Modes de vie
Jusqu’à la seconde guerre mondiale la vie de famille était concentrée dans la salle commune et devait donc satisfaire à tous les besoins de la vie quotidienne. C’était la pièce où l’on faisait la cuisine, rassemblant à la fois l’évier » l’ayguairo » et la table tourtière en bois entourée de bancs, le cantou dispensant sa chaleur tant pour les veillées que pour les besoins alimentaires. Un environnement et un mode de vie.
Dans la plupart des maisons traditionnelles du Cantal et plus particulièrement dans les fermes, l’oustal était autrefois la seule pièce d’habitation, cœur de la demeure paysanne.
Dans les maisons plus importantes la salle commune commandait les bâtiments d’exploitation, soit par une porte donnant accès à l’étable ou la grange, soit par un escalier qui s’élevait dans la salle même. Avec l’évolution sociale des propriétaires, des modes de vie et des constructions cet escalier donnait accès à des chambres situées au-dessus de la salle commune.
Cette grande salle commune d’une moyenne de 40m2 fut d’abord entourée de murs crépis, mais le milieu du 19ème siècle a vu l’apogée des boiseries en Haute-Auvergne dont beaucoup sont parvenues jusqu’à nous. A cette époque, installer des boiseries dans la salle commune était le signe de l’amélioration de la situation du propriétaire.
Les infrastructures d‘une salle commune entièrement recouverte d’une boiserie comprennent toujours selon les ethnologues le buffet encastré, l’horloge vitrée, la succession de portes pleines ou vitrées.
Le sol est planchéié. Les ouvertures sont peu nombreuses, étroites par rapport à la superficie totale de la pièce. En fait les ouvertures sont réduites à la seule porte d’entrée et à une fenêtre. Elles laissent donc tout le fond de la pièce commune dans l’ombre, car généralement la pièce étant plus profonde que large.
C’est principalement ce type d’habitation dans lequel nous trouvons encore aujourd’hui dans le Cézallier de nombreux éléments anciens de l’habitat traditionnel auvergnat.
La salle commune des maisons paysannes de Haute-Auvergne reflètent une économie domestique bien pensé du sol au plafond. Elle communique avec l’étable séparée par un simple cloisonnement en planche, le sol est fait de bois et de pierre et l’accès à la cave est direct par une trappe...
Au sol, du bois et de la pierre
Le sol de la salle commune visible aujourd’hui est généralement composé d’un système mixte de dallage et de planches épaisses et larges posées sur un lambourdage.
Cette particularité des maisons paysannes du Cantal offre ainsi un large espace central en bois bordé souvent par une sorte de chemin de pierres d’nviron un mètre de large. Ce chemin était utilisé losqu’on rentrait en sabot dans la maison en portant par exmple l’eau du puits extérieur à l’ayguière et lorsqu’on alimentait en bois le feu du cantou.
Quand le sol était très sale, la ménagère utilisait de la lessive à la cendre, plus tard au savon noir ou au savon de Marseille.
Un accès direct à l’étable
Dans la maison paysanne du Cézallier, l’étable faisait suite à la salle commune, généralement derrière une simple cloison en planche, de sorte qu’il n’était pas besoin de sortir en hiver pour aller traireles vaches et donner à manger au bétail.
A travers la mince cloison, de son lit-clos, durant la nuit, le paysan entendait tous les bruits de l’étable : gémissements d’une bête malade, bruit de chîne, attache rompue...
Cette promiscuité salle commune -étable avait l’avantage pour la famille d’apporter de la chaleur en hiver, celle des animaux. Un très bon complément du cantou.
Et une trappe pour la cave
Toutes les maisons paysannes ne possédaient pas forcément une cave, mais lorsqu’lle existe elle permet de garder à portée de main, pommes de terre, légumes, graines, semences, barriques de vin...
On accède à la cave par une trappe d’environ un mètre carré placée devant l’entrée de la salle commune pour bénéficier de la lumière extérieure. On y descend par un escalier ou une échelle.
Le décor de la maison paysanne marquait durablement la fierté familiale en affichant joliment sous cadre, principalement dans la salle commune, des souvenirs intergénérationnels des membres de la famille qui habitaient pour la plupart sous le même toit.
Les images et les objets mis en scène, accrochés dans la maison, donnaient chair à un espace de transmission symbolique et une visibilité de la mémoire familiale.
