Burons du Cézallier oriental
Le versant oriental du Cézallier est piqué de burons aux noms enracinés dans le terroir. Habitats temporaires d’altitude durant l’Estive, ces burons sont semblables aux autres constructions des montagnes de Haute-Auvergne, conçus pour résister au vent et aux rudes hivers.
Une vingtaine de burons plus ou moins en bon état s’égrennent le long de la Sianne sur les différentes "Montagnes".
Tous les burons proches de la Sianne sont dans le Parc Naturel Régional des volcans d’Auvergne et sont implantées à plus de 1100 mètres d’altitude : buron de Tioulouse-haut (1471m) le plus haut du Massif du Cézallier, buron de Sianne-la plaine (1392m), buron de la Fauconnerie (1340m), buron de sianne-haut (1340m), buron de Chirol (1379m), buron de Moudère (1292m), buron de Sianne-bas (1275m), buron de La Vazèze (1270m), buron du Bostberty (1288m), buron de Fortuniers-haut (1272m), buron de Fortunier-bas (1234m), buron de Villeneuve-haut (1247m), buron de Margemont (1216m), buron du Troucou (1147m), buron de Giniol (1212m), buron de Baladour (1195m), buron de Choisy (1189m)...
Lors d’un inventaire architectural de près de 200 burons du Cézallier en 1989 par les architectes Philippe Magentiès et Vincent Trinh, il ressort certains traits communs permettant une classification : un module de base fromagerie-cave, une superposition au module de base formant un volume en hauteur et un troisième type quand le védélat est attenant au module de base dans un même corps de bâtiment.
Si l’on repère trois types de burons sur les montagnes du Cézallier, sur de nombreux sites, l’inventaire a fait remarquer que plusieurs types de burons se côtoient, formant ainsi fréquemment des « villages de burons », attestant d’une utilisation collective de ces montagnes.
Le buron à védélat séparé (23%)
C’est le module de base des burons du Cézallier avec fromagerie et cave soit contiguës, soit superposées. Peut-être adjoint un védélat séparé. Ces burons sont de petite taille avec une toiture à faible pente, couverts à l’origine en lauze posées directement sur la voûte. Leur implantation dépend d’un compromis entre l’exposition et le besoin d’enterrer la cave.
La porte pignon de petite dimension, souvent surmontée d’un fenestrou, donne directement dans la fromagerie voûtée, d’une hauteur sous clé de 2,50m en moyenne. Le sol est en terre battue. La cheminée dans le pignon d’entrée est désaxée.
On pénètre dans la cave par une porte ouverte dans le mur de refend face à l’entrée. Cette cave est voûtée, le sol est en terre battue, une ventilation est pratiquée au nord-ouest.
La plupart de ces bâtiments sont construits sur des sites mentionnés sur le cadastre napoléonien du début du 19ème siècle. Quelques uns étaient déjà indiqués sur la carte de Cassini au 18ème siècle.
L’inventaire architectural situe principalement ce type de buron sur le territoire des communes de Saint-Alyre-es-Montagne, Compains, Vernol, Dienne et Anzat-le-Luguet.
Le buron à védélat intégré en hauteur (43%)
Sur l’unité de base du buron de la fromagerie-cave sur un même niveau se superpose le védélat donnant au buron un aspect vertical en hauteur. Il est implanté de préférence perpendiculaire à la pente permettant ainsi un accès aisé au védélat.
Certains bâtiments ont des dimensions importantes avec parfois plus de 20 mètres de façade. La toiture est à deux pentes. L’accès orienté de préférence sud-est se fait par une porte en pignon surmontée parfois d’une imposte ou d’un fenestrou donne directement dans la fromagerie voûté. Le sol est en terre battue ou parfois d’un dallage de pierre ou de ciment. La cheminée s’appuie sur le mur pignon d’entrée. La cave voûtée est toujours contiguë à la fromagerie. Deux fenestrous dans le pignon nord-ouest la ventilent. Un placard à présure est aménagé entre les deux ouvertures.
Ce type de buron est toujours isolé dans sa montagne manifestant une exploitation individuelle.
Plus de la moitié des burons inventoriés sont construits sur des sites mentionnés sur le cadastre napoléonien. Près d’un quart de ce type de burons était déjà mentionné sur la carte de Cassini au 18eme siècle.
Ces bâtiments sont généralement situés sur le territoire des communes de Landeyrat, Saint-Saturnin, Vernol, Chavagnac, Pradiers, Anzat-le-Luguet, Vèze.
Le buron à védélat intégré à terre (34%)
A l’unité de base fromagerie-cave est accolé le védélat formant un seul et même bâtiment (Villeneuve-Bas, Moudère, La Vigouroune...). Ces édifices, à l’aspect de ferme, comprennent généralement une grange au-dessus du védélat qui prend ici des allures de vaste étable.
Ces burons de très grande dimension, jusqu’à 50 mètres de longueur par 10 mètres de largueur, sont tous implantés parallèlement aux courbes de niveaux, l’accès se faisant par la façade de préférence orienté au sud. Le toit à deux pentes est couvert en ardoise et souvent complété d’une ou deux croupes.
La fromagerie se situe à l’extrémité du bâtiment. La cave est généralement rapportée à l’arrière ou quelquefois placée sous la fromagerie accessible alors par une trappe (Moudère). A l’étage, souvent une ou deux fenêtres derrières lesquelles sont aménagées des chambres
Ces burons sont essentiellement localisés sur le territoire des communes de Montgeleix, Marcenat, Pradiers, Vèze, Molèdes, Anzat-le-Luguet.
Autour des burons en pierre actuels où sur les crêtes alentours, on remarque encore des creux énigmatiques. Ce sont d’anciens habitats temporaires, ancêtres de burons construits par la suite en pierre. Et ce sont les archéologues qui les ont appelé « trous de cabane », constructions sommaires implantées dans un décaissement du sol.
Ces cavités et ces bourrelets sont particulièrement bien repérables dans les herbages du Cézallier sous les éclairages rasants que soulignent les microreliefs, ainsi qu’au printemps lorsque la neige qui s’est accumulée dans les dépressions laisse apparaître des enfoncements.
Ces creux de cabanes sont visibles notamment près des burons de Villeneuve-haut, sur la Montagne de la Jarrige et des Fortuniers, à Vins-Haut, à Anzat-le-Luguet non loin de la Sianne. Ils sont très repérables dans le paysage de certaines « Montagnes » sous forme d’alignements de cavités herbagées, en chapelets parallèlement aux courbes de niveau.
Ces cabanes sont les premiers burons qu’on utilisait en certains endroits jusqu’au 19ème siècle. Monsieur Job, né à Molèdes en 1885, interrogé pour une enquête en 1952, datait la disparition des burons creusés dans le sol sur les « Montagnes » du Cézallier oriental aux années 1890-1900. Les deux types de burons ont donc pu cohabiter par endroit sur nos estives.
Dans les « Montagnes » à lait, les pâtres-paysans creusaient dans le sol un trou peu profond autour duquel ils édifiaient des murs de mottes gazonnées, quelques piquets de bois pour former une charpente qu’ils recouvraient le plus souvent de mottes d’herbe tournées vers l’intérieur. Ces ancêtres des burons, faits de terre, bois, pierres et mottes de gazon qui provenaient d’un environnement proche, étaient simples à travailler avec les outils de tous les jours et faciles à renouveler car la plupart étaient périssables.
Les bâtiers vivaient donc « sous la motte », selon une expression courante au 19ème siècle dans notre région.
A côté de cette hutte rudimentaire ils en construisaient trois autres qui servaient de cave à fromage, d’étable à veaux, de loge à cochon. Régulièrement ils changeaient l’emplacement pour fumer les diverses parties des pâturages, enlevaient les portes des cabanes, arrachaient les bois (précieux à cette altitude) qui maintenaient le toit et ils allaient creuser ailleurs de nouveaux trous sans combler ceux qu’ils abandonnaient. A quoi bon ! La mobilité des abris permettait par ailleurs l’implantation successive dans des secteurs choisis pour fumer la montagne.
Les intempéries on l’imagine soumettaient tout l’édifice à des contraintes particulièrement sévères. Les toitures en particulier souffraient chaque année du poids de la neige durant plusieurs mois, tandis que les parois en partie creusées dans le sol étaient endommagées par les infiltrations et le ruissellement. Ce genre de bâtiment ne pouvait être que de courte durée et on en changeait donc souvent comme le rappellent les nombreux entonnoirs dans les pâturages d’estive.
De cette pratique subsiste de petits fossés que l’on peut observer dans la « Montagne » de Vèze, Pradiers et Anzat-le-Luguet. Certains de ces trous ont pu servir de base à des constructions ultérieures de certains burons de pierre que nous connaissons. Ces constructions rationnelles en dur sont en fait les répliques pastorales qui existent depuis le 13ème siècle dans le Cézallier.
Il existe aussi ici et là des trous de taille réduite isolés au milieu des herbages, et certains de ces trous éparpillés peuvent avoir été de simples abris plus ou moins improvisés et mobiles que les pâtres construisaient pour se protéger momentanément des intempéries, à la façon de ces nombreuses cabanes en pierre sèche que nous trouvons sur les plateaux d’Auriac-l’Eglise, de Blesle, de Charmensac et Peyrusse.
Reconstitution des trous de cabanes à l’exposition "Enquête sur l’histoire d’une montagne Cantalienne" au Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac (2013)
Liée à la fabrication et à la conservation du fromage, la construction d’un buron était soumise à des contraintes difficiles à concilier entre elles : l’humidité, la fraîcheur et l’obscurité.
-l’humidité : la production du fromage amenait une humidité importante à l’intérieur du bâtiment, renforcée par son enfouissement. Une rigole d’évacuation au sol de la fromagerie et la ventilation par un fenestrou étaient indispensables.
-la fraîcheur : la conservation du fromage demandait une fraîcheur constante d’environ 12 degrés. Le caractère souterrain de la cave y contribuait en grande partie, complété par l’utilisation de la voûte en pierre reconnue pour ses qualités thermiques. La présence d’un volume à l’étage et l’ombre prodiguée par quelques arbres complétaient ce dispositif.
-l’obscurité : elle était absolument nécessaire dans la cave pour une bonne évolution des fromages.
Pour construire des bâtiments fonctionnels adaptés à l’altitude, la rudesse du climat, les burons en pierre depuis le 18ème siecle répondent à un certain nombre de critères : voûte en berceau, murs épais, charpente résistante, couverture en lauze, cheminée intégrée, ouvertures discrètes. Un savoir-faire qui a permis à un grand nombre de burons d’être toujours debout.
Voûtes en berçeau
Les voûtes utilisées dans les burons du Cézallier sont des voûtes en berceau. Bien que nécessitant une main d’oeuvre importante, elles permettaient l’emploi de matériaux trouvés à proximité, l’assurance d’une bonne résistance au temps et aux intempéries et pour sa forte inertie thermique. La voûte se montait en pierre sèche sur un coffrage cintré en planches jusqu’à la clé de voûte.
Murs épais
Bâtis en pierres liées à la terre ou assemblés au mortier de chaux, les murs des burons sont de forte épaisseur jusqu’à 1,20m à leur base avec des pierres prélevées sur place.
Charpentes résistantes
Les charpentes pour soutenir le toit du buron ont fait leur apparition avec les védélats afin de pouvoir ménager un volume important à l’étage. Elles sont en majorité composées de couples de bois de sapin.
La pente était en général de l’ordre de 45 degrés. L’assemblage entre l’arbalétrier et la jambe était renforcée par une jambette. Sur les arbalétriers était posée un épais douellage qui recevait la couverture.
Couvertures en lauze
Lauzes de shiste et ardoises se sont partagées les couvertures des burons. Un trou était pratiqué dans la lauze qui venait alors s’accrocher sur une cheville de chêne fixée dans le douellage.
L’ardoise a été également largement utilisé sur les burons-fermes car elle présentait l’avantage d’être moins lourde et moins onéreuse. Utilisée généralement sur les constructions les plus récentes, dans les travaux de réfection, et en substitution progressive des anciennes lauzes. Ce qui donne à certains toits des couvertures panachées.
Plus récemment, de nombreux toits de burons ont reçu de la tôle ondulée ou du bac acier, permettant malgré tout d’en préserver un certain nombre.
Cheminées intégrées
On faisait du feu dans tous les burons pour avoir de l’eau chaude pour nettoyer le matériel, pour la préparation des repas et pour se chauffer parfois. La cheminée, intégrée au bâtiment dès sa construction n’était jamais implantée dans le mur de séparation de la fromagerie et de la cave, elle se situait toujours dans le mur pignon, qui comportait le conduit. Le feu pouvait être fait directement dans la cheminée, mais le plus souvent dans une cuisinière en fonte ou en tôle émaillée.
La partie haute du conduit, la souche en pierre, pouvait prendre différentes formes. Généralement dans le prolongement du mur pignon, dans l’axe du faîtage ou décalé sur l’un des deux versants de la toiture.
Des lauzes formant larmiers étaient prises dans la maçonnerie et disposées de manière à assurer l’étanchéité au raccord de la couverture.
Ouvertures discrètes
Dans les plus anciens burons, aucune ouverture n’était pratiquée sur l’extérieur en dehors de la porte d’entrée. Les fenêtres que l’ou trouve sur certains bâtiments révèlent leur constructions beaucoup plus tardive.
En effet, dans les bâtiments voûtés, l’aménagement d’une fenêtre à travers l’extrados de la voûte nécessitait la réalisation d’une voussure, une opération complexe dans un mur traditionnel
Donne-jour ou fenestrou
La plupart du temps on les trouvait sur le linteau de la porte d’entrée. Ce petit donne-jour ne comportait jamais de menuiserie. Il servait en même temps à ventiler la fromagerie ou la cave, à éclairer et à laisser échapper la fumée. Souvent un barreau métallique protégeait l’ouverture.
Porte d’entrée unique
La porte d’entrée du buron est généralement située différemment selon l’orientation du bâtiment, toujours par rapport à la courbe de niveau :
-sur le long pan si le buron est parallèle
-sur le pignon s’il est perpendiculaire
Cette ouverture donne accès à travers l’épais mur de pierre directement à la fromagerie qui est aussi l’espace de vie des buronniers.
Les jambages et le linteau sont en pierre de taille . Les encadrements sont simplement réalisés. Une date gravée sur le linteau indique parfois l’année de construction.
On constate toutefois que plus les burons sont anciens, plus la porte d’entrée est restreinte. Les seuils sont quelquefois plus haut que le sol, une grosse pierre facilite alors l’accès à l’intérieur.
La porte du buron est généralement faite de simples planches fixées par de gros gongs scellés dans le mur. Elle s’ouvre toujours sur l’intérieur dans une large embrasure. La poignée est faite d’un morceau de bois ou bien d’un crochet en fer.
En ces lieux d’estive, pas de recherche d’esthétisme particulier à la différence des portes d’entrée des maisons des villages.
L’inventaire des burons du Cézallier de 1989 par les architectes Magentiès et Trink a relevé les dates inscrites sur les burons visités. Il permet d’établir une chronologie des différentes familles de burons sur le Cézallier et leur typologie, notamment dans le territoire proche du bassin versant de la Sianne et de ses affluents.
- Buron à védélat séparé (1782 à 1826), petite taille, construction et organisation simple
(Chirol (Anzat-le-Luguet, 1379m), Sianne-bas (Anzat-le-Luguet, 1275m), Sianne-haut (Anzat-le-Luguet, 1370m), Sianne-la-Plaine (Anzat-le-Luguet, 1292m), Le troucou (Vèze, 1147m), Coudour (Vèze, 1247m)
- Buron à védélat intégré en hauteur (1804 à 1908), grand bâtiment, fonctions regroupés sous le même toit, présence parfois sur des zones inaccessibles, témoins du développement de l’exploitation des montagnes à lait.
Le Baladour (Feydit/Allanche, 1195m), Fortuniers-bas (Vèze, 1241m), La Vigouroune (Vèze, 1275m), La Fauconde (Anzat-le-Luguet, 1405m), Villeneuve-haut (Vèze, 1282m), Villeneuve-bas (Vèze, 1212m), Margemont (Molèdes, 1279m), Chazelou (Vèze, 1271m), Le château (Vèze, 1215m), La Souchoune (Pradiers, 1286m)
- Buron à védélat intégré à terre (1829 à 1947), l’organisation des fonctions se rapproche de la ferme. Bâtiments imposants localisés sur la partie sommitale de la montagne
Paillassère-bas (Anzat-le-Luguet, 1397m), Tioulouze-haut (Anzat-le-Luguet, 1460m), Le Caire (Vèze, 1346m), Fortuniers-haut (Vèze 1272m), Moudère (Vèze, 1292m), La Souche-basse (Vèze, 1270m)...
La fromagerie était le principal espace de vie et de travail au personnel du buron. Cette pièce essentielle du buron avait une double particularité, celle d’être le lieu de fabrication du fromage et aussi de salle commune pour les repas des buronniers et souvent de chambre pour le vacher.
On accédait généralement à la fromagerie d’un buron par une porte basse de plain-pied directement depuis l’extérieur. Le faible éclairage ainsi que la ventilation étaient assurés par un donne-jour, ou fenestrou, et parfois une simple imposte.
Dans certaines fromageries, une ou deux petites fenêtres apportaient un surcroit de lumière. Dans la plupart des cas, la fromagerie était voûtée.
Le sol de la fromagerie était soit en terre battue ou bien recouvert d’un dallage en pierre. Une cheminée était implantée contre le pignon. Une niche murale avec ou sans porte servait à conserver quelques denrées alimentaires et quelques bouteilles.
Tout l’outillage nécessaire à la fabrication du fromage se trouvait concentré dans la pièce, de même que la table à manger, les bancs, la cuisinière à bois. On trouvait aussi des étagères, des crochets métalliques pris dans la maçonnerie qui servaient de support à une barre à laquelle étaient accrochés les saucissons, jambons, pièces de lard, cloches. Certains burons possédaient de grands bacs en pierre, rendus nécessaire par l’éloignement du point d’eau.
Dans un coin de cette salle commune-fromagerie, était placé le lit du vacher. La fromagerie était donc durant toute la période de l’estive le centre de vie et de travail de la montagne.
La cave à fromage était le lieu du buron qui bénéficiait le plus d’une construction parfaitement adapté à la bonne évolution des tomes. D’une bonne cave, à la fois fraiche et bien aérée dépendait la qualité de la production fromagère. On comprend pourquoi la cave du buron devait répondre à de nombreuses exigences.
Destinée à la conservation du fromage produit sur place, la cave nécessitait une température fraîche et constante (12 degrés environ). Pour obtenir cette température, notamment durant l’estive, on employait la voûte procurant par sa masse une forte inertie thermique, d’autant plus si cette partie du buron était totalement ou partiellement enterrée.
Suivant la topographie du terrain, la cave pouvait être implantée différemment. Lorsque le terrain présente une déclivité suffisante, la partie enterrée abrite la cave qui était toujours de plain-pied avec la salle commune-fromagerie. Lorsque le terrain est plat, la cave pouvait-être en sous-sol de la salle commune, accessible par une simple trappe et un escalier ou dans son prolongement.
Le sol de la cave était uniquement fait de terre battue où étaient disposés des plateaux de bois reposant sur de grosses pierres qui accueillaient les fromages au fur et à mesure de leur fabrication.
L’unique lumière diffusée dans la cave provenait d’un minuscule fenestrou assurant la ventilation. Très humide, la cave nécessitait en effet une bonne ventilation.L’implantation du fenestrou dépendait de l’orientation du buron, mais le plus souvent au nord. Un barreau en fer protégeait l’ouverture.
Une niche dans le mur de la cave permettait de ranger le présurier. La porte de la cave contiguë à la fromagerie est toujours situé dans un épais mur séparatif.
Le védélat est la petite étable qui abritait les veaux et les bêtes malades. Apparu tardivement sous l’influence de l’amélioration de l’élevage, on ne le retrouve pas dans les burons les plus anciens, à moins qu’il n’ait été rajouté par la suite. Avant son apparition, les bêtes pouvaient se protéger des intempéries dans les creux de cabanes et derrières les claies.
Deux types de védélat sont présents sur les estives du Cézallier
Védélat intégré au buron :
il est bâti au-dessus de la salle commune lorsque celle-ci est voûtée. La porte d’accès se situe généralement au-dessus de la cave dans le pignon arrière profitant ainsi du remblai permettant d’y pénétrer de plain-pied. Une montade en facilite souvent l’accès (exemple : buron de Villeneuve-haut)
Dans ce type, le védélat occupe la partie basse de la charpente à couples, tandis que la partie haute sert à stocker une réserve de foin. Ce védélat peut aussi être de plain-pied avec la fromagerie.
Le sol du védélat est pavé. Une petite fenêtre permet la ventilation. Des crèches sont disposées sur les longs pans. La porte peut être à un seul vantail ou à deux vantaux cintrés.
Védélat indépendant du buron :
l’étable à veau peut être aussi l’objet d’une construction indépendante. Le védélat occupe alors le niveau bas du bâtiment. L’accès de plain-pied par une porte, quelques petites ouvertures sur les longs pans ventilent et donnent un peu de lumière. Sous la charpente était stocké le fourrage, soit par une porte fenière ou directement par le védélat.
Indépendantes ou attenantes au buron ou au védélat, les loges à porcs séparées en plusieurs compartiments indépendants étaient de véritables petites maisons édifiées avec soin, toujours bien exposées. Lorsque la configuration du terrain le permettait, l’entrée des loges était au sud.
L’élevage d’un grand nombre de porcs était quasiment général dans les burons du Cézallier. Incorporé à l’élevage des bovins il contribuait à la rentabilité de l’estivage pour les propriétaires des montagnes.
Il y avait, plusieurs dizaines de porcs et de porcelets dans les burons engraissés pour les besoins de la ferme et ceux destinés à la vente à la fin de l’été. Ils étaient acheminés sur les montagnes en même temps que les vaches par le train et par la suite en camion. Certaines vacheries montaient les porcs plusieurs jours après les vaches et les descendaient plus tard afin d’achever les provisions de petit-lait.
Des porcherie construites avec soin
Les porcs élevés à la montagne et vendus après l’estive étaient très appréciés notamment par les bouchers des grandes villes du Cantal. Lors des foires à Allanche, Maillargues et Pradiers, les porcs y figuraient par centaines sur les foirails.
Durant l’estive, les cochons, parfois lâchés dans la montagne à proximité du buron, mangeaient principalement dans la fumade où ils soulevaient les mottes de gazon et les déjections desséchées des vaches.<br
Au buron, c’était au pâtre ou l’aide vacher de s’occuper quotidiennement des cochons. Le petit-lait issu de la fabrication du fromage, mélangé avec du son concassé, fournissait la majeure partie de leur nourriture. Ainsi, rien n’était perdu du produit issu de la traite des vaches Salers.
L’accès se faisait généralement par l’intermédiaire de petits enclos bâtis à l’avant des loges. Ces courettes étaient ceintes d’un muret d’environ 1,10m de hauteur dans lequel était pratiquée une porte ouvrant sur l’extérieur.
Les entrées des loges, toujours très basses, s’ouvraient sur les courettes, et ne dépassaient pas 1,50m de hauteur. L’intérieur était voûté ou parfois couvert d’une charpente. Le sol des loges et des courettes était fréquemment pavé.
Dans les burons les plus anciens, les loges étaient construites de façon beaucoup plus sommaire. Dans les plus récents, un couloir pouvait desservir une batterie de loges.
Loges accolées (Buron du Caire, Vèze) Loges séparées (Buron de Souche-Haute, Vèze)
Série de loges (Buron de Siane-bas, Anzat-le-Luguet) Porcherie indépendante (Buron de Chirol, Anzat-le-Luguet)
Pierres à petit-lait
Dans certaines porcheries, des pierres taillées prises dans la maçonnerie dès la construction des courettes, permettaient de vider la nourriture des porcs directement dans les auges depuis l’extérieur. On appelait ce système la pierre à petit-lait.
Le buron de La Terrisse dont il ne reste que la cave voutée était totalement encastré dans la pente de la montagne. Malgré son état de ruine (la fromagerie à disparu) il témoigne de la qualité des constructions d’autrefois.
Le buron de Margemont, près des Brèches de Giniol, point culminant du Pays de Massiac est le seul buron implanté sur le bord des estives de la commune de Molèdes. De type buron à védélat intégré en hauteur, on y a fabriqué « le Cantal » jusqu’aux années 1960. Il retient touours l’attention pour son rôle durant la seconde guerre mondiale en étant un relais de la Résistance en 1944.
.
Situé à l’écart des grands axes et accessible uniquement par un chemin, le buron de Margemont (1279m), situé sur la commune de Molèdes, d’Avril à Mai 44, a été un lieu de passage pour 3000 combattants volontaires qui répondaient à l’appel de « Levée de masse » lancé par les chefs de la Résistance.
« Les combattants volontaires, dont beaucoup arrivaient au buron à vélo, étaient surtout originaires du bassin minier de Brassac et de Montluçon » se souviennent les témoins des villages environnants.
« Le ravitaillement était assuré par la population et par de rares parachutages alliés. Ils étaient logés sommairement durant quelques jours dans les granges et les autres burons tout proches, en attendant leur départ, à pieds, vers le Mont-Mouchet ».
Le Maquis du Mont-Mouchet, l’un des cinq grands Maquis de France, avait pour instruction de retarder par tous les moyens la jonction des troupes allemandes du sud avec celles de Normandie, afin de faciliter l’avance des Alliés.
En 1946, un monument, hommage aux Volontaires, a été érigé au Boberty, non loin du buron de Margemont, indiquant que 3000 hommes courageux sont passés ici pour combattre l’occupant.
Un buron peu éloigné des villages qui a connu une intense activité
Plan de l’ensemble du buron (Type buron à védélat intégré en hauteur)
Le buron de Villeneuve-Haut est situé sur la commune de Vèze à quelques centaines de mètres au dessus de la départementale 39 (Allanche-Anzat-le-Luguet) face au hameau de Chazelou. Il était déjà mentionné sur le cadastre napoléonien du début du 19ème siècle. Il s’agit ici d’un buron type intégré en hauteur.
Implanté à une altitude de 1282m, sur le versant sud de la Montagne de La Jarrige, légèrement en contrebas du sommet, le buron de Villeneuve bénéficie d’un léger abri du vent ce que n’avaient pas les anciennes cabanes, antérieures à la construction en pierre, dont subsistent les creux au sommet. Les dimensions du buron ne sont pas imposantes (11,10m par 6,40m). Il n’y a plus de chemin permettant d’y accéder depuis la route à travers la montagne. Absence également d’un point d’eau à proximité du buron. L’accès à l’eau semble donc être le ruisseau de la Fontaine Saint-Martin qui serpente tout de même à quelques centaines de mètres à l’Est.
Le bâtiment est couvert d’un toit à deux pentes orienté Nord-Ouest/Sud-Est. Sur le mur gouttereau Sud-Ouest vient s’accrocher perpendiculairement un petit bâtiment, plus bas, couvert également d’une toiture à deux pentes qui abrite deux loges à cochons qui sont formées d’une voûte à clavaux. La hauteur intérieure est faible : 1,75m. Chaque loge est accessible par une porte basse (1,10m par 0,60cm de large) s’ouvrant dans le mur gouttereau Sud-Est, suffisantes pour le passage des porcs. A l’origine, ces portes ouvraient sur des courettes aujourd’hui disparues. Autrefois, les deux constructions étaient couvertes en lauzes comme en attestent les spécimens répandues à la périphérie du buron. Actuellement, le buron est hors d’eau grâce à une protection en tôles ondulées.
La souche cheminée, bâtie dans le prolongement du pignon Sud-Est, est implantée à mi-pente du versant Sud-Ouest. Pour parfaire son étanchéité, les maçons l’ont agrémentée de lauzes prises dans la maçonnerie, formant ainsi des larmiers. Les eaux provenant du dernier palier de la souche et de la partie supérieure de la toiture étaient ainsi récupérées et éloignées du pignon par un cintre de pierre retourné.
Dans la partie haute de ce pignon, toujours dans l’axe, s’ouvre un fenestrou protégé par un barreau en fer forgé, en fait, un noeud de sorcières (voir notre fiche).
La porte d’entrée du buron, modeste accès de 1,70m par 0,80cm, est légèrement désaxée sur la droite du pignon Sud-Est. D’une part et d’autre de l’ouverture, 3trois grosses pierres taillées supportent le linteau qui forme l’allège du fenestrou qui lui, est dans l’axe du pignon.
La porte est comme la plupart des burons en planches contrariées, ferrée sur gonds forgés pris dans les pierres du jambage droit. La porte vient se loger dans la feuillure taillée dans la pierre. Autrefois, elle était immobilisée par une serrure en applique aujourd’hui disparue. Elle n’est actuellement fermée que par quelques brins de « ficelle de lieuse », signe de l’absence de « richesse » à protéger derrière les murs épais.
Au-dessus de la porte d’entrée, au raz de la voûte, le traditionnel fenestrou diffuse un peu de lumière dans la pièce.
L’accès à l’intérieur du buron n’est plus de plain pied comme à l’origine. En effet, l’amoncellement de fumier et de boue devant la porte oblige désormais à descendre (0,40cm) dans la pièce principale, la fromagerie.
La fromagerie
Le sol de la fromagerie voûtée (2,47m de hauteur), qui était aussi le lieu de vie des buronniers, est entièrement recouvert de dalles de pierre taillée d’environ 0,40 cm carrés.
A gauche en entrant, on trouve la cheminée dont le foyer pris dans l’épaisseur du mur est fermé par un linteau de bois, d’une part supporté par un corbeau en pierre et, d’autre part pris dans la maçonnerie de la voûte.
A l’opposé de l’autre côté de la porte, un placard est ménagé dans l’épaisseur du mur. Il était garni d’étagères.
Face à l’entrée, dans l’axe du mur de refend se trouve la porte en bois qui donne accès à la cave à fromage. Elle est de dimensions proches de celle de la porte d’entrée du buron (1,74m par 0,74m). Les jambages et le linteau sont également en pierres de taille. Au-dessus du linteau a été aménagée une minuscule niche qui pouvait contenir un bougeoir ou une statue de la vierge.
La cave à fromage
Dans ce lieu sombre qu’est la cave où reposaient les meules de Cantal, le sol est en terre battue.
Face à la porte, encastrée dans le pignon Nord-Ouest, on devine la niche qui recevait le présurier (1,02m par 0,95m). Dans ce sanctuaire du fromage, on trouve encore les plateaux de bois destinés à accueillir les fromages pendant leur maturation.
Sur la gauche s’ouvre la ventilation (0,33cm par 0,22cm) munie d’une protection en fer forgé, là aussi un noeud de sorcière pour chasser les mauvais esprits. Cette ouverture était maintenue en permanence hors de terre et assuré par le mur de soutènement de la montade du védélat.
Le védélat
Lorsqu’on contourne le bâtiment par l’Est, on monte progressivement et l’on découvre dans le pignon Nord-Ouest la porte du védélat. Le seuil est à une trentaine de centimètres au-dessus de l’extrados de la voûte du niveau bas de la cave à fromage. Cette porte, relativement haute (2,10m par 0,80m), devait en effet permettre le passage des claies du parc.
Le sol du védélat est pavé, une rigole centrale s’évacuant par le seuil de la porte y est ménagée.
La charpente du buron, dont les couples ont été scrupuleusement numérotés de I à X, à été réalisée avec soin. Son observation est un régal. Bien que l’assemblage des jambettes et des arbalétriers soit relativement bas (0,80m), la forte pente (50°) permet de dégager une hauteur utile de 2,32m sous entrait. De nombreuses chevilles prises dans le douellage témoignent encore de l’ancienne couverture en lauzes du buron.
Face à l’entrée, dans le pignon Sud-Est, s’ouvre le fenestrou du védélat protégé par un noeud de sorcière. Opposé à la porte d’entrée du védélat, en créant un courant d’air, il permettait de ventiler correctement l’espace qui accueillait les veaux.
Sources : Burons pour mémoire, Philippe Magenties et Vincent Trinh
Le cadastre de 1838 sur la « Plaine de Tiourze », montagne qui domine la dépression de Lascombe à l’est indique à cet endroit le « buron de Paillasseyre » qui appartenait alors au Comte de Castellane à Paris. Aujourd’hui la carte IGN mentionne au même endroit deux burons : le buron de Tioulouse-Haut en ruine et le buron à 1,3 km au nord-ouest, Tioulouse-Bas.
Les burons de Tioulouse sont au coeur d’un vaste espace occupé auparavant par de nombreux tracs/burons qui manifestent une activité pastorale très ancienne sur cette montagne proche des sources de la Sianne.
Le buron de Tioulouse-Haut est un grand corps de ferme de 20,00 x 9,00 m, dont il ne reste aujourd’hui que les quatre murs porteurs, à mi-hauteur. Il se situe aux sources de la Sianne, qui forment ici une zone humide partiellement en eau, en contrebas côté sud-est du sommet de Tioulouse (1471 m), le plus haut buron du massif du Cézallier.
Tout le versant sud, est et nord-est de cette montagne est aussi couvert d’environ 160 tracs/burons tournés pour la plupart en direction de l’est, vers le point d’eau (orientation nord-est/sud-ouest), à l’exception des plus méridionaux et des plus septentrionaux.
Le buron de Tioulouse-Bas est sur le versant opposé de la montagne. Il s’agit d’un bâtiment de 15,00 x 8,00 m, couvert de tôle ondulée métallique. Il ne semble comporter qu’une étable et une partie qui a pu être habitable.
Au nord-est de cet établissement, en bordure d’un petit promontoire qui surplombe la D724, ont été répertoriés une trentaine d’anciens tracs/burons. Ils sont orientés est-ouest ou nord-sud, selon leur emplacement sur le relief, et les accès sont tournés respectivement au nord ou à l’est. La plupart sont groupés par deux, un alignement compte 4 excavations, le plus grand en a 5.
..
Plan du Buron de Tioulouse-bas
------
Sources : Inventaire du patrimoine archéologique et historique d’Anzat-le-Luguet. Michaël Tournade 2016.
Le buron de Chirol à 1379m d’altitude présente une configuration particulière qui comprend un grand corps de ferme de 25m de long, védélat et grange et une petite habitation juxtaposée. Un autre petit bâtiment à quelques mètres couvert en plaques de basalte abritait les cochons. L’ensemble est assez peu commun dans la région.
A proximité de la route Allanche-Massiac, le buron de la Montagne du Balladour à 1195m d’altitude a connu une intense activité jusque dans les années 1960. On y fabriquait le fromage Cantal dont une partie de la production était achetée sur place par les mrarchands en gros de Murat. Le personnel du buron comprenanait quatre personnes : le vacher, deux valets et un pâtre. Les cochons étaient vendus à la foire d’Allanche en Juillet.
Retour au buron du Balladour après la traite (1947). Marcel Rancillac (berger), Pierre Rancillac (valet), Eugène Benoit (vacher)
Situé sur la montagne de Fortunier-bas à 1215m d’altitude, non loin du Bois de Chamalière sur la commune de Vèze, le buron Le château est un imposant bâtiment à védélat intégré en hauteur. Il comprend des chambres à l’étage pour les buronniers ce qui le fait dater du début du XXème siècle. En façade, trois profondes loges à cochons attestent de l’importance de "La montagne"
Photo de 1989
Le petit buron du Caire, implanté au milieu de la vaste étendue d’herbage sur la montagne de Fortuniers-haut à 1346m d’altitude, appartient à la commune de Vèze qui l’a resturé en 2000. La porcherie longe la façade tandis que la cave semi-enterrée plonge perpendiculairement la façade arrière du buron. Dans l’environnement proche se trouvent des "sagnes" milieux humides typiques du Cézallier.
Situé sur la commune de Pradiers le buron de La Souchoune est à 1286 m d’altitude.
Le buron de La Fauconde qui se dresse à 1405m d’altitude est proche des ruisseaux formant le début de la Sianne. Il est de type buron à védévat intégré en hauteur. Au même endroit le cadastre de 1838 mentionne le buron de Piquemaux. Dans cette zone se répartissent plus de 50 excavations d’anciens tracs attestant une longue tradition du pastoralisme.
Le buron de la Souche Basse de grande dimension, qui a été entièrement démoli, était situé sur la commune de Vèze à 1270m d’altitude. De type védélat intégré à terre, il bénéficiait de l’eau du ruisseau de la Fontaine Saint-Martin, un affluent de la Sianne, et d’un accès proche à la route Allanche-Anzat-le-Luguet.
Photo de 1989
Photos de 2005, le bâtiment a perdu sa toiture en ardoise.
Plan de de 1989
Aujourd’hui en partie effondré le buron de Sianne-bas, de type buron à védélat séparé, représentait un grand corps de ferme auquel s’ajoutait à une dizaine de mètres au sud-est le buron de 12mX6m, vouté en deux parties et muni de pierres de taille pour les encadrements. Le cadastre de 1838 signalait un buron à cet endroit.
Le buron de Sianne-La Plaine est implanté sur le versant sud du Signal du Luguet (ancien nom Mont Cézallier) à 1392m d’altitude. Il doit sa dénomination à la proximité des sources de la Sianne.
Le cadastre napoléonien de 1838 fait mention d’un buron sur ce site.L’accès au buron est difficile et exige l’emprunt de servitudes de passages pour traverser d’autres Montagnes, aucune piste n’y menant directement.Le buron est adossé par son pignon Est à un monticule rocheux orienté au Sud-Ouest comme c’est fréquemment le cas. Son toit à deux pentes (environ 40°) encore couvert en ardoise dans les années 1980, est aujourd’hui en bac acier bleu. Il se prolonge en appenti sur le devant du bâtiment au Sud afin de couvrir deux loges à porcs.
La souche de la cheminée d’origine était en maçonnerie de pierre agrémentée de lauzes formant larmiers, implantée à cheval sur le faîtage, au sommet du pignon Ouest. La cheminée est aujourd’hui diminuée de moitié.
La porte d’entrée du buron se trouve sur le mur gouttereau au sud et permet un accès aisé (1,82m par 0,82m). De son seuil les buronniers pouvaient contempler la vallée de la Sianne à son commencement sur les Estives du Cézallier. Les jambages et le linteau en pierres taillées à plates bandes présentent un léger relief.
Une grande fenêtre (1,02m par 0,70m), protégée par quatre barreaux en fer, apporte à la fromagerie aération et bonne lumière.
La fromagerie
Dans la fromagerie qui était aussi le lieu de vie des buronniers, le sol est fait d’un dallage en ciment alors que le couvrement de la pièce est composé d’un plancher en bois sur poutres. La cheminée, dont le linteau est en bois, est partiellement encastrée dans le mur pignon Ouest.
La cave à fromage
La cave voutée (2,46m de hauteur) contiguë est séparée de la fromagerie par un mur en face de la cheminée, dans lequel se trouve la porte d’accès en bois. Le sol est en terre battue. Un fenestrou dans le pignon Est permet la ventilation de la cave.
Au dessus de la fromagerie, dans la charpente à couples, se trouve un espace ayant été utilisé en couchage. Son accès se faisait par une trappe dans le plancher.
De ce volume, en enjambant le haut du mur séparatif de la cave, on pouvait accéder sur l’extrados de la voûte de la cave laissé apparent. Aucune utilisation précise ne semble avoir été faite de ce volume.
Le védélat
A quelques mètres au Sud du buron se trouve le védélat, accessible dans son mur gouttereau Sud par une porte à deux vanteaux autour de laquelle s’ouvrent deux fenestrous.
Une observation attentive fait apparaître qu’il a été profondément modifié. Avant ces travaux, une grange devait se trouver à l’étage car on peut encore voir les traces de la partie basse de la porte d’accès sur le pignon Est. Le védélat est couvert en tôles ondulées. Après toutes les modifications, le védélat a perdu toute son allure d’origine.
Des restes de murs à l’ouest du buron témoignent de la présence d’un enclos.
Sources : Burons pour mémoire, Philippe Magenties et Vincent Trinh
L’imposant buron restauré en 2003 est situé dans la partie haute de la Montagne des Fortuniers à 1272m d’altitude. On y accède à partir de la départementale Allanche-Anzat-le-Luguet grâce à une vague trace permanente dans la montagne sur environ 700 mètres, ancien chenim de transhumance vers les hautes estives.
Le site est assez favorable. L’implantation du bâtiment sur un replat à mi-pente d’un versant Est permet de bénéficier d’une bonne orientation Sud et d’être très peu exposé au vent d’ouest arrêté par le relief. La traite au buron s’est arrêtée en 1965.
Le buron de Fortunier-Haut est de grande dimension (19m par 8,50m). La cave hors du volume vient en appentis contre le mur gouttereau Nord. Avant la restauration de 2003, six loges à cochons se disputaient les places les plus favorables au Sud, laissant les deux accès à la fromagerie et au védélat à l’extrémité de la façade du bâtiment. Elles étaient couvertes en ardoises et possédaient sur le devant les entrées des petites courettes démolies depuis.
Le buron restauré ne comporte plus que deux loges à porcs. Au coin des loges, à quelques mètres de la fromagerie se trouvaient les abreuvoirs.
La fromagerie
On pénètre dans le buron par une porte en bois classique de belle dimension (1,82m par 0,80m). Le sol de la fromagerie est cimentée (7m par 4m). Un plancher en bois couvre la pièce.
Sur le pignon Ouest est adossée la cheminée au linteau en bois dans laquelle est encastrée une petite niche à la façon des cantous.
La cave à fromage
Face à la porte d’entrée, se trouve l’accès à la cave à fromage. Encadré de bois, le passage débouche sur cinq marches qui descendent à la cave voûtée, dont l’axe est parallèle au faîtage du bâtiment principal.
Le sol de la cave est en terre battue. Cette cave est d’une rare superficie et sa grande dimension étonne (9,25m par 3,20m). La hauteur sous la voûte et normale (2,35m). Elle est ventilée par l’unique fenestrou qui sort à l’arrière du bâtiment, côté Est.
Le védélat
Le védélat est contigu à la fromagerie. Avant les restaurations, l’accès était impossible par l’espace de vie. Les cloisons de planches d’origine ayant été remplacées par une cloison de briques sans porte.
L’accès au védélat se faisait donc dans la dernière période de fonctionnement du buron par l’extérieur. Une porte cintrée encadrée de pierres de tailles conduisait à la grange accessible par une échelle située sur la fromagerie dont une partie était réservée au couchage des buronniers. Quelques dessins sur les planches de leur chambre rudimentaire témoignaient encore il y a quelques années de leur présence à ce niveau du buron. La grande porte surmontée d’une petite fenêtre permettait d’engranger le fourrage.
Un second accès au védélat dans le pignons directement sous la porte de la grange a probablement été percée plus récemment pour faciliter dans les années 60 le chargement des bovins dans les bétaillères.
Les ouvertures du védélat avaient été condamnées lors de la construction des loges (réouvertes lors des restaurations de 2003)
Le buron de Fortuniers-Bas est situé sur une montagne enclavée appelée La Montagnoune sur la commune de Vèze à 1241 m d’altitude. L’accès se fait à partir d’un ancien chemin qui part du hameau de Coudour sur la commune d’Allanche et traverse plusieurs montagnes.
.
Le site qui est proche de la Roche de Baroncle est très peu favorable car il est sur un versant Nord. La rangée de sapin qui domine l’endroit est une plantation récente. Une source coule à 50m au Nord du buron. On remarque une différence de volume au niveau du bâtiment.
Sur l’orientation Est-Sud, plus favorable, ont été construites dix loges à cochons.
Un buron-ferme
La couverture est essentiellement en ardoises. On accède au buron par le mur gouttereau Nord par une porte placée entre deux fenêtres protégées par des volets.
Dans la fromagerie, un cloisonnement en planches délimite une petite salle commune où se trouve la cheminée, adossée au pignon Est. Cet espace spécialement dédié aux buronniers est éclairé par les deux fenêtres (1,50m par 0,80m). On est en présence d’un style de buron-ferme.
Un chevêtre ménagé entre les poutres en bois permet l’accès, grâce à un escalier, à la grande chambre (6,70m par 4,80m) qui est mitoyenne du védélat à l’étage. Deux fenêtres sur le pignon Est éclairent largement cet espace. Les buronniers disposaient là d’un rare espace dédié au repos.
La cave à fromage
Ce lieu de maturation du fromage se fait se fait à partir de la salle commune face à la cheminée. Une marche sépare les deux espaces. Le linteau de la porte d’accès à la cave porte la date de 1833, mais semble avoir été réutilisé.
La cave voûtée est ventilée par une petite ouverture au Nord. Sa grande dimension (8,20m par 4,15m) permet de supporter un grand védélat (10,85m par 6,75m) auquel on accède par le pignon OuestL La large porte (2m par 1,78m) a sans doute été élargie et ne semble pas d’origine. La partie haute de la charpente servait à stocker un peu de fourrage.
La partie cave et le védélat est assurément la plus ancienne mais ne semble pas constituer le bâtiment mentionné ici sur le cadastre napoléonien du début du 19ème siècle.
Toujours est-il que la taille du bâtiment avec ses différentes extensions et ses lieux de vie indépendants laissent imaginer l’importance de la superficie de la « Montagne » dont il dépend.
Le buron de Paillasère-bas (1400m), qui domine l’amorce de la vallée de la Sianne, en position centrale sur l’estive a été entièrement détruit par un incendie en 1997. Reconstruit à l’identique extérieurement en 1998, la totalité du bâtiment sert désormais d’habitation aux gardiens et à l’accueil des agriculteurs adhérents de la Coptasa.
A proximité du buron a été construit un hangar technique de 240m2. Le buron est désormais le seul dans ce secteur du Cézallier à l’estive. A noter par ailleurs que le buron fut le lieu tragique d’un fait divers meurtrier au début du XXème siècle.
Le buron avant son incendie en 1997
Robustes, les burons sont pourtant sujets à de nombreux dommages dus aux rudes conditions climatiques sur le Cézallier, mais surtout depuis la dernière moitié du XXème siècle à leur délaissement de la part de leurs propriétaires.Des dizaines de bâtiments ont ainsi disparu du paysage du Cézallier.
Les ruines parsèment ici et là les montagnes du Cézallier. Les burons luttent contre le temps dans un combat inégal, à l’issue incertaine.
Les points faibles des burons sont souvent à l’origine des dégradations. Tout d’abord, lorsqu’ils sont attaqués par le vent et la neige chaque hiver. Quand l’eau s’infiltre par une lauze ou une ardoise déplacée, le douellage pourrit, puis la charpente ne tarde pas à faire effondrer toute la toiture. L’eau s’infiltre aussi dans les murs pignons, dans la maçonnerie de la voûte. En un rien de temps, c’est le buron tout entier qui tombe à terre.
Les animaux sont aussi à l’origine de la démolition des burons. Les vaches très
nombreuses l’été fréquentent les abords des burons désormais sans vie et qui ne bénéficient pas de clôture de protection. Quand la couverture d’un buron descend près du sol, les bêtes tentent de l’escalader, elles se grattent aussi parfois contre le bâtiment au risque de desceller quelques pierres.
Ajoutons à tous ces dangers la foudre et les orages violents en été, les pilleurs de lauzes...et aussi la vente des lauzes et des ardoises par quelques propriétaires, dont les bâtiments de leurs montagnes sont devenus pour eux inutiles, voire coûteux.