La Résistance (39-45)
La vallée de la Sianne, petit territoire hors des grands axes de circulation (déjà au milieu du XXème siècle) a abrité plusieurs maquis dont ceux du Bouchet (Auriac l’Eglise), Chanet (Feydit/Allanche), Le Bostberty (Molèdes/Anzat-le-Luguet)...Plusieurs centaines de volontaires ont participé à des missions souvent périlleuses.
Un monument commémoratif érigé en 1946 évoque le passage en ces lieux de plus de 3000 hommes courageux, combattants volontaires, qui ont fait halte au buron de Margemont tout proche avant de rejoindre le Maquis du Mont Mouchet pour combattre l’occupant.
Un lieu du souvenir
Le Bosberty fut lieu de passage ces combattants qui répondaient à l’appel de « Levée de masse » lancé par les chefs de la Résistance.
« Les combattants volontaires, dont beaucoup arrivaient au buron de Margemont à vélo, étaient surtout originaires du bassin minier de Brassac et de Montluçon » se souviennent les témoins des villages environnants.
« Le ravitaillement était assuré par la population et par de rares parachutages alliés. Ils étaient logés sommairement durant quelques jours dans les granges et les burons tout proches, en attendant leur départ, à pieds, vers le Mont-Mouchet ».
Le Maquis du Mont-Mouchet, l’un des cinq grands Maquis de France, avait pour instruction de retarder par tous les moyens la jonction des troupes allemandes du sud avec celles de Normandie, afin de faciliter l’avance des Alliés.
En 1946, le monument a été érigé au Bosberty, non loin du buron de Margemont, indiquant que 3000 hommes courageux sont passés ici pour combattre l’occupant. Il est régulièrement entretenu. Des rassemblements du souvenir sur ce lieu sont fréquemment organisés.
Deux terrains de parachutages pour la Résistance ont fonctionné sur le plateau du Bru à 1070m d’altitude sur la commune de Charmensac de septembre 1943 à avril 1944. Le but de ces opérations aériennes était d’apporter des moyens matériels aux mouvements de résistance locaux et régionaux.
Ce n’est qu’au début de 1943 après l’invasion de la zone sud que la Résistance Cantalienne commença à s’organiser, mais elle manquait cruellement de moyens pour mener des actions collectives contre l’occupant allemand. Il fut donc demandé aux groupes du canton de Massiac de trouver des terrains de parachutages d’armes réunissant les conditions de sécurité satisfaisantes pour les résistants et la récupération du matériel.
Pierre Durif instituteur responsable cantonal de la Résistance à Massiac rapporte qu’une équipe de parachutages s’était constituée et se rendait disponible dès que l’un des messages ciblés était diffusé sur la BBC.
Le groupe local d’opération de parachutage pour les deux terrains du hameau du Bru était monsieur Dephix ébéniste, monsieur Jalady gérant du magasin Casino, monsieur Pialoux commerçant qui fournissait le camion, messieurs Richard père et fils garagistes et Pierre Durif l’instituteur. Ils étaient rejoints sur le terrain par l’équipe des résistants de Murat et des résistants allanchois.
Une zone de largage discrète
Deux terrains de parachutages furent choisis sur le plateau du Bru et dénommés terrain Bayard au sud ouest du hameau du Bru et le terrain Gamelin plus vers l’est. Ces lieux furent choisis et agrées par la Royal Air Force pour leur situation géographique au confins du Cantal et du Puy-de-Dôme, où pouvaient se rencontrer les équipes de Massiac, Murat et les responsables régionaux de la Résistance. Autre raison très pratique, les zones de largage devaient être plates d’environ 600m2, dans un secteur dégagé pour éviter la perte des containers. Ils devaient se situer près d’une route ou d’un chemin pour faciliter l’évacuation rapide du matériel. Le plateau du Bru répondait à ces exigences.