Ces cadres encore nombreux dans les habitats anciens conservés dans le Cézallier sont porteurs d’histoires de vie indiquant le destin de chacun.
Ainsi, exposés depuis des décennies, de plus de 100 ans pour les cadres de poilus de la Première Guerre Mondiale, des portraits des parents et grands-parents et des reproductionsd’images diverses constituent les traces d’un passé et confortent les liens familiaux par-delà la mort, les bons moments et les épreuves de la vie.
Chaque objet avait sa place en fonction de son utilisation dans la vie quotidienne de la famille. Un grand nombre d’entre eux s’entassait dans la salle commune. Et au fil des décennies ces objets utilitaires ont participé à l’évolution des pratiques et des modes de vie.
Beaucoup d’ objets encore conservés par les générations actuelles, racontent les gestes et la vie des familles dans les campagnes auvergnates autrefois. Ils sont désormais habités par des souvenirs d’enfance, des traditions culinaires, des modes de vie. Beaucoup étaient déjà écologiques et économiques.
Représentatif d’une époque pas si lointaine, il est émouvant de les redécouvrir dans certains habitats anciens fermés après le décès des anciens ou encore en usage chez des personnes agées.
L’heure de gloire de la batterie de cuisine en aluminium
La révolution des ustensiles culinaires est arrivée dans les années 1930 avec l’introduction de la batterie de cuisine en aluminium blanc ou émaillé qui a progressivement remplacé les objets anciens.
Ce métal léger a vite fait de reléguer dans les greniers les trop lourds ustensiles en terre, en fonte et en cuivre. On ne cachait pas cette modernité : rangées de casseroles, égouttoir en tôle émaillée pour ranger les louches et les écumoirs, boite à sel et aux allumettes... trônaient dans la salle commune. Comme avant !
Pendant très longtemps les anciens se contentaient des flammes de l’âtre du cantou pour éclairer la salle commune, autant dire une faible lueur plus on s’éloignait de la cheminée. Après la Révolution on commença à utiliser régulièrement des chandelles de cire et les lampes à huile de colza ou de noix avant la grande évolution de l’électricité au 20ème siècle.
C’est autour du cantou que la famille se réunissait autrefois pour les veillées, pour travailler et se distraire la nuit tombée, mais aussi pour économiser chaleur et lumière.
Pour éclairer la maison on disposait de petits objets traditionnels avec de l’huile utilisés le moins longtemps possible par souci d’économie. Dans les chambres on préférait le bougeoir généralement posé sur la table de nuit, mais pour le bref moment du coucher seulement.
Vers les années 1870 on employa de nouveaux carburants, l’essence et le pétrole, en adaptant les lampes à huile avant que n’apparaissent des modèles spécialement conçus pour l’éclairage dont la flamme était enfermée dans un long verre pour faciliter le tirage et assurer une plus grande sécurité, la lampe à pétrole.
La grande évolution de l’éclairage viendra dans nos campagnes avant la seconde guerre mondiale avec l’électricité, souvent une seule ampoule dans la salle commune. Mais quel changement pour les modes de vie ! L’électricité arrivera progressivement tous les hameaux à partir de 1946 avec la création de la Société Nationale d’Electricité de France.
Les anciennes lampes sont encore très nombreuses dans les habitats anciens. Seuls les bougeoirs reprennent occasionnellement du service pendant les coupures d’électricité.
Petit éclairage à huile avec le calelh
Souvent encore accroché près du cantou dans les intérieurs anciens, la lampe à huile, le calelh, a durablement marqué les mémoires car cet objet a participé à l’amélioration de l’éclairage dans la salle commune.
Le calelh, en laiton ou en fer forgé, le plus souvent un simple godet recueillant l’huile, est prolongé par une tige pour le pendre à un clou au mur ou à une poutre. La mèche de chanvre ou de coton baignait dans l’huile pour la brûler lentement. Une fois allumé le calelh produisait une clarté un peu plus forte qu’une simple bougie.
Huile, cire, essence, pétrole
Pour le soins du bétail dans l’étable on emportait une lanterne carrée en fer et fermée par du verre dans laquelle brûlait une bougie à l’abri des intempéries.
A la fin du 19ème siècle, arrive la lampe tempête, lampe à pétrole mobile dont la flamme était enfin protégée du vent. Elle sera la lampe utilitaire la plus utilisée par les paysans jusqu’à l’avènement de l’électricité, notamment dans les étables pour la traite des vaches.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien