Les Palhàs
Malgré l’envahissement par la végétation sauvage et l’extension de la forêt par marcottage naturel, une observation précise des palhàs est rendue possible, principalement à la sortie de l’hiver. Lorsque le soleil ne rencontre plus l’obstacle du feuillage, les palhàs offrent à l’œil nu leurs étages sinueux et leur couleur qui se détachent sur le tapis doré des feuilles mortes.
Située dans le Cantal et sur quelques kilomètres en Haute-Loire, la vallée de la Sianne coincée entre les deux plateaux de la Planèze et du Cézallier correspond à ces territoires très accidentés appelés les pays coupés. La vallée présentait une terre peu propice aux activités humaines, mais à toutes les époques les populations ont su tirer profit du sol et du climat. Les pentes ont été couvertes de terrasses pour la culture de la vigne.
Lorsque la population était à son maximum dans la partie la plus large de la vallée de la Sianne, à savoir autour du bourg d’Auriac (devenu par décret Auriac-l’Eglise en Juillet 1918) toutes les entités paysagères ont été utilisées pour une production agricole la plus rationnelle possible où chaque parcelle fut utilisée. Cette appropriation de l’espace a laissé des traces sur le paysage. La pierre sèche est le meilleur témoin de cette activité humaine.
Abandonnées depuis le milieu du 20ème siècle, les palhàs, nom local en occitan donné pour parler des terrasses agricoles en pierres sèches dans le Pays de Massiac, s’échelonnent de la départementale 20 qui serpente au fond de la vallée de la Sianne et presque jusqu’à la crête des collines sur plus de 10 kilomètres, d’Auriac l’Eglise (Cantal) au Babory de Blesle (Haute-Loire). Les innombrables murettes dont certaines s’allongent sur plus de 100 mètres, frappent par l’impression d’unité, résultat d’un travail parfaitement ordonnancé durant des décennies.
Elles ont encore fière allure ces palhàs. Lors de leur construction au 19ème siècle, les paysans bâtisseurs de la Vallée ont respecté les courbes et les formes des terrains à gagner, aménagés des murets de différentes hauteurs en tenant compte des rochers, alignés des séparations dans le sens de la pente, prévus des chemins de traverse, construits des cabanes.
Ils ont côtoyé les prospecteurs et les mineurs qui ont ouvert par endroit des bouches béantes pour la recherche de
Malgré l’envahissement par la végétation sauvage et l’extension de la forêt par marcottage naturel, une observation précise des centaines de terrasses est rendue possible, principalement à la sortie de l’hiver. Lorsque le soleil ne rencontre plus l’obstacle du feuillage, les palhàs offrent à l’oeil nu leurs étages sinueux et leur couleur due à la pierre de basalte qui se détachent sur le tapis doré des feuilles mortes.
Sur le versant exposé au soleil, à l’abris du vent froid du nord, la Vallée de la Sianne garde encore ses anciennes terrasses,les palhàs. De La Croze (Auriac-l’Eglise) à Blesle, elles divisent tout un flanc de pentes schisteuses autrefois couvertes de vigne.
Palhàs face au bourg d’Auriac-l’Eglise (années 60)
On imagine difficilement aujourd’hui les rudes travaux que les paysans bâtisseurs durent livrer pour diviser des hectares de côtes, élever muraille sur muraille, transporter les pierres, apporter la terre, les fumiers pour les engraisser.
La construction des pahlàs a entraîné des efforts considérables de la part des habitants des villages du fond de vallée. Mais la main d’oeuvre était importante. La Croze, Auriac, Riol et Chazelle bénéficiaient alors d’une occupation maximum. Au recensement de 1836, la commune d’Auriac-l’Eglise comptait 1036 habitants et encore 712 en 1901. On pouvait donc occuper tous les bras disponibles pour mettre en valeur ces nouvelles terres, alors au comble du morcellement.
Abandonnées depuis le milieu du 20ème siècle, les palhàs s’échelonnent de la départementale et presque jusqu’à la crête des collines sur plus de 10 kilomètres.
Malgré l’envahissement par la végétation sauvage et l’extension de la forêt par marcottage naturel, une observation précise des palhàs est rendue possible, principalement à la sortie de l’hiver. Lorsque le soleil ne rencontre plus l’obstacle du feuillage, les palhàs offrent à l’oeil nu leurs étages sinueux et leur couleur qui se détachent sur le tapis doré des feuilles mortes.
Elles ont encore fière allure ces palhàs. Lors de leur construction au 19ème siècle, les paysans bâtisseurs de la Vallée ont respecté les courbes et les formes des terrains à gagner, aménagés des murets de différentes hauteurs en tenant compte des rochers, alignés des séparations dans le sens de la pente, prévus des chemins de traverse, construits des cabanes.
Ils ont côtoyé les prospecteurs et les mineurs qui ont ouvert par endroit des bouches béantes pour la recherche de l’Antimoine. Une dizaine de tunnels sont encore visibles au milieu des terrasses.
Les innombrables murettes dont certaines s’allongent sur plus de 100 mètres, frappent par l’impression d’unité, résultat d’un travail parfaitement ordonnancé.
Le principal objectif était de gagner sur la montagne le maximum d’espace afin d’y développer la culture de la vigne.
L’enterrassement de tout un versant de la Vallée de la Sianne a donné des résultats particulièrement fonctionnels. Tout contribuait à faire des palhàs une réussite architecturale rationnelle.
Les terrains cultivables obtenus étaient pratiquement horizontaux, les terres n’étaient pas entraînées lors des orages. La terre retenue par les murets maintenait l’humidité et l’effet d’abri obtenu était renforcé par la restitution de la chaleur emmagasinée pendant les chaudes heures d’ensoleillement. Tout contribuait à faire des palhàs une réussite.
Les murets ne sont pas très hauts, l,5Om à 2m en moyenne, 0,50 m sur certains terrains en pente douce. Au plus bas des parcelles, les murailles sont d’une qualité d’exécution supérieure. La largeur de la plate bande cultivable est liée en fonction de l’inclinaison de la pente : trois mètres près du fond de vallée à plus de dix mètres vers les hauteurs.
Pour augmenter la solidité, les murets étaient légèrement inclinés vers l’intérieur. De nombreux murs étaient surmontés de grosses pierres plates alignées verticalement les unes derrières les autres formant ainsi une sorte de garde-corps visuel matérialisant la limite du vide.
Différents moyens d’accès aux terrasses correspondaient à divers modes de transports. Il fallait en effet concilier avec l’économie de la terre et les côtes abruptes : traverseiras, tranchadas, chareiras formaient un important réseau pour circuler de terrasses en terrasses..
Les traverseiras
Pour circuler sur le réseau organisé des parcelles de palhàs, des chemins longent les murs. Leurs fonctions sont également de freiner l’eau de pluie, évitant ainsi que la terre soit entraînée vers le bas des parcelles.
Les tranchadas
Les tranchadas étaient essentielles dans la culture de vigne en terrasse. Si l’on voulait diriger l’eau vers le bas il était impératif de construire des tranchadas. Le plus souvent il s’agissait d’une ligne droite suivant la pente, partant des plus hautes parcelles cultivées pour aller jusqu’en bas. La largeur de ces fossés s’accentuait du haut vers le bas.
Le désintérêt progressif des palhas depuis un demi siècle a engendré la disparition de ces réseaux d’évacuation de l’eau. Avec eux, ce sont toutes les techniques de construction et les règles d’utilisation qui disparaissent et rendent encore plus difficile la compréhension de l’utilisation des terrasses.
Néanmoins, plusieurs exemples sont encore visibles sur les parcelles des côtes du vignal à La Croze et sur celles d’Auriac et de Riol.
Les tranchadas servaient aussi de limite entre deux parcelles. Les murs étaient montés avec la pierre issue du fouillage du sol. Ces murs jouaient également un rôle de soutènement des palhas. En cas de travaux d’entretien, ce sont les utilisateurs des palhas riveraines du canal qui formaient une équipe de nettoyage. Au printemps, période de labourage, la tranchada devait être opérationnelle.
Les charreiras
Une chareira est un chemin assez large pour que les chars puissent circuler et qui monte régulièrement selon une ligne droite en diagonale avec peu de lacets pour éviter les renversements des chars.. Dans les cotes de vigne, elle était soutenue en aval par un mur ne dépassant pas du sol et en amont par un autre pour que la terre du palhas ne s’éboule pas (exemple sur la côte de Ferrière entre le camping de Blesle et le hameau de Vazeille).
Ces chemins avaient aussi comme fonction de relier les villages. En traversant les groupements de vignes, les paysans vignerons du fond de vallée en tiraient partie aussi.
Une charreira pouvait aussi être creusée à même la roche. Dans ce cas elle ne dépassait guère les deux mètres de large permettant uniquement le passage d’un seul char (bel exemple sur la côte de la Devèse à la sortie du hameau de Chazelles).
Pour raparer les murets abimés, ont faisait notamment appel dans le premier quart du XXème siècle à Joseph Jumel, un habile artisan maçon qui habitait Auriac-Bas. Il s’y rendait avec son petit matériel protégé par le traditionnel tablier bleu à larges poches ventrales, avec son cordeau et ses marteaux.
Sur de nombreuses terrasses les traces de cabanes biens construites ou de simples trous sont encore visibles. Elles racontent l’utilisation ardue de la terre par des générations de paysans-vignerons.
Dans le fond de la vallée de la Sianne on observe encore de petites constructions situées aux pieds des terrasses autrefois exploitées pour la vigne. Trois spécimens sont visibles depuis la route départementale. L’une est située près du hameau de Riol et a bénéficié récemment d’une restauration, l’autre en ruine est implantée au hameau de La Croze. Ces deux maisonnettes sont sur le territoire de la commune d’Auriac-l’Eglise. Une autre maison de vigne est accolée au rocher sur la base des anciens palhàs de Ferrière-bas sur la commune de Blesle.
Le rez-de-chaussée de ces cabanes de vignes en terrasse était accessible par une porte exposée au sud. L’étage, accessible par une échelle de meunier, était habitable. Une cabane est également toujours en place sur un palhàs près du ruisseau de l’église
Inutilisées depuis des décennies, ces petites maisons, restent les témoins de l’activité vinicole de la vallée autrefois.
Les trous dans les murs des terrasses
Sur l’ensemble des palhàs il existe aussi un autre système d’abri très répandu ; les trous qui font partie de la masse des murs en pierre sèche. Suivant la taille et la forme de ces trous, l’abri était prévu pour les travailleurs, les outils ou encore pour abriter une source.
On trouve encore ces vestiges en grande quantité sur les palhas. Les trous situés dans la partie supérieure des terrasses ont une largeur moyenne d’un mètre sur autant de profondeur. Ils sont creusés le plus souvent dans la roche, évitant ainsi la construction d’un morceau de mur pour soutenir la terre.
La plupart de ces trous sont en ruine, mais on peut se faire une idée de la façon dont ils étaient recouverts. La plus courante consistait à poser de grandes dalles de pierre dans le sens de la largeur. L’autre technique qui semble avoir été la plus répandue sur les palhas de la vallée de la Sianne comprenait une charpente sommaire à un pan, calée dans le mur de soutènement et recouverte de tuiles-canal. A l’intérieur le seul aménagement, quand il y en avait un, se résumait à une banquette (exemple visible à Serre-bas).
La cabane rustique
On trouvait également des cabanes plus
grandes et mieux aménagées, une forme intermédiaire entre le simple trou et la cabane maçonnée, mais toujours de faible hauteur. Un bel exemple subsiste sur le palhas de la Routisse près du hameau de la Croze.
La cabane du palhàs de la Routisse, sur le bord du bois des chèvres près a été construite par Jules Pelissier, paysan vigneron de La Croze à la fin du 19ème siècle. Adossée à la roche de l’homme, elle est largement ouverte sur la terrasse. Elle possède une petite fenêtre offrant un aperçu sur la départementale en contrebas. Au fond de la cabane, existe toujours une surprenante cheminée où le père Jules brulait les sarments de vigne. La couverture en lauze lui a permis d’arriver jusqu’à nous et de résister au temps.
Les cabanons en bois
Là où il n’y avait pas de cabane en pierre, la solution consistait à implanter sur le palhàs un cabanon en planches pour y stocker les outils et les objets de portage. On trouve encore ce type de cabanon sur le palhàs du rocher de la rose (Lair) et sur le palhàs de Chadeire près de Chazelle.
Les escaliers permettaient l’accès aux terrasses. Ils sont encore nombreux sur les Palhàs de la vallée de la Sianne, preuve d’une extraordinaire résistance au temps.
L’escalier juxtaposé
La forme d’escalier la plus visible sur les palhàs de la vallée de la Sianne est celle qui n’est pas encastrée mais juxtaposée en avant du mur de soutènement. Pour sa construction deux méthodes étaient envisageables. Un second monticule de pierres, long de deux mètres en avant du paret contenait l’escalier. Parfois, on s’aperçoit que pour économiser les pierres, donc du travail, le mur de soutènement était partagé en deux et une partie était construite au devant de l’autre, sur environ deux mètres de long. Entre les deux, on plaçait l’escalier.
L’escalier "rampe encastré"
L’escalier "rampe encastré" est le moins économique en terre arable mais beaucoup plus robuste et confortable d’emploi. Il est constitué de marches posées sur la terre. Cet escalier est intégré à la masse, d’ou son nom. Les marches font en moyenne 40 centimètres de long et 20 centimètres de haut. Ce type d’escalier est celui qui a le plus disparu sur les palhàas de la vallée de la Sianne, étant le moins résistant au temps et à l’usure.
L’escalier volant
L’escalier volant n’est qu’une succession de dalles faisant partie de la masse du mur. Elles dépassent en moyenne de 40 centimètres de la masse de la pierre. L’ensemble constitue un escalier. Souvent la hauteur du mur exige cinq marches, mais certains, aux dimensions impressionnantes peuvent en compter plus d’une dizaine. Ce type d’escalier est très répandu dans les palhàs de la vallée de l’Alagnon, un peu moins dans la vallée de la Sianne.
L’inconvénient de ce système d’accès aux terrasses,en est la fragilité, en particulier lorsque la roche employée, celle su sous-sol, est facilement friable.
Remplacer une dalle revenait alors à démonter le mur puis à le reconstruire : un travail conséquent.
L’autre aspect négatif est la capacité d’équilibriste nécessaire à son emploi, surtout lorsqu’on portait sur le dos une large hotte chargée de raisin. Cette forme d’escalier n’est donc pas la plus confortable pour les paysans-vignerons, mais c’était celle qui respectait le plus la culture elle-même, car prenant le moins d’espace sur la terre cultivable.
Robert et Marie Nicolas furent les derniers exploitants des palhas de la vallée de la Sianne. Leurs petites vignes sur le côtes d’Auriac-bas et du hameau de Chazelle n’étaient pas leur activité principale. Comme la plupart des propriétaires des palhàs, la vigne était une activité complémentaire. Quelques souvenirs.
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Famille Nicolas aux vendanges de 1940 sur le palhàs de Chadeire
« L’utilisation des palhàs sur la commune d’Auriac-l’Eglise a cessé définitivement en 1975 car leur exploitation était devenue trop pénible et à cause de la disparition des anciens qui avaient l’habitude de les utiliser. Les jeunes ont quitté le pays pour faire autre chose.
Les palhàs en fait, ce n’était pas rentable. Autrefois c’était différent, il y avait tellement de monde dans les familles, 3 ou 4 garçons par maison qui ne pouvaient pas aller travailler chez le voisin qui n’en avait pas besoin, alors ils grattaient la terre, faisaient des murs et mettaient la terre dessus, et s’occupaient des vignes...
Les terrasses nous demandaient énormément d’entretien. Les murs, c’était le principal, quand il pleuvait en automne ou qu’il gelait l’hiver les murs gonflaient, lors du dégèle au printemps, la terre diminuait et les murs parfois tombaient. Après le travail sur les murs il fallait déchausser les pieds de vigne, les tailler, ramasser les sarments, puis planter les échalas, relever la vigne, attacher la vigne sur les échalas et enfin donner de bons coups de pioche.
En fait, une personne pouvait être occupée en permanence sur les palhàs. Au mois d’août seulement on avait un peu de répit. On n’entrait pas dans les vignes parce qu’elles fleurissaient.
Je me souviens bien des cépages sur les palhas, du seibel numéro 1 surtout, du 156, après avec les nouveaux plans, il y avait du 5000, 7053, 18916... plein de numéros. Pour moi ce sont surtout des vieux plants des seibel numéro 1 qui étaient les meilleurs.
Autour du 15 octobre en principe, les palhas s’animaient pour la vendange.
On devait faire attention aux première gelées et c’était bien juste des fois.
On sous-tirait notre vin au mois de mars, quand il était clair à 8 ou 9 degrés. Ma meilleure année c’est lorsque j’ai produit 10 hectolitres de vin. Chez nous le système des anciens était en vigueur. On faisait fermenter le vin des palhas dans la cuve, 15 jours après avoir tiré le vin, je mettais du cidre dans la cuve, parce que le cidre faisait fermenter le marc de raisin dedans une deuxième fois. En y mettant un peu de sucre on produisait une deuxième boisson qu’on buvait au printemps. Et quand on sortait le marc de la cuve on faisait de la gnole. Rien n’était perdu.
Il y avait aussi le fumier à monter « On montait le fumier avec une paire de bêtes, on mettait les sacs de fumier au pied de la vigne, on déchargeait puis on redescendait avec les bêtes, une paire de vaches ou des boeufs, et ça passait dans le chemin avec un char.
Pour entretenir la terre en haut du talus on prenait la terre au fond et on la montait sous le mur du haut sans la changer de palhàs. Quand tu pioches dans la pente, au bout de 4 ou 5 ans en haut il n’y en a plus de terre sous le mur, alors on la prenait en bas et on la jetait sous le mur du haut ». Remonter la terre représentait un travail très pénible. Les anciens la montaient même parfois du fond en haut de la palhàs avec un seau, c’étaient des durs...
On craignait les orages qui entraînaient la terre vers le bas des palhas. Il y avait heureusement un système de tranchées qui empêchait l’eau de rentrer dans les parcelles qui l’éjectait sur le côté du terrain qui ne travaillait pas, si c’était un bois à côté il y avait une grande tranchée en haut du terrain, ainsi l’eau ne descendait pas dans la vigne. On ne montait jamais d’eau dans les palhàs, toujours l’arrosage naturel. Il y avait aussi des trous étanches qui permettaient de garder de l’eau.
Sur nos palhas il y avait des cabanes et des pigeonniers. Les cabanes c’était pour les outils et pour se mettre à l’abri en cas de mauvais temps, parce qu’il y avait des vignes qui étaient loin des habitations, les pigeonniers permettaient d’avoir de l’engrais pour la vigne... ».
Propos recueillis en 1998
La culture de la vigne sur les palhàs de la vallée de la Sianne n’avaient rien qui ne la distingua de celles des autres vignobles. Mais, que d’allées et venues sur les parcelles afin que cette terre gagnée sur la montagne, durement maîtrisée produisent des fruits.
Grâce à ces murs, la mise en culture de terrains difficiles d’accès, mais admirablement bien exposés à été rendu possible sur la commune d’Auriac l’Eglise. Une nouvelle activité économique s’est intégré dans la vallée. Les paysans se sont fait aussi vignerons. L’entretien des terrasses occupaient les paysans plusieurs semaines durant l’hiver : éboulement, réfection des parets, relevage de la terre, sans compter l’entretien de la vigne, la coupe du bois.
Comme ailleurs, le paysan-vigneron devait défoncer, débuisser, enceper, tailler, émonder, avant de voir son travail récompenser par de beaux raisins.
En automne, labourage et enlevage des échalas, Fin février début mars le vigneron taillait la vigne et la chavait, puis venait le déchaussage en cuvette effectué à la pioche autour des souches.
De la mi-avril à la mi-mai se faisait l’échasselage au moyen d’échalas, des pieux de pin ou de peuplier d’une longueur de l,SOm appointés aux deux bouts. Si la vigne échappait à la gelée blanche, avec la pentecôte marquée par le pèlerinage de Laurie, la vigne verdoyait en sécurité.
A la mi-juin, les ceps étaient couverts d’une abondante feuillaison. Avait lieu alors le binage superficiel et l’accolage des rameaux aux échalas au moyen de paille ou d’osier.
En juillet les sarments étaient rognés à la hauteur de l’échalas et l’on procédait prudemment au sulfatage.
Quand le soleil de l’été faisait grossir le raisin, les vignerons commençaient à se préoccuper de la récolte et de l’approvisionnement en tonneaux. Les vendanges se faisaient durant 15 jours en Octobre.
On obtenait un petit vin rouge de 8 à 9 degrés. Les ceps utilisés étaient notamment le bacot, le coudert, le muscat...
En 1951, il ne restait plus que 10 hectares de vigne sur la commune d’Auriac l’Eglise.
Le frère Mizoule qui enseigna 30 ans à Auriac au 19ème siècle se plaisait à raconter la vie quotidienne par la poésie. Sa vision des vendanges sur les palhàs de la vallée de la Sianne prend ici la forme d’une allégorie saisissante à la mode d’un chantre rustique...mais c’était il y a plus de 120 ans.
"Sur les riants coteaux qui longent la vallée, la vigne, cette nuit, a senti la gelée. Le pampre jaunissant, sous les feux du soleil, aux yeux du voyageur montre son grain vermeil. La grappe est mûre à point.
Sans plus longtemps attendre, le lendemain, des cris, des chants se font entendre. La vendange commence. Aussitôt les enfants au milieu de la vigne accourent triomphants. Oh venez mes enfants, venez droit aux corbeilles, le raisin est meilleur que celui de nos treilles. Dans les ceps bien fournis, par l’effet du hasard, perdez-vous et courez du jeune homme au vieillard. Quand à vous vendangeurs, allons, vite, à l’ouvrage ! Bientôt le verre à la main, je serai de passage. Vous boirez un bon coup de ce vin généreux, qui rend l’âme contente et le corps vigoureux.
Ainsi le vigneron parle et commande en maître. Et la bande joyeuse à lui de se soumettre. A l’oeuvre elle se met ; elle chante, elle rie, elle compte déjà de ce jour le profit.
Mais au ciel le soleil monte et parcours l’espace.
Pour diner, dit le chef, préparons une place, tenez, sous ce pêcher asseyons-nous en rond. La
servante est là-bas dans le ravin profond. "Hé ! ma mie, arrivez ! lui crie un domestique, pressez, hâter le pas dans le sentier rustique.
Haletante, au coteau, monte pauvre Isabelle, mais les cris, les clameurs ne seront pas pour elle. Un garçon fort galant, et de tous le moins las, à la vaillante fille aide à ranger les plats. Les mets ont pour réchaud la chaleur de la terre, pour nappe la verdure et pour table une pierre. A ce dîner rustique, arrière les façons, chacun doit se servir comme au temps des moissons.
En ce grand jour de fête on dédaigne la soupe, un gigot bien roussi fait plaisir à la troupe, l’odeur du riz, du chou, de tous les plats enfin, redouble et presse encore sa dévorante faim. Dans ces joyeux repas, que de bonnes lippées ! Quels fameux coups de dents ! Quelles franches lampées !. Le travail au grand air à l’homme sait donner l’appétit que lui seul à l’art d’aiguillonner. Il apprend à chacun à boire à perdre haleine, le cidre de la gourde ou le vin tasse pleine.
« Tant mieux, tant mieux, mes gens, oh ! je ne vous plains rien, Je suis content de vous, buvez et mangez bien.
A ce copieux repas, pour reprendre l’ouvrage,
Oh buvez à longs traits l’ardeur et le courage. »
Et le maître en gaîté, par des contes joyeux,
Fait éclater les ris des jeunes et des vieux.
Mais à l’heure qu’il est, tout barbouillés de mûres, les enfants dans la vigne, aux grappes les plus mûres mordent à belles dents. Avec le raisin noir ils colorent leurs doigts d’un jus fait sans pressoir.
Le maître, le premier de la bande se lève :"Debout, amis, debout, au repos faisons trêve ! Allons, vite au travail ! fillettes et garçons,égayez le coteau par vos douces chansons. Quant à vous, hommes faits, vendangeurs intrépides, hâtez-vous, car, du jour les heures sont rapides,le beau temps, vous savez, s’achète au poids de l’or. De ma vigne, ce soir, enlevez le trésor. Aujourd’hui m’appartient ; demain n’est à personne. Profitons de ce jour, c’est Dieu qui nous le donne. Pour n’avoir pas saisi ces utiles leçons,
combien perdent, chaque an, vendanges et moissons.
Cependant le jour fuit, souriant à la tâche, enfants, femmes, vieillards travaillent sans relâche. Corbeilles et paniers s’emplissent à plaisir. Les grands boeufs du domaine, à pas lents vont venir. Conduits par Petit-jean, dans les cuves fumeuses, ils s’en iront porter les grappes écummeuses. Dans ces vases déjà bouillonne un noir levain. Bientôt, sous le pressoir, fermentera le vin.
Oui, le vin, et qui ne l’a chanté ! 0 ma lyre !A ton tour, exalte à jamais, non sans délire. Mais la force qu’il donne aux jeunes comme aux vieux. Force qui rend le corps et l’esprit plus joyeux.
0 toi, cher aux festins ! Virgile, Homère, Horace, ont dépeint ta vertu, tes plaisirs et ta grâce.Pour moi, chantre rustique, épris d’une autre ardeur, en toi, je ne louerai que la mâle vigueur. Qui nous fait triompher du danger qui nous presse, et qui donne aux vieillards santé, joie, allégresse. Par toi, le voyageur, un bâton à la main, parcourt, en te buvant, le reste du chemin. Le pèlerin encore, quand sa marche est trop lourde, s’arrête et prend courage en épuisant sa gourde. Enfin le vieux soldat qu’ont ruiné tant d’efforts, par toi se sent armé de l’audace des forts.
Mais c’est surtout le ciel, ce sont plutôt les anges qui du vin consacré redisent les louanges, qui chantent les splendeurs de l’office au saint lieu, au moment où ce vin devient le sang d’un Dieu.
Depuis plus de 60 ans on ne produit plus de vin provenant ses palhàs de la vallée de la Sianne. En 2001, une cave éphémère a été reconstituée dans une ancienne cave d’Auriac-Bas à l’occasion de la Foire des Palhàs du Pays de Massiac (Collection d’anciens outils Maryse Teulière).
Les outils des palhàs peuvent être classées selon leurs utilisations : la terre, la vigne et le raisin. Voici une liste d’outils non exhaustive, mais seulement les plus importants. Pour l’instant bien sûr.
La terre
– lo bocau, il était utilisé en majorité pour piocher la terre, c’était l’outil par excellence.
– le pic, sorte de pioche
– piochon, servait à piocher la terre
– la houe et la houe à taillant, ils étaient utilisés pour le labour
– fourche à déchausser, permettait d’aérer la terre autour des ceps de vigne.
La vigne
– la hotte, en clissa (fines lamelles de bois) servait à porter le raisin
– la pal à injecter, servait à injecter des produits de traitements directement dans le sol
– le sécateur, servait à couper les grappes lors de la vendange et à tailler les pieds
– la serpe, servait à se débarrasser tous les végétaux pouvant gêner la pousse de la vigne
– le couteau à greffer, servait à greffer des plants de vignes
– sabot plante échalas, servait à enfoncer les échalas par un simple mouvement de pied.
Le raisin
– le fouloir, servait à fouler le raisin dans la bachola
– la bachola, était le récipient dans lequel le raisin était écrasé
– lo broc et la dame jeanne, étaient des récipients pour contenir le vin
– le pressoir, était utilisé pour presser le raisin
– le coupe marc, était utilisé pour couper le marc une fois le raisin passé au pressoir.
Comme dans tout domaine où l’homme a transformé la nature, de nombreux mots viennent donner le sens aux constructions, aux formes, aux objectifs recherchés. Pour les terrasses de culture, les "palhàs" pour notre région, tous les mots ont leur importance. La plupart glissent lentement vers l’oubli.
Le mot terrasse, vocable « d’ingénieur », passé aujourd’hui dans le « français courant » désigne l’ensemble mur et banquette et tend à voir son sens étendu au paysage dans son ensemble, « il n’est cependant utilisé nulle part localement pour désigner les terrasses de culture, ce qui permet d’ailleurs de l’employer sans aucune réticence, puisqu’il ne constitue pas la généralisation abusive d’un terme local" selon les spécialistes.
Le mot palhàs écrit de cette façon est donc propre au pays de Massiac. En effet il existe plusieurs dizaines de mots en France désignant les terrasses agricoles (acol, anglada, bancal, barra, chambada, couolo ou encore laissa, plo, restanco), le terme le plus proche est pailhat provenant du Puy-de-Dôme.
Selon Christian Lassure le grand spécialiste en France de la pierre sèche, « ce terme aurait désigné la terrasse de vigne. Le sens véritable de pailhat nous est fourni par le dictionnaire de Lachiver : à la rubrique paillat (forme francisée de palhat),on apprend que dans l’Allier "on appelait vignes en paillats, les vignes conduites en berceau bas". Un pailhat/paillat n’est donc rien d’autre qu’une vigne cultivée sur un treillage en berceau. »
Les mots des murs
La planche est destinée à recevoir les cultures. On peut la caractériser par sa surface, sa largeur ou sa longueur et sa pente, ainsi que la régularité de cette dernière.
Le mur a pour caractéristiques principales sa hauteur, son matériau de construction, son fruit, son épaisseur et son appareil. La longueur de l’ouvrage importe assez peu pour sa construction.
Le fruit du mur correspond à l’angle formé entre le mur et la verticale. Exprimé en pourcentage, le fruit améliore la résistance de l’ouvrage à la poussée tout en limitant la masse du mur, et donc la quantité de pierres nécessaires à sa construction. Mais il ne doit pas être trop important, car cela diminuerait de beaucoup les surfaces de cultures. Généralement il varie entre 5 à 25%.
Le drain permet d’évacuer l’eau qui s’infiltre dans la planche. Il est constitué d’un massif de pierres de petites dimensions. La durée de vie d’un mur doit beaucoup à la qualité de son drain. En effet, en l’absence de drain, l’eau infiltrée et non évacuée ajoute une pression hydrostatique à la poussée du sol, créant une contrainte insupportable pour le mur
La culture qui est à l’origine de la construction de l’ensemble de terrasses est rarement celle qui est pratiquée aujourd’hui. Mais quelqu’elle soit la culture fait partie intégrante de la terrasse.
Le nom des pierres
Le vocabulaire des pierres est particulièrement intéressant pour le constructeur. Le fait de le connaître et de l’utiliser est une adhésion à certains principes de construction.
Les pierres de fondation sont grandes, solides et plates.
Les pierres de parement sont de taille moyenne et doivent présenter des faces supérieures et inférieures les plus plates possibles.
Les pierres de liaison ou boutisses assurent la cohésion du mur et celle du drain. Elles doivent être grandes et assez longues pour traverser le mur partiellement ou en entier.
Les pierres de couronnement ou de couverture coiffent le mur et l’empêche de se dégrader. Elles peuvent être posés à plat ou sur champ.
Les paneresses sont des pierres de grande taille dont le plus grand côté est placé en parement. Il s’agit de carreaux, situés en haut du mur, qui le protége des dégradations sommitales.
Les pierres de calages ou cales sont de petites dimensions et irrégulières. Elles servent à combler les vides et à caler les lits de pierres de plus grandes dimensions. Il ne faut pas les négliger, car bien utilisées elles améliorent la cohésion du mur. Leur bon ou mauvais usage est un indicateur du savoir faire et de la compétence du constructeur.
Les pierres de drain n’ont pas de caractéristiques exigées. Elles peuvent être constituées par les pierres impropres aux autres usages. Elles doivent cependant être empilées en lits réguliers, agencées et calées. Un bon drain présente une progression dans la dimension allant des plus grossières au plus fines.
Plusieurs phénomènes ont eu raison de l’exploitation des terrases sur les côtes de la vallée de la Sianne : la crise du phylloxéra, les deux guerres mondiales et l’exode rural. Ces phénomènes ont entraîné l’abandon de certaines pratiques agricoles et une réelle répercussion sur le paysage.
L’abandon des palhas dans la vallée de la Sianne s’est fait de deux manières de façon verticale et horizontale. En effet, la plupart des terrasses étaient disposées non loin des villages rapprochant ainsi ceux du fond de vallée entre eux, mais aussi ceux des plateaux. Les premières palhas à être délaissées dans le premier tiers du 20ème siècle furent donc en priorité les plus éloignées des habitations avec comme conséquence inéluctable l’enfrichement de ces terres et une fermeture du paysage.
Cette fermeture du paysage par l’installation de la forêt va entrainer un cloisonnement des villages du fond de vallée et des villages de plateaux. Les chemins qui reliaient les villages entre eux à travers les coteaux ont progressivement disparu depuis les années 1960 dans une végétation galopante due au manque de passage et l’abandon des servitudes communales en raison du manque de main d’oeuvre. Les nombreux chemins à flanc de montagne disparaissent au profit de celui du fond de vallée.
L’arrêt des cultures sur les palhàs du versant adret a entrainé une colonisation arbustive, impossible autrefois lorsque toutes les terres étaient cultivées, des boisements de pins sylvestres et de chênes pubescents qui vont peu a peu coloniser les terre cultivables. Dans un premier temps se souviennent les anciens ce fut les plus mauvaises terres ou les plus éloignées, puis au fil des années l’ensemble des palhas.
Aujourd’hui plus aucune terrasse de la vallée n’a résisté à la pression forestière et à l’abandon de la pratique de sylvo-pastoralisme. Le paysage s’est donc lentement fermé et les murs en pierres sèches, dont la plupart sont encore debout ont disparu sous les arbres. Sous cette végétation colonisatrice se cache désormais les traces de l’occupation viticole d’un petit territoire de la Haute-Auvergne.
De cette particularité des trois cultures, seule les terres des plateaux ont pu profiter des progrès de la mécanisation du monde agricole. Les anciens chemins d’exploitation qui avaient la particularité de s’insérer étroitement dans les méandres du parcellaire n’ont pas résisté aux élargissements rendus nécessaire par les machines agricoles, notamment les tracteurs, ainsi qu’a la modification des pratiques agricoles.
Le fond de vallée a vu l’élevage gagner du terrain, la culture des céréales disparaître au profit des plateaux aux parcelles beaucoup plus grandes. Les prairies de fauches vont définitivement s’installer après la coupe systématique de tous les pommiers afin de permettre une culture de l’herbe pour les ruminants. La prime à l’arrachage sera le coup de grâce dans les années 1960.
Admirablement bien exposée et bénéficiant d’une altitude moyenne entre 600 et 800 mètres, la populations ont tiré partie de tous les espaces disponibles dans la vallée de la Sianne pour assurer leur subsistance. Du fond de la vallée aux plateaux, de nombreuses cultures ont été mises en oeuvre au cours des derniers siècles.
Offrant un alignement Ouest-Est parfait, l’adret de la vallée de la Sianne est exposé plein sud avec quelques variations Sud-Sud-Est et Sud-Sud-Ouest. Les parcelles sur l’adret ont donc été couvertes de terrasses sur lesquelles a été essentiellement cultivée la vigne qui permettait d’obtenir un vin de 7 à 8 degrés et des arbres fruitiers. Les ceps utilisés étaient notamment le bacot, le coudert, le muscat et le 4 et 5 mille. En 1951, il ne restait plus que 10ha de vignes sur la commune d’Auriac-l’Eglise. (2)
En fond de vallée, on observait des vergers, des potagers, des champs de céréales et des prairies, dont le parcelaire en lainières plus ou moins fines s’orientait transversalement à la rivière de part et d’autre principalement sur la rive gauche. De ce fait, de nombreux ponts de tradition gallo-romaine ont été construits afin de pouvoir traverser la Sianne sans problème. (3)
Trois terroirs se sont ainsi côtoyés au fil des siècles, mais largement transformés désormais. Sur le versant adret le plus exposé au soleil, sur des pentes entre 30 et 50% la vigne fut installée vers le milieu du 19ème siècle comme en témoignent les plans cadastraux de 1840. Retour ligne manuel
Cette culture fut installée sur les terrains les plus pentus et aménagés en palhàs. Insérés dans les rangs, quelques pêchers étaient plantés en compléments. Mais l’emplacement des arbres fruitiers étaient très précis et prenait en compte un certains nombre d’exigences. Les pêchers étaient plantés en milieu de vigne, les pruniers et les cerisiers étaient disposés en bordure de palhàs afin d’éviter d’ombrager les ceps de vigne.
Outre la vigne, les palhas les plus proches des villages permettaient la culture du seigle jusque dans les années 1920. La paille servait à faire des paillassons ou des couvertures de ruches. Par contre, au dessus des palhàs, quand la roche affleurait et que le sol devenait impossible à travailler, des troupeaux de moutons paissaient les maigres terres et assuraient l’entretien de l’espace. Le fumier des moutons étaient mis en sac car il ne coule pas et monté à dos d’homme jusqu’aux pieds des vignes, de même que le fumier des pigeons, la colombine.
Dans le fond de vallée les terrains étaient consacrés à la production de fourrage et de pommes dans de grands prés-vergers. Les prés de la Vernède par exemple plantés d’environ 200 pommiers en contrebas du hameau de la Croze donnait en moyenne 8 à 10 tonnes de pommes par an, de la canada, de la pomme d’enfer et du calville blanc. Du côté de Chazelle se trouvaient deux variétés typiques de la vallée de la Sianne le pachiru, appelé ainsi car la pomme avait une pache, c’est-à-dire une joue rouge, et la pomme d’enfer, très savoureuse et de longue conservation.
Ces près étaient irrigués par des rases partant de pilières sur la Sianne. Le sol du fond de vallée composé d’une faible couche de terre arable surmontant un épais substrat de gravier a toujours été très sensible à la sécheresse, d’où l’irrigation à l’aide de rases. Ces techniques d’irrigation selon une codification d’usages locaux sont toujours utilisées. Mais le fond de vallée n’était pas cultivé intensément. Les vergers étaient disposés de façon très espacés pour permettre le fauchage du foin.
Quant à l’ubac, celui-ci comprenait des pacages, des prairies de fauche et des châtaigneraies dont le bois servait à la fabrication des échalas. Aujourd’hui cet espace se couvre d’une abondante végétation.
Le principal objectif des terrasses tait de gagner sur la montagne le maximum d’espace afin d’y développer la culture de la vigne malgré une zone de plantation entre 500 et 800 mètres d’altitude. A toutes les contraintes naturelles et climatiques les générations d’habitants ont trouvé des solutions.
L’enterrassement de tout un versant de la Vallée de la Sianne a donné des résultats particulièrement fonctionnels. Tout a contribué à l’époque à faire des palhàs une réussite architecturale rationnelle et une activité de subsistance tout a fait honorable.
Les terrains cultivables obtenus étaient pratiquement horizontaux, les terres n’étaient pas entraînées lors des orages. La terre retenue par les murets maintenait l’humidité et l’effet d’abri obtenu était renforcé par la restitution de la chaleur emmagasinée pendant les chaudes heures d’ensoleillement.
Les murets en pierres sèches du 19ème siècle, la plupart encore debout, ne sont pas très hauts, l,5Om à 2m en moyenne, 0,50 m sur certains terrains en pente douce. Au plus bas des parcelles, les murailles sont d’une qualité d’exécution supérieure. La largueur de la plate bande cultivable est liée en fonction de l’inclinaison de la pente : trois mètres près du fond de vallée à plus de dix mètres vers les hauteurs.
Pour augmenter la solidité, les murets étaient légèrement inclinés vers l’intérieur. De nombreux murs étaient surmontés de grosses pierres plates alignées verticalement les unes derrières les autres formant ainsi une sorte de garde-corps visuel matérialisant la limite du vide.
PATRIMOINE
L’eau
Les moulins de la vallée de la Sianne
Les passerelles primitives sur la Sianne
Les moulins de communautés villageoises
Le pays
Les Activités
L’estive sur le Cézallier Cantalien
Vie agricole : le temps des moissons (3)
L’usage du feu dans la maison traditionnelle
Le Bâti
Les symboles sur le bâti ancien
Les petits bâtiments d’élevage
Les toitures du Cézallier cantalien