Pour chaque terrain les services Anglais de parachutages leurs attribuèrent un code et des messages types comme des messages personnels pour annoncer des parachutages imminents diffusés sur les ondes de la BBC. Si la phrase type d’un terrain était diffusé à 13h, 19h et 21h, le parachutage avait lieu la nuit même. La Résistance locale devait donc s’organiser et être présente sur les sites. Trois messages étaient attribués au terrain Bayard : « Il s’en va de la caisse », « Nous nous baignerons dans l’Allier », « De la Tiretaine à la Sioule ». Pour le terrain Gamelin : « Les haricots blancs sont excellents », « On se dégoute vite des choux de Bruxelles », « Les petits pois durs sont détestables ».
Les terrains étaient balisés grâce à des lampes de poche placées en L pour avertir du sens du vent : trois lampes rouges et une blanche. Une liaison par radio entre le sol et l’avion était établie.
Les parachutages avaient lieu de préférence les soirs de pleine lune pour la clarté afin de repérer plus facilement les containers. « La recherche des containers emportés par le vent glacé sur le plateau du Bru durait parfois plusieurs heures rapportait Pierre Durif. Nous rentrions exténués au petit jour et il fallait reprendre notre travail quotidien. La tâche était encore plus dure pour les résistants Muratais qui se chargeaient du transport et du camouflage des armes ». Après le largage, il fallait rapidement récupérer les containers de 160kg, replier les parachutes, charger les cargaisons de fusils et les munitions.
Entre l’automne 1943 et le printemps 1944 ont eu lieu 6 parachutages et quatre échecs sur le plateau du Bru :
- 15 septembre 1943 : largage de 12 containers
- 4 mars 1944 : largage de 15 containers par grand vent et tempête de neige provoquant l’éparpillement des containers sur plus de cinq kilomètres. Huit furent récupérés par le Résistance en bordure de la vallée de l’Alagnon. Sept containers tombèrent aux mains des Allemands.
- 24 mars 1944 : 15 containers réceptionnés
- 10 avril 1944 : le plus important des largages par trois avions de 35 containers soit cinq tonnes de matériels, récupérés toute la nuit par les résistants.
- 23 avril 1944 : 24 containers
- 26 avril 1944 : 24 containers
- 27 avril 1944 : échec sur le terrain Bayard en raison du mauvais temps le largage n’a pas lieu
Les 20, 22, 27 juillet et le 2 août les avions Anglais passèrent au dessus du Plateau du bru mais sans larguer leur chargement en l’absence des équipes de résistants mis en danger ou partis au Mont Mouchet.
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Sources : article inédit de Michel Mars dans la plaquette 2015 de l’Association des Amis du Vieil Allanche, p 26-30.
Photo : parachutage dans le sud du Massif Central
ll y avait plusieurs maquis dans la vallée de la Sianne, un territoire assez à l’écart des grands axes de communication et peu surveillé par les allemands : Chanet sur la commune de Feydit, avec un état major, au Bosberty à l’extrémité sud de la commune d’Anzat-le-Luguet avec un maquis-relais au buron de Margemont, au hameau du Bouchet sur la commune d’Auriac-l’Eglise comprenant une centaine d’hommes avec un état major.
Après la dislocation des réduits du Mont Mouchet et des gorges de la Truyère, les FFI sont revenus à la guérilla, plus adaptée à leur armement et à leur façon de combattre les allemands. Après s’être reconstitué au Col de Néronne dans les monts du Cantal, entre Salers et le Puy Mary, le 8ème de Dragon s’installe dans toute la région comprise entre Allanche et Massiac formant la zone de guérilla N°6 avec 3 escadrons. C’est dans ce contexte que fut installé un maquis au hameau du Bouchet sur la commune d’Auriac l’Eglise sur les conseils de Louis Mathieu alors directeur de l’école primaire publique avec le soutien du maire de la commune Marcel Andraud.
Il y eu d’abord 10, puis 15, puis 20 maquisards pour atteindre la centaine. Tous ces hommes, des jeunes pour la plupart venaient de toutes les régions, dont le Brivadois. Certains fuyant le service du travail obligatoire (STO) d’autres étant des réfugiés venus en zone libre.
Ce regroupement de jeunes formèrent le 4ème escadron du 8ème de Dragon, sous les ordres du Lieutenant Mourrieras. Parmi eux on peut citer le gendarme Gaston Thomassin de la brigade de gendarmerie de Salers, Ludovic Soulier d’Auriac-l’Eglise, Jean Mouillaud de Brioude, Joseph Berthuit de Pierrefite, Roger Laporte de Massiac, Marcel Trincal d’Auriac l’Eglise, Charles Hanusiak de Molèdes. Plusieurs copains sont venus ensemble de Paris : Pierrot Farraire, Jacques Bréault, Albert Poupée, Alphonse Florin.
L’escadron Mourrieras du Bouchet était notamment chargé de surveiller la Nationale 9, axe stratégique entre les garnisons allemandes de Clermont-Ferrand, Issoire, et celles de Saint-Flour et Aurillac.
Comment se passait la vie au maquis du hameau du Bouchet ? Marcel de la Rochette qui habite le village depuis toujours se souvient bien de cet été 1944.
« Le village grouillait d’hommes et les voitures occupaient tous les chemins jusque dans les bois autour. Dans la journée, les hommes s’occupaient à diverses tâches. La cuisine était faite au four du hameau. Les achats chez les paysans et autres fournisseurs étaient payés cash. Le dimanche beaucoup de rendait à la messe au bourg d’Auriac-l’Eglise à deux kilomètres du maquis.
Les officiers dont le capitaine Mourrieras et les sous-officiers prenaient leurs repas et logeaient dans les maisons de la famille Pelissier. C’était aussi la seule maison équipée d’un téléphone. Les trois granges du village étaient occupées par les jeunes maquisards... »
La plupart des jeunes volontaires n’avaient aucune connaissance des armes, aussi recevaient-ils par les sous-officiers des rudiments d’instruction militaire dans les bois au dessus du hameau. Un parachutage d’armes le 14 juillet 1944 a permis d’équiper les volontaires.
Voir autre fiche sur la mision de la N9
Sources plaquette de Michel Tissidre "Les jeunes d’Auriac-l’Eglise au maquis"
Le hameau du Bouchet
L’un des trois maquis du 8ème de Dragon s’est installé en 1944 au hameau du Bouchet. L’une de ses missions de surveillance de la RN 9 Lempdes-Massiac) consistera à l’attaque d’une colonne Allemande. Un opération avec des morts notamment son chef le Maréchal des Logis Gaston Thomassin et le jeune Résistant Alphonse Florin. Un épisode de la Résistance qui a marqué la population.
Quand les ordres arrivaient au maquis du Bouchet par téléphone ou par estafette des hommes partaient par petits groupes pour des missions dans la région. L’une d’elle a marqué tous les esprits. Le 7 août 1944 une quinzaine d’hommes quitte le Bouchet sous les ordres de Gaston Thomassin pour mettre en place une embuscade en face du village d’Aubeyrat, au sud de Brugeille, près de Lanau sur la route nationale 9 afin d’arrêter une colonne allemande qui, d’après les informations reçues avait quitté Clermont-Ferrand pour se diriger vers Saint-Flour. Il s’agissait d’un convoi de 28 véhicules et d’un engin blindé
Jean Mouillaud qui participait à l’embuscade raconte : « La colonne allemande se présente vers 13h. Aussitôt les Résistants ouvrent le feu sur les premiers camions que les soldats cherchent à fuir. Il sont décimés par un feu précis à bout portant. Mais les éléments du gros de la colonne Allemande mettent pied à terre et amorcent une manoeuvre d’encerclement. Pendant une heure environ le petit détachement du Bouchet, manoeuvrant habilement en retraite, tient tête à des forces ennemies évaluées à 200 à 300 hommes. Après un décrochage difficile le maréchal des logis Gaston Thomassin, qui refuse de se replier et continue à tirer au fusil mitrailleur sur les allemands, est grièvement blessé à la jambe et fait prisonnier. Emmené à Saint Flour, il sera fusillé au Pont-de-Fraissinet en compagnie d’autres Résistants. Une stèle en bord de route rappelle leur sacrifice.
Le reste du détachement poursuivi par les Allemands réussit à se dégager et à rejoindre les lignes au bout de 24h. Les pertes de la colonne ennemi, d’après les déclarations faites par les soldats allemands eux-mêmes s’élèvèrent à environ 40 hommes tués ou blessés dont plusieurs officiers.
Fin tragique du jeune Maquisard Alphonse Florin
Quelques heures après le départ du groupe du Bouchet le capitaine Mourrieras demanda un volontaire pour porter un ordre de mission à Gaston Thomassin. Le jeune Alphonse Florin arrivé au maquis seulement depuis la veille sollicita la mission bien que ne connaissant pas le secteur. Il quitta le Bouchet à vélo pour rejoindre le groupe de maquisards sur le plateau au dessus de Lanau. Il ne pris pas la bonne route vers Espalem et s’engagea sur la RN9 où il se trouva face à face avec une partie de la colonne Allemande qui venait d’être attaquée par les hommes du maquis du Bouchet. Essayant de s’enfuit par la côte il sera abattu sauvagement. Il avait 24 ans.
Ses obsèques eurent lieu à l’église Saint-Nicolas d’Auriac en présence d’une foule nombreuse qui accompagna sa dépouille jusqu’au cimetière. Il fut inhumé provisoirement dans un caveau vide avant d’être transféré quelques mois plus tard dans le caveau familial à Clermont-Ferrand.
Avant de quitter le Bouchet un petit groupe armé participa au maintien de l’ordre à Saint-Flour. Tous les maquisards du 4ème escadron des Dragons quittèrent le Bouchet fin août 1944 pour rejoindre le 8ème dragon et participer à la libération des villes de Digoin, d’Autun, Paray-le Monial, puis dans les Vosges et jusqu’en Allemagne où l’armistice le 8 mai 1945 le trouva à la frontière autrichienne.
Sources Michel Tissidre : Plaquette « Les jeunes d’Auriac-l’Eglise au maquis »
Le buron de Margemont situé à 1279 mètres d’altitude dans le Cézallier sur la commune de Molèdes fut durant quelques mois en 1944 un maquis-relais choisis par les Résistants de Massiac à la demande des chefs de la Résistance d’Auvergne.
Situé à l’écart des grands axes et accessible uniquement par un chemin, le buron a été d’avril à juin 1944 un lieu de passage pour 3000 combattants volontaires Mais le buron a surtout servi à opérer un tri parmi les volontaires qui répondaient à l’appel de « Levée de masse » lancé par les chefs de la Résistance.
Une halte au buron permettait de prendre un peu de repos avant de rejoindre le Mont Mouchet en Margeride. « Les combattants volontaires, dont beaucoup arrivaient au buron à vélo, étaient surtout originaires du bassin minier de Brassac et de Montluçon » se souviennent les témoins des villages environnants.
« Le ravitaillement était assuré par la population et par de rares parachutages alliés. Ils étaient logés sommairement durant quelques jours dans les granges et les autres bâtiments proches des villages de Vins-Haut et du Bosberty, en attendant leur départ, à pieds, vers les réduits du Mont-Mouchet ou de la Truyère ».
Le maquis du Mont-Mouchet, l’un des cinq grands maquis de France, avait pour instruction de retarder par tous les moyens la jonction des troupes allemandes du sud avec celles de Normandie, afin de faciliter l’avance des Alliés. Ce haut lieu de rassemblement de Résistants et de réfractaires au STO sera attaqué par l’armée Allemande les 10 et 11 juin 1944 provoquant la dispersion des combattants.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien