains animaux que les hommes ont depuis toujours l’habitude de rencontrer, d’observer, de chasser.

Aussi il n’est pas rare de voir dans la vallée de la Sianne (où il y a de nombreux chasseurs), clouées sur les portes des granges et des étables, des pattes de sangliers, de chevreuils, de biches, des cornes de bovidés...Mais aujourd’hui cette habitude relève plus du trophée que d’une tradition assumée.


L’exposition des dépouilles animales sur les portes dans les zones rurales où la chasse est très pratiquée, perpétue une tradition et plus du tout des croyances de protection

L’ANNONCEUR DU JOUR
Le coq des clochers
Le coq des clochers

Le coq s’est imposé au dessus des clochers à partir du XIème siècle. Sa petite forme se prête admirablement bien à la prise du vent avec sa large crête et sa queue aux larges plumes. Il est présent comme partout en France sur les clochers des églises de la vallée de la Sianne.

Le coq annonce la fin de la nuit, la venue du jour. Il devient dès les premiers siècles de notre ère le héraut de la chrétienté, en raison de son rôle lors du reniement de l’apôtre Pierre, qu’il a ramené sur les chemins de la fidélité.

Le coq est l’animal qui appelle l’aurore, il deviendra donc le symbole de la résurrection puisqu’il semble avoir le pouvoir chaque matin de faire renaître le soleil après sa mort nocturne. On comprend donc pourquoi le coq domine la plupart des clochers des églises de France, indépendamment de son rôle d’indicateur météorologique.

Coq sur le clocher de l’église de Laurie


DEVOTIONS POPULAIRES
Les niches à Vierge protectrice
Les niches à Vierge protectrice

L’installation d’une statuette de la Vierge dans une petite niche ou la placer en façade de la maison d’habitation est une coutume fréquente dans toutes les régions, mais peu représentative dans nos villages du nord-Cantal.

Placée en hauteur la niche à Vierge veille sur l’étable au milieu du village (hameau d’Aubegeac, Peyrusse)

La Vierge Marie dans la religion Catholique a eu un rôle protecteur dans les rites et croyances populaires. On attribuait à une niche à Vierge une fonction protectrice et de sécurité, notamment contre les incendies tant redoutés. Ainsi, à côté des riches statues des églises on trouve ici et là de petites niches creusées dans les murs des habitations. Dans les villes elles sont souvent dans les angles comme à Allanche et Blesle.

La plupart des niches protectrices sont fermées par une grille en fer. En milieu rural les niches à Vierge sont modestes et parfois même rudimentaires. Elles abritent de simples statues de plâtre ou en métal peint.

Ce patrimoine discret est le reflet d’une imagerie religieuse qui venait compléter des pratiques liées aux dévotions encouragées par l’Eglise Catholique. Placer une niche à Vierge manifestait pour les propriétaires la volonté de mettre la maison entière sous la protection et entre les mains de Dieu. Le 19ème siècle à représenté une période de renouveau pour cet art religieux modeste sur le bâti rural Cantalien.

FERTILITE ET CHANCE
Le fer à cheval
Le fer à cheval

Les vertus symboliques de ce petit bout de métal ont traversé les siècles. On place donc encore beaucoup de fers à cheval sur les portes, les linteaux, les murs... Avec le fer à cheval, la chance doit faire corps avec la maison.


Le fer à cheval est encore de nos jours un porte bonheur très populaire. Sa réputation bénéfique existait déjà à Rome au 1er siècle de notre ère. Mais ce sont surtout les Grecs au IVème siècle qui introduisirent le véritable fer à cheval.
Il fut dès cette époque considéré comme une précieuse amulette parce qu’il était fabriqué en fer, un métal repoussant les mauvais esprits. Il avait aussi la forme d’un croissant de lune, longtemps associé au symbole de la fertilité et de la chance.
Pour les chrétiens, par la suite,la forme du fer à cheval fut assimilée à la lettre C, symbolisant le Christ, ou encore à la route céleste : le fer à cheval symbolisant alors le paradis.

Le vrai sens du porte bonheur

Pour porter bonheur la tradition voulait que le fer soit toujours placé les pattes vers le haut pour que le bonheur ne tombe pas. Il devait aussi être trouvé par hasard, et de préférence avec ses clous.

Cette pratique a été oublié. En effet, la plupart des fers à cheval posés sur les maisons aujourd’hui le sont dans le mauvais sens et sans leurs clous ! .

Un condensé de symboles avec le fer à cheval, le nom du propriétaire et la date de construction de la maison

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PORTE-BONHEUR
Le coeur
Le coeur

Le motif du cœur est l’un des symboles les plus utilisés sur le bâti ancien du Cézallier. Symbole de la terre mère chez de nombreuses civilisations, donc de la fécondité, le motif du coeur est lié à la passion, il représente donc l’amour, la protection et l’union du couple. Pas étonnant qu’il figure en bonne place dans le décor symbolique des habitations rurales.

Découpé dans le bois des volets, le motif du coeur assure un minimum d’éclairage. Mais cette petite ouverture participe en fait au dispositif protecteur et porte-bonheur de la maison. C’est pourquoi il est présent fréquemment gravé dans la pierre des linteaux de portes. Il marque la volonté des propriétaires de s’en servir comme signe magique pour écarter tout ce qui pourrait nuire au bonheur de la famille.

Le coeur signifie l’union des opposés complémentaires, principe d’une symétrie parfaite réunissant les deux principes en un seul. 

La forme originale du coeur issue du monde des plantes, la feuille de lierre par exemple qui a une très longue durée de vie, est devenu au fil du temps une représentation parfaite de l’amour et de la fidélité réunis

Le coeur renversé présent sur certaines maisons est désormais rare sur le bâti ancien. Cette double figure symbolique (coeur et croix) fut un motif utilisé autrefois par les familles protestantes qui retournaient à l’envers le coeur. Le coeur ainsi renversé est tourné vers le ciel, vers les forces d’en haut.

L’idée que le coeur humain , organe essentiel du corps, est siège des sentiments et des émotions est vieux comme le monde.


Le coeur renversé...tourné vers le ciel

Le coeur renversé présent sur certaines maisons d’Auvergne est désormais rare sur le bâti ancien. Cette double figure symbolique coeur et croix fut un motif utilisé autrefois par les familles de confession protestante qui retournaient à l’envers le coeur. Renversé, il est tourné vers le ciel, vers les forces d’en haut.

Sculpté dans la pierre... pour une passion qui dure


Le coeur symbole des sentiments, porte-bonheur, est sur ce linteau de porte discrètement présent (hameau de Fondevialle, Molèdes)

FERMETE ET PERSEVERANCE
Le buis bénit
Le buis bénit

Le bois de buis a toujours été réputé pour sa consistance et sa solidité. Parce qu’il est un bois dur et compact, il symbolise la fermeté et la persévérance. Il n’est donc pas étonnant que les diverses civilisations lui ont donné du sens.


Dans l’Antiquité, le buis fut un symbole funéraire et en même temps symbole d’immortalité parce qu’il reste toujours vert. Nos ancêtres les gaulois avaient eux, divinisé le buis symbole d’éternité, à l’image du cycle de la vie.

Avec l’avènement du christianisme, le buis a pris de nouvelles significations. En Occident, il a remplacé les feuilles de palmiers ou de dattiers que la foule portait pour acclamer Jésus dans son entrée à Jérusalem.

Les rameaux bénis le dimanche précédant la fête de Pâques symbolisent désormais l’immortalité et l’éternité. On les place dans différent endroits de la maison et sur les principales ouvertures de la maison, des écuries et des granges pour se protéger du mal et de la maladie.

Traditionnellement l’une des principales vertus du buis était de protéger de la foudre. Le buis servait aussi à jeter l’eau bénite sur le cercueil du défunt.

Placé derrière le crucifix il passait pour protéger la maison des maladies et des épidémies.

Placer un rameau vert sur le bois sec de la croix, symbole de mort manifestait pour les croyants la résurrection.
L’on voit encore des plantations de buis sur des tombes anciennes, pratique très ancienne dans les campagnes.


FORCE DES VEGETAUX
La joubarbe, protectrice de la foudre
La joubarbe, protectrice de la foudre

La joubarbe, malgré son apparence anodine se trouvait fréquemment sur le toit des maisons en chaume, sur le faîtage principalement, puis sur des toitures en lauze. Cette pratique qui a quasiment disparu de nos villagesfut très vivace en Haute-Auvergne.

La joubarbe se remarque encore sur des toitures en lauze, trace d’une pratique traditionnelle

Si la joubarbe résiste encore sur certains murs de clôture, non loin de la porte d’entrée ou sur le bâti de proximité comme le four à pain ou la porcherie attestant d’une importante tradition. Autrefois c’était une plante des toitures.

La coutume attestée par de nombreuses études ethnologiques régionales se rapportait à la crainte de l’orage chez les anciens notamment dans la civilisation Romaine. Ce grand phénomène céleste longtemps inexpliqué a de tous temps impressionné l’imagination et a suscité diverses méthodes de protection pour écarter la foudre. La joubarbe avait cette particularité dans les croyances anciennes.

La joubarbe : protection des bâtiments 

S’il est maintenant difficile de retrouver les origines exactes de la croyance en la protection des bâtiments par cette plante, des motifs d’ordre strictement pratiques et fonctionnels ont certainement joué un grand rôle. En effet, le caractère couvrant et persistant des Joubarbes, leur enracinement solide, et leur parfaite résistance à la sécheresse et au froid, en faisaient des plantes idéales et durables pour couvrir les faîtières des toits de chaume très nombreux en Haute-Auvergne. 

Cette coutume a traversé les siècles, et quand au 18ème siècle le naturaliste Linné a voulu fixer le nom de l’espèce la plus utilisée pour cet usage, c’est à son seul usage domestique qu’il a fait référence et non à son habitat rupestre originel : « Sempervivum tectorum », littéralement : la "Joubarbe des toits".

Plante médicinale aussi

Quand a l’utilisation médicinale des Joubarbes, également fort ancienne, elle était utilisée en applications locales. La Joubarbe est l’une des nombreuses "Herbes-aux-coupures", "Herbes-aux-brûlures" ou "Herbes-aux-cors", du fait des propriétés cicatrisantes-apaisantes ,réelles ou supposées, de l’abondant suc de ses feuilles, que l’on plaçait directement sur la blessure, la brûlure ou l’excroissance indésirable